Guerre en Ukraine: la Belgique pourrait livrer "plus de 30" chasseurs F-16 à Kiev
Lors d'une visite surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Bruxelles, la Belgique et l'Ukraine ont signé un accord de sécurité de dix ans, incluant la livraison de 30 chasseurs F-16 à Kiev "le plus vite possible".
Chose promise, chose due. Lors de sa visite à Bruxelles en octobre dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait reçu la promesse du Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) de recevoir des chasseurs bombardiers F-16. Le nombre d'appareils et l'échéance n'avaient pas été précisés.
Six mois plus tard, le dirigeant ukrainien était de retour dans la capitale belge, ce mardi, pour une visite surprise et la signature un accord bilatéral de soutien et de sécurité de long terme entre son pays et la Belgique. L'un des points clés de cet accord est la livraison de 30 chasseurs bombardiers F-16 d'ici à 2028, une partie devant être fournie avant la fin de cette année.
L'effort pourrait même aller au-delà de ce chiffre mentionné dans l'accord, la Belgique étant prête à livrer "toute sa flotte de F-16", selon la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS).
"Nous pourrons utiliser les premiers F-16 en Ukraine cette année."
"Les F-16 seront fournis à l'Ukraine aussi vite que possible. Notre but est de fournir les premiers avions avant la fin de cette année", a déclaré Alexander De Croo lors d'une conférence de presse conjointe avec le président Zelensky. "Vous méritez les bons outils pour protéger votre population contre une agression totalement illégitime", a-t-il dit au dirigeant ukrainien.
Utiliser des équipements militaires contre le territoire russe
Interrogé sur la possibilité que la force aérienne ukrainienne utilise ces chasseurs pour bombarder le territoire russe, le Premier ministre a été très clair. "C'est pour une utilisation par les forces ukrainiennes, sur le territoire ukrainien", a-t-il dit.
Volodymyr Zelensky s'est dit "reconnaissant" envers la Belgique pour l'accord de sécurité, et, en particulier, cette offre "inédite" de livrer 30 avions de chasse. "Nous pourrons utiliser les premiers F-16 en Ukraine cette année", s'est-il réjoui.
"Nous devons faire plus, plus vite et mieux."
Toutefois, le président ukrainien a invité les occidentaux à revenir sur l'interdiction d'utiliser les équipements militaires donnés à l'Ukraine contre le territoire russe. "Ils tirent sur Kharkiv avec des armes à longue portée depuis leur frontière. Ils nous tirent dessus et nous ne pouvons pas répondre. Nos hommes doivent se replier pour ne pas mourir sous les bombes, et les Russes avancent", a-t-il expliqué, "c'est pourquoi nous vous le demandons: s'il vous plaît, donnez-nous la permission de tirer".
Un accord militaire et politique
Dans cet accord de sécurité d'une durée de dix ans, la Belgique s'engage aussi à verser à l'Ukraine une aide militaire d'au moins 977 millions d'euros en 2024. Le texte, d'une quinzaine de pages, prévoit également des garanties de sécurité, incluant la livraison de véhicules blindés, de la défense aérienne, de la sécurité navale, du déminage, de la formation militaire et la participation de la Belgique à la coalition des alliés pour fournir des munitions et de l'artillerie.
La Belgique s'engage aussi à appuyer l'adoption de nouvelles sanctions contre la Russie et à utiliser les bénéfices tirés des avoirs russes immobilisés pour aider Kiev.
"Nous devons faire plus, plus vite et mieux", a dit Alexander De Croo, en annonçant une hausse de l'aide économique, dont une tranche de 150 millions d'euros qui sera consacrée à la reconstruction de la ville de Tchernihiv, ravagée par les bombardements il y a quelques mois. Pour rappel, le gouvernement De Croo s'est engagé à octroyer 1,7 milliard d'euros, tirés d'une taxe sur les actifs russes gelés, à l'Ukraine.
Le gouvernement belge promet aussi de soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne et à l'Otan. Par ailleurs, la Belgique et l'Ukraine s'engagent à une coopération en matière de renseignements, de cybersécurité et de lutte contre la désinformation.
"Cela fait des mois que nous demandons de soutenir l'Ukraine. Des mois que la situation se détériore. Je suis contente que nous soyons parvenus à un accord."
Négociations politiques
Cette décision d'octroyer 30 avions de chasse a été précédée d'intenses négociations au sein du gouvernement De Croo, durant lesquelles les libéraux estiment avoir réussi à faire pencher la balance en faveur d'un nombre plus élevé de F-16 qui seront fournis à l'Ukraine. "C'est une victoire du MR", lâche un conseiller ministériel, alors que l'aile gauche du gouvernement, socialistes et écologistes, semblait partisane d'un effort plus mesuré.
"Cela fait des mois que nous demandons de soutenir l'Ukraine. Des mois que la situation se détériore. Je suis contente que nous soyons parvenus à un accord", a déclaré la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR).
La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS) s'est réjouie, elle aussi, de cette décision, en évacuant toute polémique. Selon son entourage, la limitation dans les capacités de livraisons est, avant tout, d'ordre technique.
"Nous n'avons jamais eu de problème à donner toute notre flotte", a-t-elle expliqué à quelques journalistes. Toutefois, "nous devons trouver un équilibre entre notre volonté d'aider et la garantie de notre sécurité", a-t-elle précisé, en avançant la nécessité d'utiliser les F-16 pour des missions de l'Otan dans les pays baltes, la formation des pilotes belges et l'utilisation de pièces de rechange.
"Ils ont noté dans l'accord 30 avions, mais cela pourra être plus."
La Belgique livrera ses premiers F-16 avant la fin de cette année, leur nombre dépendant des pièces de rechange qu'elle recevra du fabricant américain et de la formation des pilotes ukrainiens, selon la ministre de la Défense. Ensuite, les livraisons se feront au fur et à mesure de la réception des F-35.
La quantité livrée à l'Ukraine pourrait aller au-delà de 30 appareils. "Ils ont noté dans l'accord 30 avions, mais cela pourra être plus", a dit Ludivine Dedonder. L'armée belge dispose de 53 F-16 (45 monoplaces et huit biplaces).
Invitation à Joe Biden
Lors de cette conférence de presse, le président Zelensky a exhorté le président des États-Unis Joe Biden à se rendre au sommet pour la paix prévu en Suisse les 15 et 16 juin. "Ce sommet pour la paix a besoin de Joe Biden. Son absence, ce serait comme un soutien personnel aux applaudissements en faveur de Poutine", a-t-il affirmé.
Après la signature de l'accord de sécurité, et une visite à la base aérienne de Melsbroek, Volodymyr Zelensky a été reçu par le roi Philippe au Palais royal.
Dossier spécial sur la guerre en Ukraine, lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine: toute l'actu et les dernières infos sur le conflit armé entre l'Ukraine et la Russie.
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