L’hiver est à nos portes, la crise énergétique prend ses quartiers et la flambée des prix rime avec incertitude. L’Echo a voulu savoir comment une ville se prépare à ce que d’aucuns décrivent comme un tsunami social. Reportage à Marche-en-Famenne.
Par Nicolas Keszei et Maxime Delrue | 14 octobre 2022 Développement & design: B. Verboogen et M.-A. Dozo Coordination: C. Bacq et N. Becquet
On ne sait pas si c’est l’influence de Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie jamais avare d’astuces pour réduire les factures d’énergie, mais au moment de nous recevoir, André Bouchat (Les Engagés), bourgmestre de Marche-en-Famenne depuis 1986, porte un pull à col roulé. Les temps changent, les jours raccourcissent doucement et tous les moyens semblent bons pour retarder l’allumage des chauffages.
Un peu de géographie et d’économie pour démarrer, avec un repositionnement de Marche sur la carte, “pour ceux venus de Bruxelles”. Au carrefour de la route du Condroz et de la Nationale 4, Marche est devenue, en trente ans, un pôle économique qui compte dans le sud-est de la Wallonie. On dénombre six zonings industriels, bientôt sept… “Tu ne savais pas ça, hein?”. Le bourgmestre a le tutoiement facile. Le maïeur est volubile.
D’entrée de jeu, il évoque une circulaire envoyée au début de mois de septembre par le SPW Intérieur, missive dont l’objet est: “Une consommation énergétique responsable au sein de la fonction publique locale.” Tout un programme. Une sorte d’inventaire à la Prévert aux portes de l’hiver. Pas un mot pour le col roulé, mais des conseils à la pelle comme réduire le volume d’impression du papier, éteindre les lampes derrière soi, fermer les portes et privilégier les modes de déplacements doux. “Cette lettre est bien gentille, ils auraient pu l’envoyer à n’importe quel ménage, mais elle ne contient aucune mesure active pour aider les communes”, s’émeut le bourgmestre.
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Et ce dernier d’enchaîner: “Nous avons le sentiment très net d’avoir été laissés à nous-mêmes face au covid, face aux inondations et face à la crise énergétique. Comme toutes les communes, nous puisons dans nos bonis pour essayer de faire face. Avec des mesures drastiques, certaines communes s’en tireront peut-être en 2023. Mais si cela ne change pas, on devra mettre la clé sous le paillasson en 2024”, avertit le maïeur.
En attendant, et dans un contexte de confection du budget, la ville de Marche pourrait supprimer l’éclairage public de minuit à cinq heures du matin. Une telle mesure, appliquée de novembre à la fin du mois de mars, permettrait d’économiser 59.000 euros. La piscine communale pourrait également être un vecteur d’économies. Cette année, le lieu a coûté 160.000 euros en frais d’énergie. Si rien n’est fait, l’an prochain, ce montant devrait être triplé pour monter à 400.000 euros. Une fermeture des bassins en décembre et janvier représenterait une économie de 25.000 euros; une goutte d’eau dans l’océan des efforts à consentir, aurait-on envie d’écrire.
“La crise énergétique nous oblige à agir, mais financièrement, c’est intenable.” André Bouchat Bourgmestre (Les Engagés) de Marche-en-Famenne
Pour faire face, André Bouchat va se livrer à ce qu’il appelle un “épouillage”. Nulle question de poux ou de quelque autre parasite ici, mais bien de la volonté du maïeur de tailler dans le gras. “Je veux retirer de mon budget tout ce qui est superflu. Marche va se priver de ce qui n’est pas nécessaire pour ses citoyens, mais veut conserver assez de moyens pour faire face aux demandes des CPAS”, précise notre interlocuteur.
“Nous avons le sentiment très net d’avoir été laissés face à nous-mêmes face à la crise énergétique.” André Bouchat Bourgmestre de Marche
Enfin, André Bouchat conclut, comme on jette une bouteille à la mer: “La crise énergétique nous oblige à agir, mais financièrement, c’est intenable. C’est un S.O.S. que nous lançons ici. C’est la crise la plus grave que j’ai connue depuis que je suis entré en fonction comme bourgmestre”, nous déclare-t-il, avant de nous laisser poursuivre notre route. “Je veux que l’on dise de moi que j’ai géré comme un bon père de famille jusqu’à la fin.”
Dans le centre de Marche, les employés du guichet énergie croulent sous les demandes. Mis en place afin d’éclairer les gens sur les possibilités de primes à l’énergie dans le cadre de construction neuve ou de rénovation, le guichet s’est transformé ces derniers mois en annexe du CPAS, comme nous l’a expliqué Nicolas Gigot, consultant au guichet de Marche.
“On se retrouve de plus en plus face à une situation où l'on doit dire aux gens qu’il faut se chauffer moins ou changer de logement.” Nicolas Gigot Consultant au guichet énergie
Avant la crise énergétique, les consultants du guichet passaient le plus clair de leur temps à donner des conseils relatifs aux primes ou à réceptionner des plaintes par rapport au système photovoltaïque. Mais, depuis le début de la crise, un nouveau public pousse la porte de ce bureau, des gens venus se plaindre de ne plus arriver à payer leurs factures d’énergie.
