Le groupe W de Largo Winch entame une réflexion sur sa structure
Largo Winch se dévoile dans L'Echo. Sa structure, W, premier groupe diversifié privé, publie ses résultats complets pour la première fois et entame une réflexion sur sa structure et le millier de sociétés qu’il contrôle. Pas de commentaire, par contre, sur la localisation fiscale du groupe.
Largo Winch, "le milliardaire en jeans" sort de son silence médiatique coutumier. Il s’exprime sur l’évolution du conglomérat qu’il dirige et lève un coin du voile sur ses prochaines "aventures" économiques et financières. --> Retrouvez notre enquête dans L'Echo.
C’est une première en près de 130 ans d’existence, le groupe W, l’un des plus gros conglomérats privés au monde, publie ses résultats annuels à la manière d’un groupe coté. Mais Largo Winch avertit d’entrée de jeu: "N’y voyez pas les prémices d’une introduction en Bourse du groupe, ni même d’une de ses parties. La réponse à cette question est non et restera non!"
La raison de cette ouverture est ailleurs. "Cela fait partie de l’éthique que doit adopter un groupe industriel de cette taille. Avec plus de 488.000 employés dans le monde, nous avons une responsabilité sociétale. Et la transparence doit faire partie de cette responsabilité, que l’on soit coté en Bourse ou pas", affirme encore Winch, avant de passer la parole à Dwight Cochrane, le numéro 2 du groupe pour la présentation des résultats proprement dit.
Actif dans 54 pays, le groupe W affiche un chiffre d’affaires de 59,3 milliards de dollars pour un bénéfice net de 5,175 milliards de dollars, en progression de 6,5%. Même si le groupe W puise ses origines dans le pétrole de l’Oklahoma, c’est la division bancaire qui pèse aujourd’hui le plus lourd dans les revenus du groupe. Les institutions financières avaient accusé le coup de la crise de 2008-2010, mais elles se sont plutôt bien remises depuis. Actifs essentiellement dans le corporate financing, la gestion d’actifs et le crédit, ces établissements affichent un bénéfice qui dépasse le milliard de dollars.
Le groupe W a assis sa stature dans le secteur de la distribution par le rachat de la Fenico dans les années 90 au terme d’une rocambolesque offre publique d’achat. Les supermarchés Jet de l’époque avaient été reformatés en hard discounters. Un positionnement qui continue à payer. En Europe, la branche poursuit son expansion par l’ouverture et l’acquisition de points de vente de proximité.
"La réflexion est entamée et elle devra se traduire par la transformation ou l’abandon de certaines activités."
Branche historique du groupe, le pétrole ne représente plus aujourd’hui que 12% des revenus et un peu plus de 6% de ses bénéfices nets. Comme le dit Cochrane sans fausse modestie, "nous ne sommes qu’un petit poucet du secteur". Mais la stratégie de distribution en synergie avec les magasins du groupe porte ses fruits.
Edition | les premières planches de "l’étoile du matin"
"Une rencontre avec Largo Winch après la publication des résultats de son groupe?" Quand la chargée de communication du Groupe W nous a fait cette proposition, on a d’abord cru à une plaisanterie. Mais il n’en est rien. Nous avons donc rencontré le patron d’un des plus grands groupes privés au monde.
En partenariat avec les Editions Dupuis, L’Echo dévoilera dès le samedi 30 septembre les premières planches de "L’Etoile du Matin", le 21e album de la série Largo Winch.
Egalement largement héritée de la Fenico, la division Sport et Divertissements affiche une belle rentabilité. Ce que n’a pas manqué de faire remarquer, son patron, le bouillant Gus Fenimore. Une rentabilité comparable à celle des TV et radios du groupe, qui table d’ailleurs sur de plus en plus de synergies avec Sport et Divertissement et la presse, toujours en difficulté.
En termes de revenus, les mines font jeu égal avec l’aérien. En termes de progression par contre, les activités minières et métallurgiques patinent légèrement, menacées par la concurrence chinoise. À l’inverse, l’aérien progresse très correctement grâce notamment à la compagnie low cost régionale Southline.
Mais le point noir du groupe c’est la division aéronautique. La branche ne s’est jamais vraiment remise de l’échec d’un rapprochement avec un groupe chinois au début de la décennie. Depuis, elle table sur le développement d’un nouvel appareil à hélices à décollage vertical qui arrive à son terme mais qui a coûté son pesant d’or.
À noter que depuis l’échec de ces négociations avec un partenaire chinois, le groupe W est toujours persona non grata dans l’Empire du Milieu. Ce qui ne manque pas de handicaper le développement mondial du groupe. "Croyez bien que je le regrette, mais ce n’est pas mon fait. Je ne fais que me plier à cette décision", affirme laconiquement Winch.
Réorganisation
"La photographie de ce groupe, c’est la première fois que vous la voyez en détail, mais c’est aussi sans doute la dernière. Sous cette forme en tout cas", précise en conclusion Winch. "Le groupe W est à la veille d’une profonde restructuration. La réflexion est entamée et elle devra se traduire par la transformation ou l’abandon de certaines activités", explique Winch sans entrer dans les détails.
"Mais l’un des principaux axes de notre réflexion est l’avenir de l’emploi dans toutes nos divisions. Quelle que soit la solution adoptée, nous serons attentifs à son impact social." Et de rappeler que le Groupe W dispose de son service d’outplacement, présent dans tous les pays où il est actif et dans lequel il a investi près de 850 millions de dollars. "Cette politique nous a permis de faire tomber le taux de chômage interne au Groupe à 3,5%", se félicite Winch.
Mais ces belles paroles n’ont pas empêché Winch de se voir pressé de questions sur la localisation de la holding de tête du groupe au Lichtenstein, via la Zukunft Anstalt. "Cette structure a été héritée de Nerio Winch, mon père. Elle a pour but essentiel de protéger un groupe de plus de 1.000 entreprises. Pour l’instant, je m’en tiendrai à cette réponse", réplique Winch. Un peu court peut-être pour ses détracteurs…
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