L'héritier des Bic reprend la plume
Bic revient dans le giron familial. Bruno Bich, 69 ans, l’un des fils du Baron Bich, fondateur du groupe en 1950, revient seul aux commandes du fabricant de stylos, rasoirs et briquets jetables.
Président du conseil d’administration du groupe Bic, Bruno Bich a été nommé PDG en attendant la désignation d’un nouveau directeur général. "Une de ses missions sera de poursuivre la préparation d’un successeur dans les fonctions de directeur général", a souligné le groupe dans un communiqué hier.
En 2006, Bruno Bich avait cédé les rênes opérationnelles du champion mondial des produits d’écriture à Mario Guevara et à son frère François Bich, directeur général délégué.
Si son frère prend tout bonnement sa retraite, Mario Guevara, 56 ans, a précisé "souhaiter partir en retraite pour des raisons personnelles", a précisé Sophie Palliez-Capian, la directrice des relations investisseurs du groupe.
Le Bic selon Eco
"Né volontairement laid et devenu beau parce que pratique, économique, indestructible, organique, le Bic Cristal est l’unique exemple du socialisme réalisé. Il annule tout droit à la propriété et toute distinction sociale." C’est ainsi qu’Umberto Eco, sociologue et écrivain, présente l’emblématique Bic Cristal.
Bruno Bich crée avec ses amis de chasse, Claude Bébéar et Martin Bouygues, le Management Institute of Paris, une école de commerce où la culture générale et l’histoire de l’art sont enseignées au même titre que la gestion et l’anglais des affaires. Chaque étudiant doit aussi faire du bénévolat, comme donner des cours de maths en prison. Une manière de développer l’esprit de groupe des futurs dirigeants.
Un Bic, sinon rien!
Prenez garde à ne pas écrire avec le stylo d’un concurrent devant Bruno Bich! Vous risquez de vous le voir confisquer et de recevoir un Bic en échange. "De toute façon, leur longueur d’écriture ne dépasse pas 700 mètres d’écriture tandis que le Bic Cristal va jusqu’à 3 kilomètres!", aime à raconter le PDG du groupe.
Ce double départ n’a pas plu aux marchés. Le titre a dévissé hier de 13% avant de clôturer en recul de 8,02% à 129 euros à Paris.
Il signe la reprise en mains de la stratégie du groupe par son ancien homme fort, l’héritier désigné de la dynastie Bich, Bruno Bich. Sous son impulsion, Bic a réussi à se développer et même à se diversifier.
Une main de fer
Bruno Bich est l’un des onze enfants du fondateur du Bic "Cristal", le baron italien Marcel Bich, émigré en France. Lancé en 1950, ce stylo à bille reste aujourd’hui encore le plus vendu au monde. Grâce à lui, Bruno Bich est la 36e fortune de France à la tête de 1,34 milliard d’euros.
Bruno Bich fait ses études au sein du très chic établissement privé Sainte-Croix de Neuilly. Il rejoint ensuite l’université de New York où il obtient un diplôme en marketing et finance. Il débute sa carrière dans une banque d’affaires de Manhattan. En 1975, à vingt-huit ans, il entre dans l’entreprise familiale et prend en charge la filiale américaine Bic Corp. Pendant onze ans, il mène d’une main de fer la filiale américaine, installée depuis 1958 (date du rachat des stylos Waterman). Son travail porte ses fruits, au point d’en faire une des filiales les plus dynamiques et les plus rentables du groupe. Il imprime sa marque en développant le marquage publicitaire des stylos et en lui dédiant une usine en Floride.
Après plus de trente ans passés aux Etats-Unis, il revient au siège social, à Clichy, et prend la succession de son père en 1993, peu avant sa mort.
- Né le 2 octobre 1946 à Paris.
- 1969-74: Il travaille dans une banque d’affaires de Manhattan, la White Weld Company.
- 1975-83: Nommé directeur commercial, des ventes et du marketing de Bic Corporation, filiale américaine du groupe. Il en devient PDG en 1983 puis président du conseil d’administration en 1992.
- 1993-2006: Président du conseil d’administration et PDG du groupe Bic.
Il consolide le groupe en rachetant l’américain Sheaffer et l’allemand Tipp-Ex en 1997. PDG du groupe Bic pendant treize ans, il prend sa retraite en avril 2006 et confie alors la direction générale à Mario Guevara et à son frère.
Patron discret (il n’aime guère parler de lui), cet homme affable partage sa vie entre les Etats-Unis et la France. L’an dernier, il a reçu le prix Benjamin Franklin de la prestigieuse French American Fondation, la riche organisation chargée de soutenir la politique atlantiste. Fin connaisseur des quatre secteurs d’activités de l’entreprise – papeterie, briquets, rasoirs, produits promotionnels –, il est rappelé justement pour reprendre en mains l’activité de Bic Graphic (produits promotionnels) qu’il a su si bien piloter depuis les Etats-Unis. Aujourd’hui, le segment est à la peine, concurrencé par des acteurs numériques. Après ses investissements ratés dans la pile à combustible, Bic entend consolider ses parts de marché en innovant uniquement dans ses cœurs de métier. Le groupe a publié hier un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros pour l’année 2015, en hausse de 6,2%.
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