Les probiotiques de Vésale Pharma bientôt dans les officines américaines
La PME wallonne a créé une coentreprise outre-Atlantique pour y distribuer ses produits. Un exemple de la pertinence du partenariat lancé il y a dix ans entre l’Awex et l’université Texas A&M.
Vésale Pharma voit le marché américain s’ouvrir à elle: la biotech wallonne spécialisée dans le développement et la production de probiotiques a annoncé ce jeudi aux USA la mise sur pied d’une coentreprise au Texas, appelée Progoes LLC. La nouvelle société, dans laquelle Vésale détient 26% des parts, sera chargée de la promotion et de la commercialisation des produits de la biotech namuroise sur tout le territoire des Etats-Unis.
Vésale Pharma
- 46 personnes
Selon les derniers chiffres, Vésale emploie 46 personnes, un nombre en constante évolution. Le CEO, Jehan Liénart indique qu’il engage "une personne par mois".
- 6,5 millions de chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires est lui aussi en augmentation régulière. L’entreprise est en "petit bénéfice", selon Jehan Liénart.
Les probiotiques sont des micro-organismes présents principalement dans la flore intestinale, qui apportent un effet bénéfique sur la santé. Ils sont de plus en plus prisés, notamment aux Etats-Unis, où ils trônent en bonne place dans les rayons des pharmacies et parapharmacies. Au niveau mondial, ils représentent un marché en forte croissance qui devrait atteindre 50 milliards de dollars en 2020 et 100 milliards en 2030. Ils ne sont soumis à aucune régulation, mais font l’objet d’une littérature scientifique de plus en plus abondante.
Progoes espère capter une partie de ce marché aux USA "grâce à la technologie de micro-encapsulation de Vésale, qui améliore l’efficacité des probiotiques, mais aussi en s’appuyant sur les nouvelles recherches académiques", explique David Morgan, le président de la nouvelle coentreprise. Ce procédé breveté, appelé Intelicaps, "permet aux bactéries de résister aux agressions gastriques et pancréatiques durant leur transfert vers le côlon" détaille de son côté Jehan Liénart, le CEO de Vésale. C’est avec ce genre de technologie que Vésale entend faire la différence avec les producteurs "opportunistes", qui commercialisent tout et n’importe quoi en prêtant à leurs produits des bénéfices non démontrés.
La mise sur le marché américain des premiers produits de Vésale est attendue pour début 2019. Pour prendre pied aux Etats-Unis, Jehan Liénart a pris notamment comme partenaires l’AGGIES Fund, un fonds d’investissement créé par d’anciens diplômés de la Texas Agricultural & Mechanics University (A&M) ainsi que le Maroon Fund, un "Angel Investment Fund" dirigé par une équipe d’étudiants de l’université texane. Le CEO de Progoes est James Lancaster, un multi-entrepreneur, fondateur entre autres d’un fonds d’investissement (Innovate Angel Funds LLC) et d’un incubateur.
Texas A&M, la tête de pont
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Texas A&M est une grosse université (70.000 étudiants) étalée sur un énorme campus à College Station, à deux heures de route de Houston, dans le comté de Brazos. Elle est réputée pour son expertise dans les biotechnologies, l’agronomie et l’ingénierie. Son budget de recherche (900 millions de dollars par an) en fait l’un des plus importants pôles de R&D des Etats-Unis. Depuis dix ans, l’Agence wallonne pour l’exportation (Awex) a fait de ce pôle universitaire une tête de pont pour les PME wallonnes désireuses de déployer leur savoir-faire sur le marché américain.
Chaque année, une dizaine de start-ups font ainsi le déplacement dans cette région à la croissance impressionnante pour y chercher de l’expertise, bénéficier d’un incubateur et d’un réseau d’excellence ou encore trouver des partenaires. Vésale avait signé lors de la précédente mission un accord de partenariat avec l’université texane pour approfondir les recherches sur les probiotiques et acquérir ainsi une caution scientifique pour faciliter la commercialisation de sa technologie aux Etats-Unis.
Existant sous sa forme actuelle depuis onze ans, l’entreprise de Jehan Liénart, dont le QG est à Noville s/Mehaigne, est en plein déploiement. Elle a investi plus de 2 millions dans une nouvelle unité à Hannut, qui prendra le relais du site de Ghlin. La biotech avait signé en 2017 un contrat de distribution en Inde pour quatre de ses principaux produits. Selon Jehan Liénart, le deal américain, beaucoup plus ambitieux, prévoit que Progoes "ne distribuera exclusivement que les produits Vésale pendant un certain temps. Il instaure aussi une minorité de blocage" qui empêchera que la maison-mère belge ne perde le contrôle de sa joint-venture.
La start-up liégeoise Dim3, spécialisée dans la médecine connectée, a annoncé que sa plateforme d’aide à la décision médicale en matière de nutrition allait être testée dans un hôpital de Bryan, la ville qui jouxte College Station au Texas. Elle a pour cela bénéficié du partenariat entre l’Awex et l’université Texas A&M, ainsi que du réseau d’innovation (Owin) développé par l’agence wallonne
Fondée en 2014, Dim3 a mis au point une plateforme d’aide à la décision médicale, appelée Nutrow, qui permet un suivi en temps réel de l’état nutritionnel d’un patient admis en soins intensifs. Le logiciel est couplé à un petit dispositif de transmission de données des pompes d’alimentations appelé Feedim. L’ensemble a été développé à partir de l’expérience de nutritionnistes en milieu hospitalier, en l’occurrence principalement le CHU de Liège, où l’équipement final a déjà été testé, ce qui lui a permis d’obtenir un marquage UE.
Caution américaine
La medtech liégoise cherchait en parallèle à obtenir une caution américaine. C’est l’hôpital St Joseph de Bryan qui va lui fournir. Celui-ci va valider sur le terrain (une salle de soins intensifs de 18 lits) l’utilisation de la plateforme et étudier son impact en termes économiques et de santé via une étude clinique qui devrait durer entre 12 et 15 mois. Cet hôpital est membre du réseau américain d’hôpitaux catholiques répertoriant 15 hôpitaux et 45 polycliniques au Texas. "Il peut nous ouvrir la porte de son réseau, ce qui nous permettra ensuite de nous étendre éventuellement à d’autres réseaux" se réjouit Jean-Claude Havaux, CEO et fondateur de Dim3, qui précise avoir déjà eu d’"excellents retours" de la part des infirmières ayant testé le système.
Des études ont montré que les patients admis en soins intensifs ne reçoivent qu’entre 50 et 60% des quantités d’aliments artificiels prescrites. Cela a un impact considérable sur leur convalescence et la durée de séjour. Les coûts annuels liés à la dénutrition clinique en Europe représenteraient quelque 170 milliards d’euros.
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