Édito | +1,6°C: Don't look up?
Au cours de l'année écoulée, les températures à la surface de la Terre ont dépassé de +1,6°C les niveaux préindustriels. À l'heure des diversions populistes, ce chiffre devrait nous mobiliser.
En 2024, la température moyenne à la surface de la Terre a atteint +1,6°C par rapport aux niveaux préindustriels. Il faut mesurer combien cette augmentation est spectaculaire. Il y a dix ans encore, le réchauffement global n’avait jamais franchi la barre de +1°C ; un seuil qui n’avait, jusqu’alors, jamais été mesuré. L’humanité, dont les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, s’enfonce toujours plus profondément en terre inconnue.
Bien sûr, cette année record ne signifie pas que nous soyons entrés de plain-pied dans un monde à +1,5°C au sens de l’Accord de Paris. L’évolution du climat se mesure par des moyennes sur plusieurs décennies, et une brochette d'années exceptionnelles ne constitue pas, en soi, une accélération du réchauffement climatique. De la même manière que, à l’inverse, quelques années de stabilisation des températures n’ont jamais signifié une "pause" du réchauffement climatique, contrairement à ce que les semeurs de confusions de tous poils ont prétendu naguère.
Pour l’heure, les scientifiques constatent une hausse des températures bien plus élevée que la tendance moyenne anticipée par leurs modèles. Et ils n’ont pas d’explication arrêtée sur les raisons de cette accélération brutale. Il est possible que nous assistions à un phénomène passager. Mais il est aussi possible qu’il s’agisse de rétroactions jusqu’ici sous-estimées – le réchauffement se nourrissant lui-même.
Le sommet de la to-do-list
En tout état de cause, ce nouveau record est une énième piqûre de rappel sur l’urgence de déployer, dans tous les secteurs, les solutions pour mettre un terme à nos émissions de gaz à effet de serre. Dans son dernier rapport de synthèse, le Giec estimait qu’il fallait avoir atteint le pic mondial d’émissions avant 2025 pour avoir "50% de chances" de limiter le réchauffement à 1,5°C. Nous n’y sommes pas parvenus, et cela augmente encore l'ampleur de la tâche. En ce début d'année, l’humanité devrait être focalisée sur ce défi.
Les faits doivent rester notre boussole: à +1,6°C, la place de l'action climatique est au sommet de la to-do-list.
Au contraire, nous semblons comme des lapins pris dans les phares de Donald Trump, médusés par le déballage de ses ambitions impérialistes, de ses menaces commerciales et de son nihilisme climatique. À l'égard du réchauffement comme du reste, le premier des populistes se rit des faits avec autant de délectation que son pastiche féminin dans "Don’t Look up". Quoi qu'il fasse, les faits doivent rester notre boussole: à +1,6°C, la place de l'action climatique est au sommet de la to do list.
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