Édito | Ukraine: toute faiblesse européenne serait coupable
Le soutien des Européens à Kiev ne devrait pas être remis en cause, mais bien accru. L'inverse constituerait un aveu de faiblesse, une approche (très) risquée face à Moscou.
Cela fait désormais plus de 1.000 jours que l'Ukraine résiste à l'ogre russe. 1.000 jours que des citoyens vivent sous la menace de bombes et de missiles adverses. 1.000 jours aussi qu'un Président s'est mué en chef de guerre et arpente sans relâche les cénacles démocratiques afin d'obtenir de l'aide et secouer les consciences endormies. Dans les deux cas, il a rencontré trop peu de succès.
Les Européens, habitués à percevoir les dividendes de la paix, se sont parfois murés dans le déni, un refuge aussi confortable que trompeur. Quant à ceux qui ont perçu la menace, ils n'ont pas eu le courage suffisant pour l'exposer à leurs électeurs, les préparer à la nouvelle donne géopolitique. Minimisant les basculements et les coups de boutoir assenés au droit international, les 27 ont partiellement failli. En espérant le meilleur, ils ont omis de se préparer au pire.
Le pire, pourtant, est désormais tangible. La menace nucléaire est régulièrement brandie par le Kremlin, tandis que les Ukrainiens, aussi valeureux soient-ils, risquent de tomber.
Sans la perfusion militaire et financière américaine, que le futur président Trump a promis d'interrompre, Kiev sera rapidement en péril. Fragilisés et divisés, mais aussi sous-équipés militairement après des années d'incurie, les Européens ne pourront voler seuls à son secours.
Vladimir Poutine le sait: le temps joue en sa faveur. La perspective de voir l'Ukraine entamer, contrainte et forcée, des négociations de paix à moyen terme se rapproche. Faut-il se résigner, accepter cette défaite? Aucunement.
Les Européens, désormais au pied du mur, ont le devoir de surmonter leurs divisions pour éviter ce scénario. Ils doivent tout faire pour éviter que leur allié ukrainien ne subisse de nouveaux revers et ainsi lui permettre de se présenter avec des atouts face à Moscou dans l'hypothèse de pourparlers futurs. Cela implique de poursuivre, et même d'accroître, les soutiens militaire et financier à l'Ukraine.
Évidemment, c'est aussi dans l'intérêt des 27 de ne rien lâcher, de ne pas exposer davantage leurs dissensions et leurs faiblesses. Ces dernières, dont ils ont fait l'étalage à de multiples reprises, pourraient bien attiser à terme l'appétit des élites russes.
Les membres de l'Otan ne sont pas à l'abri. À l'approche d'une présidence Trump, qui promet un désengagement sur le théâtre européen, ils sont même clairement menacés. Le soft power de l'UE ne pèsera pas bien lourd face à une Russie qui croit, avant tout, au rapport de force. Il est grand temps de l'intégrer et d'agir en conséquence.
"Même avec les forces de Kim Jong-un, Poutine reste inférieur à la force unie de l'Europe", a rappelé Volodymir Zelensky aux eurodéputés réunis à Bruxelles cette semaine. Ecoutons-le: n'oublions pas de quoi l'Europe est capable. N'oublions pas non plus l'Ukraine: notre avenir s'y joue.
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