La Russie sème la terreur, avant de livrer sa "grande bataille"
Moscou poursuit sa stratégie de terreur en Ukraine, alors qu'une grande bataille se prépare dans le Donbass. Les États-Unis et l'Europe soutiennent Kiev à bout de bras, avec des approches sensiblement différentes.
Bombardements à l'aveugle, massacres de civils mis au jour, nouvelles menaces d'activer l'arme nucléaire... La Russie s'enfonce dans sa stratégie de terreur, avant une "grande bataille" contre les forces ukrainiennes qui pourrait sceller l'issue de la guerre. L'armée russe s'est retirée du nord de l'Ukraine ces derniers jours, face à la résistante inattendue de Kiev, pour se regrouper dans le Donbass, une région dont Moscou veut prendre le contrôle pour assurer son emprise sur la mer d'Azov et un accès aux mers chaudes.
La Russie a essuyé jeudi un nouveau revers. Son navire amiral en mer Noire, le croiseur Moskva, a subi des "explosions" qui l'ont mis hors d'état de naviguer. Kiev affirme avoir touché le navire avec des missiles Neptune. Moscou prétend qu'un "incendie" aurait éclaté dans les soutes de munitions.
Au sud, la ville de Marioupol, en ruine, continue de résister à l'agression russe. Les autorités ukrainiennes évaluent à au moins 20.000 le nombre des morts dans la cité portuaire.
Aide militaire
Washington a envoyé à l'Ukraine une nouvelle aide militaire considérable, de 800 millions de dollars. Le paquet comporte 11 hélicoptères Mi-17, des obusiers et des obus d'artillerie, des radars de contre-artillerie, 200 véhicules blindés de transport de troupes et 300 drones "suicides".
Les Européens poursuivent leurs livraisons d'armes, l'UE s'étant engagée à envoyer pour 1 milliard d'euros d'armement. Mais ils agissent, le plus souvent, dans la plus grande discrétion, alors que les États-Unis sont transparents.
"Une grande bataille doit avoir lieu dans les prochains jours, le matériel militaire doit être disponible le plus vite possible."
Tous les États européens n'apportent pas le même soutien à Kiev. Le pays de l'Est, dotés d'un armement compatible avec celui de l'Ukraine, l'appuient fortement, à l'exception de la Hongrie. Par contre, l'Allemagne affiche un profil des plus modérés face à Moscou, ce que Kiev dénonce.
"Les États-Unis ont beaucoup plus de moyens militaires que l'Europe. Quant à l'Allemagne, elle a une armée assez faible et fait profil bas pour des raisons historiques", explique Tanguy Struye, professeur à l'UCLouvain. "Il y a aussi un problème de stocks. Les armées européennes ont des réserves de munitions limitées, elles ne doivent pas tout épuiser en une fois."
C'est également une question d'urgence. "Une grande bataille doit avoir lieu dans les prochains jours, le matériel militaire doit être disponible le plus vite possible", dit-il.
Selon certains analystes, cette confrontation pourrait avoir lieu dans les prochains jours dans le nord du Donbass. Le président russe Vladimir Poutine chercherait à obtenir une "victoire" d'ici le 9 mai, date de la commémoration de la capitulation de l'Allemagne nazie. Ce serait pour cette raison que le Kremlin a confié le commandement de son armée en Ukraine à Alexander Dvornikov, "le boucher de Syrie".
Crimes de guerre
"L'Ukraine est devenue une scène de crime."
En attendant cette "grande bataille", l'armée russe poursuit ses exactions. "L'Ukraine est devenue une scène de crime", a affirmé le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, mercredi lors d'une visite à Boutcha, où des dizaines de cadavres de civils abattus par balles ont été découverts après que la ville ait été reprise par l'armée ukrainienne.
L'OSCE partage la même approche, comme dans cette évaluation préliminaire concluant que la Russie s'est engagée dans un schéma clair de crimes de guerre en ciblant les civils, les écoles et les hôpitaux.
L'ONU dénonce aussi les crimes de guerre de la Russie. Un rapport d'une agence onusienne fait état de la destruction de systèmes d'approvisionnement d'eau et de plus de 108 attaques contre des services de santé.
De Boutcha à Marioupol, la Russie suit la même stratégie qu'en Syrie et en Tchétchénie, semer la terreur et sidérer les populations, pour tenter d'imposer sa loi sur le terrain et dans les esprits, en Ukraine comme dans le reste du monde. C'est, aussi, en ce sens qu'il faut comprendre la menace du Kremlin d'activer ses armes nucléaire au nord de l'Europe, jeudi, après l'annonce d'une décision imminente sur l'adhésion de la Finlande et la Suède à l'Otan.
"Je rejoins la position de la Cour internationale de justice, qui entend d'abord recueillir les preuves avant de parler de génocide."
Américains et Européens divergent sur la qualification des actes commis par le régime russe. Pour le président des États-Unis Joe Biden, il s'agit d'un "génocide". Le président français Emmanuel Macron refuse d'utiliser ce terme. Selon lui, qualifier ces crimes de génocide reviendrait à entrer en guerre car il existe des conventions internationales imposant d'intervenir militairement en cas de génocide.
"Ce sont des crimes de guerre dramatiques", dit Tanguy Struye, "mais je rejoins la position de la Cour internationale de justice qui entend d'abord recueillir les preuves avant de parler de génocide".
Le résumé
- L'armée russe poursuit ses bombardements contre Marioupol et d'autres villes ukrainiennes, alors que les preuves de crimes de guerre s'accumulent selon les rapports d'agences internationales. Moscou a, une nouvelle fois, menacé d'activer son arsenal nucléaire suite à l'annonce d'une adhésion probable de la Finlande et de la Suède à l'Otan.
- Moscou poursuit sa stratégie de terreur, alors qu'une "grande bataille" se prépare dans le Donbass.
- Américains et Européens soutiennent Kiev, avec des approches différentes.
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