Publicité
analyse

GSK reste de loin le principal employeur privé de Wallonie

©REUTERS

GSK (pharma), Quality Meat Renmans (commerce de viande) et Ores (opérateur de réseaux d’énergie) sont les trois premiers employeurs du secteur marchand ayant leur siège en Wallonie.

Le groupe pharma GSK est, de loin, le premier employeur de Wallonie dans le secteur marchand. Avec 8.743 équivalents temps plein (ETP), intérimaires inclus, il compte quelque 6.300 emplois de plus que son premier challenger, le réseau de boucheries Quality Meat Renmans (2.416 ETP, voir le tableau ci-dessous), selon les derniers classements établis par le Centre de recherche et d’information socio-politiques (Crisp) dans son étude sur l’actionnariat des entreprises wallonnes (rapport 2017 et ébauche 2018). Le gestionnaire de réseau électrique et de gaz Ores talonne Renmans (2.347 ETP). Il est suivi par la société de nettoyage Laurenty et deux groupes de grande distribution, Cora et Mestdagh.

Dans le Top 20, on recense douze entreprises détenues par des actionnaires belges et huit étrangères, ou encore quatorze entreprises purement privées et six contrôlées par les pouvoirs publics (dont une, Safran Aero Boosters, par l’État français). Du côté sectoriel, le panorama est fort diversifié: tout au plus identifie-t-on trois sociétés émanant de la distribution (Cora, Mestdagh et Match), trois autres de la finance (Swift, Ethias et Mastercard Europe), deux de l’aéronautique (Sonaca et Safran), deux du nettoyage (Laurenty et Trixxo Wallonie) et deux de l’agro-alimentaire au sens large (Renmans et Lutosa).

Publicité

Grands absents

Box Wallonie
La Wallonie entreprend

Vous entreprenez? Vous avez des idées pour faire bouger les lignes? Rejoignez la communauté des entrepreneurs:

La newsletter hebdomadaire

- Le groupe LinkedIn

Découvrez aussi notre site dédié aux chefs d'entreprise wallons et l'ensemble de nos articles.

Il y a quelques absents de marque dans ce topo. Citons les ailes wallonnes des grandes entreprises (semi) publiques Proximus, bpost, SNCB et Infrabel, le groupe Publifin-Nethys, ou encore les carriers Carmeuse et Lhoist. Cela s’explique par le choix méthodologique effectué par les chercheurs du Crisp: ce tableau ne reprend que les principales entreprises dont le siège social est établi en Wallonie. Exit dès lors les Proximus et autres bpost. Idem pour les principaux acteurs belges dont le siège se trouve à Bruxelles ou en Flandre: AB InBev, Electrabel (Engie), Colruyt ou Ahold Delhaize sont bien présents au sud du pays, mais ne diffusent pas d’information spécifique sur les ressources humaines qu’ils y mobilisent…

Le bilan ne reprend aussi que les sociétés individuelles, pas les groupes consolidés. Ce qui réduit le total de l’emploi pertinent pour les entités faisant partie de groupes éclatés en de nombreuses sociétés. Bien que basée à Liège, CMI Défense, par exemple, n’est pas consolidée avec CMI Industry ou CMI Energy. Des groupes comme Carmeuse et Lhoist emploient par ailleurs beaucoup de personnel dans leurs activités à l’étranger. Enfin, le tableau exclut les associations, organismes de droit public et intercommunales. Publifin, qui renseigne 988 emplois, n’est pas inclus puisqu’il s’agit d’une intercommunale, tandis que la société Nethys, elle, n’emploie qu’un peu moins de 400 personnes. Même remarque pour le Centre hospitalier universitaire de Mons Borinage, qui emploie plus de 1.600 personnes: il présente une structure d’intercommunale.

Caterpillar a disparu

La Belgique et ses emplois vacants

Alors que le taux d'emplois vacants est de 2,1% dans la zone euro au deuxième trimestre 2018, la Belgique est la plus mauvaise du classement avec une proportion de 3,5%, suivie des Pays-Bas (3,1%) et de l'Allemagne (2,9%), rapporte lundi l'Office européen des statistiques Eurostat.

Dans l'Union européenne, seule la République tchèque fait pire avec 5,4%.

 En matière de secteur, le taux d'emplois vacants de la zone euro s'est établi à 1,9% dans le secteur de l'industrie et de la construction et à 2,4% dans celui des services. 

 

D’une année à l’autre, on enregistre quelques évolutions notables. La plus évidente est celle qui renvoie à Caterpillar. Le constructeur américain d’engins de génie civil a fermé son usine de Gosselies en 2016. La procédure de licenciement collectif a été clôturée au début 2017. Alors que sa filiale wallonne se classait encore au 13e rang des principaux employeurs wallons au début de l’année 2016 avec 1.554 emplois, elle a disparu du tableau suite à cette fermeture.