“On se retrouve de plus en plus face à une situation où l'on doit dire aux gens qu’il faut se chauffer moins ou changer de logement. Nous n’avons pas de formation sociale, nous ne sommes pas outillés pour gérer quelqu’un en pleurs parce qu’il n’arrive plus à payer sa facture”, explique Nicolas Gigot.
La plupart du temps, le guichet énergie dirige ce nouveau public vers le CPAS, les deux organismes travaillant parfois main dans la main. “Ce qui me marque, ce sont ces pensionnés qui pensaient être tranquilles avec leur retraite et qui ne le sont pas”, raconte le consultant du guichet énergie. Ce dernier se souvient encore de cette personne qui, après avoir installé un jacuzzi, a vu sa facture d’électricité passer de 100 à 200 euros, avant de grimper à 400 euros ces derniers jours. “Personne ne se sort indemne de cette crise”, explique Nicolas Gigot qui conseille tout de même à ceux qui en ont les moyens de faire des travaux d’isolation. “Et si l'on n’a pas les moyens, ça vaut toujours la peine de passer au CPAS” conclut-il.
Oser pousser la porte du CPAS avant qu’il ne soit vraiment trop tard. Demander de l’aide n’a jamais été honteux. Tel est l’essentiel du message délivré par Gaëtan Salpeteur et Catherine Dermience, respectivement président et assistance sociale en chef du CPAS de Marche.
“Nous sommes sollicités de toutes parts depuis le covid, les inondations, l’accueil des réfugiés ukrainiens et maintenant cette crise de l’énergie”, entame le président du CPAS, avant d’ajouter: “Ce sont toujours des crises qui s’ajoutent à d’autres crises.” Nos deux interlocuteurs confirment les dires du consultant du guichet énergie. “Avec cette crise, nous touchons une couche supplémentaire de la population: la classe moyenne. On voit arriver un public que nous ne connaissions pas”, explique Gaëtan Salpeteur qui gère annuellement un budget d’environ 14 millions d’euros. Pour élaborer la nouvelle enveloppe annuelle, le président a fait comme tout le monde, il a tablé sur des factures du gaz multipliées par quatre. On ne va pas se mentir, autant se bander les yeux avant de lancer une fléchette en espérant de tout cœur atteindre le centre de la cible. Un grand saut vers l’inconnu.
“Nous sommes ouverts à tout le monde. Il faut déstigmatiser le CPAS.” Catherine Dermience Assistante sociale en chef du CPAS de Marche
De son côté, Catherine Dermience profite du stylo qu’on lui tend pour faire passer un message déjà largement répercuté, mais pas assez entendu: “Nous sommes confrontés à un nouveau public pour lequel il est compliqué de venir au CPAS. Mais nous sommes là pour cela, nous sommes ouverts à tout le monde. Il faut déstigmatiser le CPAS.”
“Aujourd’hui, le CPAS s’adresse à tout le monde”, enchaîne le président qui évoque un maillage pour décrire les aides venues des villes, des Régions et du Fédéral. En espérant que ce maillage ne lâche pas. “Si un soutien manque, nous aurons des difficultés”, explique-t-il, avant de préciser qu’il attend beaucoup du Fédéral. “S'il n’y a pas d’aides pour les pouvoirs locaux, on va connaître des difficultés sans précédent.”
Difficile de faire un reportage sur la gestion de la crise énergétique sans passer par l’hôpital Princesse Paola, géré par l’intercommunale Vivalia. Dans cet univers aseptisé où le port du masque est encore de rigueur, on peut aussi parler de crise sur crise, comme nous l’explique Bertrand Lespagnard, directeur-général adjoint qui fait référence au covid et à la cyberattaque qui a touché Vivalia dans la nuit du 13 au 14 mai dernier. “Ce qui est encore plus compliqué pour un hôpital, c’est que l’on subit des coûts sans pouvoir modifier nos recettes”, explique notre interlocuteur pour qui les choses sont claires. “S'il n’y a pas un refinancement du secteur hospitalier, on va au-devant de grands problèmes.”
L’hôpital de Marche, comme d’autres, cumule les facteurs défavorables. Vétustes et énergivores, les bâtiments tournent 24h/24 et 7 jours/7. “Dans les unités de soins, on ne peut pas trop baisser la température. Nos patients sont faibles, il ne faut pas les affaiblir plus encore”, précise Bertrand Lespagnard avant d’ajouter qu’un groupe de travail a été mis sur pied afin de tenter de dégager des solutions ponctuelles et structurelles. Dans cet esprit, Vivalia installe actuellement une machine de cogénération à Marche.
Des pistes de réflexion sont en cours concernant d’autres solutions (baisser d’un degré les piscines de revalidation de Virton et Libramont), mais chacun semble conscient du fait que ces “mesures prises à la marge ne vont pas tout solutionner”. Et quand on lui demande comment l’intercommunale va faire face à toutes ces hausses de coûts imprévisibles, Bertrand Lespagnard répond… par un long silence. Avant de se reprendre.
