Guerre en Ukraine: que s'est-il passé à Belgorod?

Des attaques ont ciblé l'oblast de Belgorod, en Russie, dans la journée de lundi et dans la nuit qui a suivi. Un poste-frontière aurait été anéanti et des combattants armés venant d'Ukraine ont attaqué trois villages. Des tirs d'artillerie et de mortier ont été mentionnés sur cette zone frontalière. Ensuite, dans la nuit, plusieurs attaques de drones ont visé des maisons. Le toit du bâtiment du service de sécurité russe à Belgorod aurait été touché.

Ces attaques se sont concentrées sur le district de Graïvoron. Les informations, très parcellaires et invérifiables de source indépendante dans les heures qui ont suivi, émanent des groupes qui revendiquent ces actes, des dirigeants régionaux, de chaînes Telegram... L'ampleur réelle des dégâts et le nombre de victimes restent incertains.

Qui est derrière ces attaques?

Deux groupes sont identifiés derrière ces attaques.

Le Corps des volontaires russes, d'obédience nationaliste, lutte contre le régime de Poutine et s'oppose à la guerre en Ukraine, à partir de laquelle il opère. La Légion Liberté pour la Russie est un groupe de Russes intégré à l’armée ukrainienne qui avait déjà dit être à l'origine d'incursions au-delà de la frontière. Son objectif est d'éliminer la dictature du Kremlin.

Pourquoi à Belgorod?

L'oblast de Belgorod est situé à la frontière avec l'Ukraine, à proximité de Kharkiv. Les incursions ennemies se sont multipliées sur le territoire de la Fédération de Russie ces dernières semaines, à l'approche de la contre-offensive annoncée par Kiev.

Belgorod est une région d'autant plus sensible que des armements nucléaires y sont stockés. La Russie les aurait déplacés suite à l'attaque.

Comment ont réagi les Russes?

Les services de sécurité russes ont instauré, pour la première fois depuis l'invasion de l'Ukraine, le "régime légal de zone d'opération antiterroriste" dans la région de Belgorod, avec des pouvoirs accrus aux autorités pour mener des opérations armées, contrôler et évacuer les civils.

Le ministère russe de la Défense a indiqué ce mardi que "les formations nationalistes ont été bloquées et écrasées (...) Le reste des nationalistes ont été repoussés sur le territoire de l'Ukraine, où les frappes (…) se sont poursuivies jusqu'à leur élimination totale". "Plus de 70 terroristes ukrainiens" auraient été tués, selon le communiqué du ministère.

La Russie a ouvert une enquête pour "acte terroriste".

Que dit Kiev?

Kiev était-il au courant de ces raids, y a-t-il collaboré d'une quelconque manière? L'Ukraine a démenti avoir organisé cette incursion, parlant d'une "crise interne à la Russie", mais certains perçoivent de l'ironie dans ces propos, qui font miroir à des démentis opposés par Moscou dans le cadre d'actes menés par des séparatistes ukrainiens.

Pourquoi une telle attaque?

Ces incursions semblent participer à une opération en partie psychologique diligentée depuis plusieurs semaines par les Ukrainiens, qui harcèlent la Russie en ciblant divers lieux stratégiques. Mais cette opération est plus importante que les précédentes.

Ce genre d'action focalise l'attention et requiert des hommes pour la défense, alors que les Russes sont occupés à se préparer en vue de la contre-offensive annoncée par Kiev et que des troupes sont aussi mobilisées autour de Bakhmout où, si Wagner occupe largement la ville, la périphérie voit les Ukrainiens gagner du terrain chaque jour. L'opération à Belgorod oblige donc à la dispersion de moyens.

Ces attaques prouvent aussi les défaillances dans la couverture de la défense russe. Le message s'adresse tant au Kremlin qu'à la population.