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Le départ d'AB InBev de Russie une nouvelle fois retardé

Cela fait deux ans qu'AB InBev essaie de se désengager entièrement de Russie, sans succès jusqu'ici. ©BELGAIMAGE

Un décret du président russe casse l'accord conclu par AB InBev avec son partenaire turc en octobre: leurs brasseries russes et ukrainiennes sont sous tutelle.

Nouvel épisode dans l'interminable saga du départ de Russie d'AB InBev. Le premier brasseur mondial pensait arriver à la fin de son chemin de croix en octobre dernier, quand il avait conclu un nouvel accord avec son partenaire turc Anadolu Efes, aux termes duquel il reprendrait l'activité ukrainienne de leur joint-venture russo-ukrainienne AB InBev Efes Russie, tandis que le groupe turc hériterait de ses seules activités russes. C'était présumer un peu audacieusement la réaction du président russe Vladimir Poutine. Dans un décret présidentiel publié ce lundi, celui-ci vient d'annuler ce deal.

AB InBev n'a souhaité faire aucun commentaire.

Par ce décret, Vladimir Poutine place la joint-venture sous le contrôle temporaire du groupe de sociétés Vmeste. Le texte ne donne pas plus de détails sur cette décision, ni sur l'identité de Vmeste. Le mot qui signifie "ensemble" en russe renvoie entre autres à un réseau social en Russie. On ignore donc non seulement ce qu'il adviendra de la partie ukrainienne de la joint-venture, mais aussi plus largement ce que compte faire Vmeste ou encore ce que le qualificatif "temporaire" signifie concrètement.

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Contacté, un porte-parole d'AB InBev souligne que le groupe "continuera (de travailler avec (son) partenaire de la co-entreprise sur ces développements". Il indique par ailleurs que le décret place la partie russe de l'activité de la joint-venture sous gestion temporaire; autrement dit, l'activité ukrainienne ne semble pas visée.

De son côté, Anadolu Efes déclare: "Nous évaluerons de manière globale cette situation et nous prendrons toutes les mesures nécessaires en réponse, en collaboration avec notre partenaire dans la joint-venture" (AB InBev).

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Pas du goût du Kremlin

Le décret présidentiel semble indiquer que l'accord passé entre les deux brasseurs en octobre n'était pas du goût du Kremlin. On peut, dans la foulée, imaginer qu'il lui déplaisait de voir AB InBev s'en sortir avec les seules activités ukrainiennes.

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AB InBev avait déjà ramené sa participation dans la joint-venture à zéro dollar en 2022.

En même temps, en agissant de la sorte, Moscou attente aussi aux intérêts du groupe turc qui, jusqu'ici, avaient été préservés dans cette affaire. AB InBev, en revanche, avait déjà ramené sa participation dans la joint-venture à zéro dollar en 2022, ce qui lui avait coûté 1,14 milliard de dollars en dépréciations.

Auparavant, le brasseur belgo-brésilien avait conclu un premier accord avec Anadolu Efes en décembre 2023: celui-ci prévoyait que le groupe turc reprendrait l'ensemble de la joint-venture, en ce compris ses brasseries ukrainiennes. Les autorités russes s'étaient opposées à cet accord en août 2024.

Le précédent danois

Le brasseur danois Carlsberg avait vécu une aventure comparable, mais qui s'est réglée définitivement voici un mois par la vente de sa filiale russe Baltoka Breweries avec le feu vert du Kremlin.

Via leur holding VG Invest, deux anciens dirigeants de la filiale, Yegor Guselnikov et Alexander Tolmachev, ont racheté le deuxième brasseur russe pour 322 millions de dollars dans une transaction censée mettre aussi fin à tous les litiges pendants autour de Baltika.

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