Scrutin européen: Geert Wilders pénalisé aux Pays-Bas
Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont ouvert le bal des élections européennes jeudi. À la sortie des urnes, les Néerlandais ont été sondés et on sait déjà que le populiste Geert Wilders a essuyé un cuisant échec.
Selon un sondage à la sortie des bureaux de vote réalisé par Ipsos et publié par la télévision publique néerlandaise NOS, le parti de Geert Wilders (PVV) n'est crédité que de 12,2% des voix, contre 17% cinq ans plus tôt. Cela se traduit par trois sièges au Parlement, contre cinq en 2009.
Les centristes (15,6%) et les chrétiens-démocrates (15,2%), crédités de quatre sièges chacun, termineraient en tête du scrutin aux Pays-Bas, selon la même source. Les Pays-Bas peuvent élire 26 députés européens.
Score décevant donc pour le parti de Geert Wilders qui ne devrait toutefois pas entraver outre mesure la percée eurosceptique à l'échelle européenne, notamment en France et au Royaume-Uni.
Montée de l'eurosceptisme
Alors que l'Union européenne se remet péniblement de la récente crise de l'euro, quelque 400 millions d'électeurs sont appelés à désigner pour cinq ans les 751 députés du Parlement européen.
Avec 26 millions de chômeurs dans l'UE, la rhétorique anti-immigration et anti-UE des populistes devrait faire mouche : les eurosceptiques pourraient tripler leur nombre de députés pour atteindre 100 sièges.
"Les sondages sortie des urnes sont décevants", a reconnu Geert Wilders, s'adressant à ses partisans, la mine sombre, rassemblés dans un bar de la banlieue balnéaire de La Haye.
Il a notamment regretté le faible taux de participation (37%), qui l'a sans nul doute pénalisé. "Il y en a deux ou trois qui sont restés à la maison", a-t-il ironisé.
Les analystes avaient prédit que Geert Wilders pourrait souffrir de l'apathie de ses électeurs traditionnels, peu enclins à aller voter pour des européennes qui ne déchaînent pas les passions aux Pays-Bas.
En bref
Geert Wilders a conclu une alliance avec le Front National français de Marine Le Pen et il espère rallier d'autres mouvements eurosceptiques après les élections pour former un groupe parlementaire de poids.
"Le PVV va continuer la lutte à Bruxelles et nous allons dès demain chercher à collaborer avec d'autres partis européens", a déclaré Geert Wilders.
L’Ukip vainqueur au Royaume-Uni ?
Au Royaume-Uni, le Ukip de Nigel Farage fait figure de favori. Les électeurs britanniques doivent élire 73 députés, et, contrairement aux Pays-Bas, aucun sondage réalisé à la sortie des urnes ne sera publié.
"Comment peut-on faire venir plus de gens alors qu'il n'y a pas assez d'emplois pour les Britanniques?", s'indigne James Donaghy, 66 ans, auprès de l'AFP, alors qu'il vote Ukip à Sevenoaks, dans le sud-est de l'Angleterre.
Des chiffres officiels diffusés jeudi et montrant une hausse de 27% de l'immigration européenne au Royaume-Uni sont tombés à point nommé pour Nigel Farage : "On ne peut pas continuer avec des chiffres pareils!"
Express
Si l'Ukip n'a pour l'instant aucun député à la Chambre des communes, ce parti anti-establishment représente un réel danger pour le Premier ministre David Cameron, dont il grignote l'électorat. Accentuant de ce fait la pression eurosceptique sur M. Cameron, qui s'est engagé à organiser un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE d'ici la fin 2017 s'il était réélu.
Outre les conservateurs, qui risquent de perdre des sièges au Parlement européen, ces élections pourraient aussi se solder par une lourde défaite de leurs partenaires europhiles libéraux-démocrates, selon les experts de la London School of Economics (LSE).
Nigel Farage, qui s'efforce tant bien que mal de démentir les accusations de racisme portées à l'encontre de son parti, a exclu de faire alliance au sein d'un groupe parlementaire avec le Front national de la Française Marine Le Pen qu'il dénonce comme un parti "antisémite".
Taux d'abstention record attendus
Des taux d'abstention records sont attendus pour ces élections européennes, qui se poursuivront vendredi en République tchèque et en Irlande, samedi en Lettonie, à Malte et en Slovaquie, et s'achèvent dimanche dans les 21 autres pays de l'UE.
L'abstention, qui n'a cessé d'augmenter depuis 1979, était de 57% au dernier scrutin en 2009.
Selon une enquête présentée jeudi, près de la moitié des Espagnols estiment que les élections au Parlement européen "ne sont pas importantes".
Le site PollWatch, qui compile les sondages effectués dans les 28 pays de l'UE, crédite le groupe de la droite conservatrice et du centre-droit d'une courte avance, avec 217 élus contre 201 pour les Socialistes.
Même si les Européens ne votent pas le même jour dans les différents pays de l'UE, les résultats seront cependant connus en même temps dans tous les pays membres, c’est-à-dire à la fermeture des derniers bureaux de vote en Italie, soit dimanche à 21H00 GMT.