Publicité

Maintenant, Joe Biden doit jouer très serré

Joe Biden prépare son accession à la Maison-Blanche en tentant de composer une équipe susceptible de réconcilier une Amérique divisée. ©Photo News

Le très centriste Joe Biden doit composer une équipe qui tienne compte de la mouvance de gauche du parti démocrate. Il doit aussi entrer dans les grâces des républicains qui n'ont pas encore perdu le Sénat.

Le prochain président des États-Unis a déjà dévoilé les membres de son comité consultatif qui doit préparer un plan pour sortir le pays de la crise sanitaire et économique. Ce comité réunit des experts reconnus et des anciens de l'administration de Barack Obama, dont le "lanceur d'alerte" Rick Bright, un ancien responsable de l'agence gouvernementale chargée de développer les traitements et vaccins contre le nouveau coronavirus qui avait été mis au placard.

Joe Biden a aussi mis en ligne le site BuildBackBetter.com sur lequel il annonce ses priorités: combat contre la pandémie, reconstruction économique, justice raciale et lutte contre le réchauffement climatique. Bref, il est déjà au travail alors que l'agenda du président en exercice, Donald Trump, reste vide depuis une semaine.

Publicité

Un jeu très serré

Joe Biden a été félicité pour son "apparente victoire" par la sénatrice républicaine Susan Collins, une élue plutôt centriste qui pourrait devenir un personnage-clé pour le vote de réformes. Le président élu va en effet devoir composer avec l'eau et le feu.

"Biden doit jouer serré: il ne peut pas lâcher l 'aile gauche de son parti et doit faire en sorte que les auditions au Sénat se déroulent bien."

Michel Liégeois
Professeur de sciences politiques à l'UCLouvain

"Rappelez-vous que Bernie Sanders était bien placé pour obtenir l'investiture", souligne Michel Liégeois, professeur à l'Institut de sciences politiques de l'UCLouvain. "Biden a dû donner des garanties à l'aile progressiste. Aujourd'hui, il ne peut pas renier cela en faisant de la politique avec un positionnement personnel, plus centriste. Il va devoir tenir compte de cela tant dans le contenu de sa politique que pour les nominations."

Publicité

Un manager de la crise sanitaire

Pour les postes élevés, tels que celui de secrétaire d'État, la nomination doit passer par l'approbation du Sénat, où les démocrates ne sont pas sûrs d'avoir la majorité. En effet, le contrôle de la chambre haute du Congrès se jouera le 5 janvier lors d'une double-élection partielle dans l'État conservateur de Géorgie.

L'enjeu est gros. Deux sièges y sont en jeu, qui pourraient faire basculer la majorité du côté démocrate au Sénat. Sinon... "Des personnalités fort marquées à gauche prêteraient le flanc à la critique dans le camp républicain. Biden doit jouer serré: il ne peut pas lâcher l'aile gauche de son parti et doit faire en sorte que les auditions au Sénat se déroulent bien", résume Michel Liégeois.

"La personne qui sera chargée de la gestion de la crise du Covid devra surtout avoir des capacités managériales et de communication."

Michel Liégeois

De plus, aucune loi ne peut être adoptée sans la chambre haute. Biden va donc devoir placer intelligemment ses pions. "Pour nommer un secrétaire à la Santé, ce n'est pas un problème de choisir une personnalité plutôt progressiste parce que la personne qui sera chargée de la gestion de la crise du Covid devra surtout avoir des capacités managériales et de communication", glisse le professeur de l'UCLouvain.

Choisir un républicain?

En matière de politique étrangère, le jeu est plus compliqué. "Plusieurs noms circulent, avec des positionnements différents, certains de l'aile droite, d'autres plus centristes", signale Michel Liégeois. On parle même de Chris Murphy, positionné à gauche, qui veut limiter les dépenses militaires et diminuer les ventes d'armes à l'Arabie saoudite.

Il n'est pas exclu que Joe Biden nomme un républicain à ce poste, comme Barack Obama avait gardé le secrétaire à la Défense de Georges W. Bush, Robert Gates. Inclure des personnalités républicaines permettrait à Joe Biden de donner du corps à la stratégie de rassemblement qu'il a prônée dans la foulée de l'annonce de sa victoire, face à une Amérique fracturée.

Un nom revient ainsi ces derniers jours, celui de Mitt Romney, candidat malheureux des républicains face à Obama lors de la présidentielle de 2012 et l'un des opposants de son parti les plus fermes face à Trump...

Publicité