Dans l’autre sens, les plus grosses progressions de 2016 à 2017 sont le fait de Trixxo Wallonie (+ 763 emplois à 1.274), qui a racheté la société Clixxs l’an dernier, de GSK, qui a augmenté son effectif de 247 personnes, confirmant – si besoin était – son extraordinaire appétit pour l’emploi wallon, et du géant américain des échanges de données financières Swift, qui a accru son payroll lahulpois de 107 personnes (à 1.963). À signaler aussi, le groupe pharma américain Baxter, qui frappe à la porte du Top 20 après avoir augmenté ses staffs à Lessines de 150 personnes pour les porter à 916 unités.

Concentration et dépendance

Globalement, les derniers chiffres disponibles collectés par le Crisp confirment les deux tendances de fond qu’il avait déjà épinglées auparavant: le mouvement de concentration de l’économie wallonne aux mains d’un petit nombre d’entreprises se poursuit, de même que celui d’une dépendance croissante de nos entreprises vis-à-vis de groupes ou d’actionnaires étrangers.

Publicité

De 2015 à 2017, ces deux évolutions n’ont pas subi d’énormes variations, certes, mais elles ont bel et bien continué à produire leurs effets. "Les 921 employeurs les plus importants présents en Wallonie représentent 50% de l’emploi privé de la région", relèvent ses chercheurs dans leurs conclusions. "La concentration est particulièrement forte dans le secteur financier, dans celui des services aux entreprises, dans la logistique et dans le secteur de l’information", précisent-ils.

Le poids des étrangers

"Les récentes annonces des grands investisseurs chinois renforceront encore la tendance à la concentration."

david van den abbeel
coordinateur Économie, Crisp

Le Crisp a, du coup, jeté un nouveau coup d’œil sur l’actionnariat des entreprises actives en Wallonie selon le crible des nationalités. Résultat des courses, derrière les Belges, les Français sont les principaux actionnaires en termes de nombre d’emplois, devant les Néerlandais, les Américains, les Luxembourgeois et les Britanniques. Un Top 5 qui n’a pas beaucoup évolué dans le temps, soit dit en passant.

On s’attendait à voir apparaître les Chinois dans le Top 10; il n’en est (encore) rien. On arrive à la même conclusion quand on délaisse la notion d’actionnariat pour privilégier celle de groupe (belge ou étranger). Si l’on se limite aux entreprises établies en Wallonie, on voit que la France mène à nouveau le bal en termes d’emplois (30.680 ETP), devant les Etats-Unis (20.535), le Royaume-Uni (17.263), le Grand-Duché (10.356) et les Pays-Bas (9.778).

Le potentiel chinois

La Chine est devancée à la fois par le Japon et par l’Inde. "Les récentes annonces des grands investisseurs et employeurs chinois renforceront encore la tendance à la concentration, observe David Van Den Abbeel, coordinateur du secteur Économie au Crisp. Mais pour l’instant, la présence chinoise en Wallonie demeure modeste. On a certes enregistré le lancement de la compagnie aérienne Air Belgium avec liaisons entre Charleroi et Hong-Kong, ainsi que celui du projet d’incubateur chinois à Louvain-la-Neuve, mais le reste des annonces n’a pas encore été concrétisé."

On songe entre autres à l’arrivée du géant Alibaba à Liege Airport et à l’éventuel débarquement du constructeur automobile chinois Thunder Power sur le site Caterpillar de Gosselies. Si ces développements se concrétisent, on verra la Chine grimper dans les classements. "Alors qu’en Flandre, ils sont présents dans l’économie depuis l’arrivée de l’armateur Cosco au port d’Anvers dans les années soixante…", ajoute David Van Den Abbeel.

Un écart Flandre-Wallonie à méditer. De même qu’on méditera cette autre conclusion de l’étude: "Ces emplois associés à des groupes d’entreprises étrangers sont plus susceptibles de se transformer en licenciements collectifs en cas de nouvelle crise économique ou de mauvais résultats nationaux." On l’oublie parfois, mais c’est ce qui fait toute la différence avec l’ancrage local. Comme on l’a expérimenté naguère en Flandre avec Opel Anvers, Ford Genk ou Renault Vilvorde, et l’an dernier avec Caterpillar Gosselies…

©Mediafin

Publicité
Benoit Carlier, Alexandre Faletta et François Lecocq.
Les Bruxellois de DigiTribe poursuivent leur croissance effrénée avec l'industrie dans le viseur
À l'ombre du Big Four, le groupe informatique DigiTribe a convaincu le secteur financier pour sa transformation numérique. C'est désormais vers l'industrie qu'il se tourne pour être le nouveau moteur de sa croissance.