Le revenu universel pour amortir le choc du Covid-19?
L'effet cataclysmique de la crise sanitaire sur l'économie interpelle notre modèle social, appelé à pallier les pertes de revenus d'une cohorte de Belges. Le revenu universel serait-il une bonne alternative aux allocations actuelles?
Les mesures de soutien aux travailleurs touchés par la crise du nouveau coronavirus se multiplient. L'État-providence se doit d'être créatif. Chômage temporaire, droit passerelle... Autant d'aides qui tendent souvent, et pas qu'en Belgique, à s'approcher du concept de revenu universel. Pour les défenseurs du principe du revenu de base, cette crise représente l'occasion de rappeler les avantages du concept.
"Il y a les partisans d'une allocation qui serait suffisante pour s'abstraire de toute contingence matérielle, qui permettrait de se passer d'un emploi à condition de mener une vie sobre. Ce n'est pas mon modèle."
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"C'est le seul mécanisme fiable pour faire face au choc que l'on va devoir affronter!", estime Georges-Louis Bouchez, président du MR.
"Le système social belge est fondé sur une individualisation de la couverture sociale, rappelle l'économiste Bruno Colmant, membre de l’Académie royale de Belgique. Il fonctionne extrêmement bien sauf lorsqu’il y a un choc simultané sur l’offre et la demande, comme c’est le cas aujourd’hui."
Bien sûr, la principale question autour du revenu de base, c'est: combien? Mais la définition d'une telle mesure appelle bien d'autres précisions. Mesure temporaire ou définitive? Avec un maintien ou pas d'autres avantages sociaux? Pour qui exactement? Et ça coûtera combien à l'État?
Une mesure permanente...
"Il y a les partisans d'une allocation qui serait suffisante pour s'abstraire de toute contingence matérielle, qui permettrait de se passer d'un emploi à condition de mener une vie sobre. Ce n'est pas mon modèle", avance Philippe Defeyt.
L'économiste à la tête de l'Institut pour un Développement Durable propose plutôt un revenu de base d'environ 600 euros par mois, qui procurerait à chacun "plus de sécurité et d'autonomie. Il permettrait, par exemple, de réduire le temps de travail en gardant le même revenu. Ou de changer d'activités plus facilement." Cette somme mensuelle resterait acquise, quels que soient les autres revenus. Chômage et pension aussi, donc, mais dont le calcul serait revu.
"Pourquoi ne pas imaginer de l’attribuer largement, sur base d’une déclaration suffisamment étoffée?"
Georges-Louis Bouchez, lui, est partisan d'un "modèle libéral", à hauteur de 1.000-1.200 euros mensuels. "Il faut donner plus de liberté aux gens et supprimer l'injustice du système d'aide actuel. En donnant une allocation universelle élevée, on oublie le chômage, les revenus d'insertion... pour que ça soit budgétairement tenable. Cela permet aussi d'enlever des pans entiers de tracasseries administratives et de contrôles."
... ou temporaire?
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Bruno Colmant, par contre, envisage l'allocation universelle comme une mesure temporaire pour "aider les travailleurs, y compris les indépendants, qui ne bénéficient pas de mesures comme le chômage technique. Ici, il d’agit de relancer la demande finale." Il estime le montant du chèque entre 750 et 1.000 euros, "modulable en fonction du choc de la crise". Il envisage également que cette allocation puisse s'exprimer sous forme de bons de consommation temporaires, avec une date d’expiration. "Cela se rapproche de l’idée des bons alimentaires dont bénéficient 50 millions d’Américains, soit un sur six."
À qui cela serait-il destiné? "Pourquoi ne pas imaginer de l’attribuer largement, sur base d’une déclaration suffisamment étoffée?", se demande l'économiste, qui précise néanmoins qu'il faudrait "une fiscalisation de cette allocation universelle au travers de la déclaration fiscale". Le revenu serait octroyé le temps de retrouver une mise à l’emploi d’un niveau comparable à l’avant-crise. "C’est bien sûr le danger: une telle mesure est plus facile à mettre en œuvre qu’à lever", d'où la nécessité d'une taxation "tenant compte de la situation fiscale réelle des revenus de chaque bénéficiaire".
Budgétairement pas neutre
"Il faut donner plus de liberté aux gens et supprimer l'injustice du système d'aide actuel."
Bruno Colmant estime le coût de son système à 5-6 milliards par an. Georges-Louis Bouchez assure son système "budgétairement tenable", grâce à la suppression de toute une série d'aides et charges administratives qu’il permettrait. Philippe Defeyt chiffre son modèle à 10-15 milliards d'euros par an, qu'il propose de financer en taxant différemment les revenus professionnels et de la propriété et en prélevant "une cotisation minime sur toutes les transactions financières électroniques. Ce serait indolore, mais ça rapporterait des milliards", assure-t-il.
La crise sanitaire et ses répercussions sur l'économie susciteront-elles un tel changement de modèle de société? Il faudrait que ce débat soit amené au niveau politique, et Georges-Louis Bouchez compte évidemment y contribuer... après avoir pris le pouls de sa base.
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