Charles Michel, à Kiev: "L'avenir de l'Ukraine est dans l'Union européenne"

Alors que les sirènes de raids aériens retentissaient vendredi à Kiev, les dirigeants de l'Union européenne (UE) et de l'Ukraine étaient réunis dans la capitale ukrainienne pour leur premier sommet depuis le début de la guerre. Cette rencontre avait lieu au Palais présidentiel, sous haute sécurité, peu avant la date anniversaire de l'invasion russe le 24 février. Les Européens étaient représentés en force, plus de la moitié de la Commission européenne ayant fait le déplacement.

Les présidents du Conseil européen Charles Michel et de la Commission Ursula von der Leyen ont promis au président Volodymyr Zelensky des aides supplémentaires sur les plans militaire et financier. Ils ont garanti à l'Ukraine sa vocation à intégrer l'UE, sans fixer de date pour cette adhésion.

"Ce sommet a clairement montré que notre intégration est irréversible", a déclaré Zelensky, en remerciant les Européens de leur soutien. Il a aussi appelé ses alliés à livrer à l'Ukraine des missiles à longue portée pour aider à repousser les forces russes à Bakhmout.

"L'UE vous soutiendra de toutes les manières qu'elle peut, aussi longtemps qu'il le faudra. Nous ne sommes pas, et nous ne serons jamais, intimidés par le Kremlin", a dit Charles Michel. "L'avenir de l'Ukraine est dans l'UE", a-t-il ajouté.

Nouvelles aides

Soutien au réseau énergétique, nouvelles enveloppes financières... L'essentiel des nouvelles aides à l'Ukraine avait été annoncé la veille par la présidente de la Commission. Un paquet important, comportant une aide additionnelle de 450 millions d'euros pour rétablir les infrastructures essentielles, un lot de 35 millions d'ampoules LED pour les ménages ukrainiens et 2.400 générateurs électriques pour suppléer en partie aux infrastructures électriques détruites par la Russie. En un an, l'UE a apporté au total un soutien à l'Ukraine de près de 60 milliards d'euros.

Mais cette communication a quelque peu irrité du côté du Conseil européen. "Ursula von der Leyen a donné l'impression de brûler la politesse au président Michel", confie une source européenne.

Pas de calendrier pour l'adhésion

Dans une déclaration commune adoptée au sommet, Européens et Ukrainiens ont rappelé "l'importance historique" de la décision, prise en juin dernier, d'accorder le statut de pays candidat à l'Ukraine.

Le gouvernement ukrainien a multiplié les pressions pour obtenir, lors du sommet, un engagement pour commencer les négociations d'adhésion, dans l'espoir d'intégrer l'UE "dans 2 ans". Un délai intenable pour plusieurs capitales européennes.

Michel et von der Leyen ont redoublé de formules pour rassurer les Ukrainiens, et souligné les "efforts considérables" réalisés ces derniers mois. "L'Ukraine est l'UE, et l'UE est l'Ukraine", a dit Michel. Mais ils n'ont donné aucune assurance d'une adhésion accélérée.

"Il reste énormément de choses à faire", estime une source proche du Conseil. "Ce sommet était surtout destiné à créer une dynamique de propositions et de négociations dans le cadre de l'intégration de l'Ukraine."

Kiev devra concentrer ses efforts sur le renforcement de son économie, les réformes judiciaires et la lutte contre la corruption. La Commission devrait publier au printemps un rapport sur l'avancement du processus d'adhésion dans tous les pays candidats. Il donnera un tableau plus précis des étapes que l'Ukraine doit encore franchir.

En attendant, l'UE a rappelé lors de cette visite que l'accord d'association conclu avec l'Ukraine, en vigueur depuis 2017, est "d'une importance essentielle" pour la poursuite du processus d'adhésion. Il s'agit, en réalité, d'un accord de libre-échange approfondi qui entrouvre à Kiev la porte de l'Europe. Des négociations sont en cours pour élargir son champ d'application.

Nouvelles sanctions contre la Russie

Les dirigeants de l'UE ont confirmé l'adoption, pour le 24 février, d'un dixième paquet de sanctions contre la Russie. Ces sanctions devraient toucher, avant tout, les technologies de pointe utilisées à des fins militaires, ainsi que de nouvelles entités et personnalités russes.

Mais ces mesures ne répondront pas à toutes les attentes du gouvernement ukrainien. Zelensky a plaidé, lors du sommet, pour que les sanctions visent le secteur nucléaire russe, et en particulier le géant Rosatom. Certains pays européens, dont la Hongrie, y sont hostiles.

L'UE a souligné son intention d'intensifier les efforts pour trouver la manière d'utiliser les avoirs russes gelés dans les pays occidentaux afin de financer la reconstruction de l'Ukraine. Les Européens ont également confirmé la création d'un centre pour la poursuite du crime d'agression. Il sera basé à La Haye.