edito

Gardons la tête froide et le cœur ouvert

Editorialiste

Le confinement prolongé de deux semaines au moins.

On l’avait déjà compris, cette fois c’est officiel. Cet étrange tunnel espace-temps dans lequel le coronavirus nous a plongés va s’allonger. On n’a pourtant qu’une seule envie: sortir, bouger comme on le veut. S’embrasser. Revoir la famille. Trinquer en vrai avec les copains. Retourner au club de sport. Revoir ses collègues, même les pénibles. Imaginer les professionnels de la santé faire la sieste au soleil, crevés mais soulagés d’en avoir fini avec cette crasse.

On veut de la légèreté, de l’insouciance. Ça reviendra mais, en attendant, on en reprend pour deux semaines de plus, à vivre reclus, sans savoir si ce seront les dernières. On en a déjà marre et pourtant, il nous faut tenir.

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La solidarité est là, elle s’exprime beaucoup: entre proches, entre voisins, entre inconnus, dans les rues à 20 heures avec le personnel soignant, entre collègues, entre entreprises. Mais dans le même temps, les tensions montent.

Alors que les raisons de perdre patience et de s’engueuler se multiplient, c’est maintenant qu’il nous faut rester calmes.

Entre dirigeants européens, on n’est pas d’accord sur la manière d’agir en commun (bon sang, qu’est-ce qu’il vous faut!). À la Chambre, entre les partis du gouvernement et ceux qui lui apportent un soutien temporaire, il est moins question de confiance que de suspicion. Entre francophones et Flamands, on pressent que les frustrations rentrées ressurgiront à la première occasion.

Entre syndicats et patronat, le ton est monté cette semaine. Des entreprises ne respectent pas les règles et font passer le business avant la santé, disent les premiers. Cessez de répandre la peur, réplique le second.

Et puis entre nous, les citoyens, ne nous mentons pas, ce n’est pas toujours simple. Ces regards méfiants, on les perçoit, on les renvoie. Il y a de l’électricité dans l’air, dans la rue, le parc, le magasin. Nous sommes devenus des radars. Où est le danger autour de moi?

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Alors que les raisons de perdre patience et de s’engueuler se multiplient, c’est maintenant qu’il nous faut garder la tête froide et le cœur ouvert. Oui, le stress est là. Mais n’en rajoutons pas. Si la discipline sanitaire s’impose, la bonne volonté et la bienveillance sont tout aussi nécessaires. Inutile d’accuser l’autre, cherchons plutôt des solutions ensemble. Nous le devons à celles et ceux qui, pendant ce temps, malgré les efforts du personnel médical, meurent dans nos hôpitaux, en l’absence de leurs proches.

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