“On va essayer de trouver des solutions, mais nous ne sommes pas capables de faire des miracles.” Bertrand Lespagnard Directeur général adjoint de Vivalia
Réduire les dépenses, négocier une prise en charge spécifique énergie avec le Fédéral et discuter d’une indexation des honoraires avec l’Inami. De quoi avoir un petit matelas. Et si ces pistes n’aboutissent pas, le directeur général adjoint de Vivalia ne se veut pas optimiste: “Nos actionnaires (la province et les communes) devront prendre le déficit à leur charge. Ils sont eux-mêmes en difficulté, l’idée n’est pas d’en rajouter sur leur dos. On va essayer de trouver des solutions, mais nous ne sommes pas capables de faire des miracles.” Si le père Noël décide tout de même de passer cette année, pas certain que sa hotte sera bien remplie.
“S’il n’y a pas de refinancement du secteur hospitalier, on va au devant de grands problèmes.” Bertrand Lespagnard Directeur général adjoint de Vivalia
À Marche, il y a le Wex, un hall d’expositions qui propose aussi des salles pour des concerts (6 palais allant de 3.000 à 3.500 mètres carrés) dirigé depuis peu par Bruno Demoulin. Devant nous, à l’accueil, deux hommes de métier venus finaliser les détails d’un contrat portant sur le placement de panneaux photovoltaïques sur le toit d’un nouveau bâtiment. Cet investissement de 200.000 euros devrait couvrir une bonne partie de la facture d’électricité du Wex, confie son nouveau directeur. Parallèlement à cela, il est question de changer le système actuel de chauffage, mais “c’est un travail qui doit se faire de façon réfléchie”, précise Bruno Demoulin.
Une autre piste de réflexion passe par la Fédération des halls d’exposition qui réfléchit, avec l’ensemble de ses membres, à la possibilité de faire des achats groupés d’énergie. Mais, pour le reste, c’est le bon sens qui servira de fil rouge. “Il faut consommer moins, nous sensibilisons nos équipes par rapport à la fermeture des portes quand le chauffage va refonctionner”, explique Bruno Demoulin.
“On sensibilise les organisateurs mais certains tiennent à chauffer à 22 degrés malgré tout.” Bruno Demoulin Directeur général du Wex
Sensibiliser le personnel et annoncer aux exposants et aux visiteurs des salons que la température ambiante des halls va passer de 22 à 20 degrés. Et quand toutes les économies possibles auront été réalisées, les prix de l’énergie seront répercutés sur les exposants qui eux-mêmes les mettront à charge des visiteurs. “Tout le monde doit faire des efforts, tout le monde va devoir diminuer sa consommation”, assure notre interlocuteur, avant de conclure: “Aujourd’hui, un entrepreneur qui n’a pas cette démarche environnementale, ce n’est pas très responsable. Au-delà de l’économie, cette démarche doit être dans la tête de tout le monde.” Quand il est question de (tenter de) changer les mentalités.
Neuf frigos qui tournent 24 heures/24, le boucher Didier Poës consomme 54.000 kilowattheures par an, ce qui, au stade actuel, représente une facture d’électricité mensuelle de 1.200 euros par mois. Comme d’autres autour de lui, il aurait pu mettre des panneaux photovoltaïques sur le toit de sa boucherie, mais la superficie n’est pas assez étendue. “Si je voulais mettre des panneaux, je devrais demander au curé de pouvoir les placer sur le toit de son église”, nous explique le boucher qui emploie neuf personnes dans le centre de Marche.
“Si les factures sont multipliées par 5, ils vont couler le pays et les PME.” Didier Poës Boucher à Marche
Sous contrat fixe jusqu’à la fin de l’année pour l’électricité, le boucher appréhende l’avenir proche. “On ne sait pas vers quoi l'on se dirige. Les factures vont-elles être multipliées par 3, 5 ou 10?” s’interroge Didier Poës qui n’a pas vraiment d’alternative. Une certitude? Ne jamais énerver le boucher quand il taille des côtes de porc. “Rajoutez l’index du mois de janvier à tout cela. On voit bien que le gouvernement n’a jamais rempli une fiche de paie. Si nous devions gérer notre entreprise comme ils gèrent l’État, il y a longtemps qu’ils auraient mis la clé sous le paillasson”, explique Didier Poës.
Il a des choses à dire, le boucher. Son objectif? Continuer coûte que coûte, donner de l’emploi, servir ses clients. Tiens, parmi ceux-ci, il y a Willy Borsus, le ministre wallon de l’Économie, par ailleurs conseiller communal à Marche. Il pourrait profiter de sa commande d’entrecôtes et de pâté d’Ardenne pour lui glisser le fond de sa pensée, déclamée à notre intention dans son arrière-cuisine. “Si les factures sont multipliées par 5, ils vont couler le pays et les PME, et s’il n’y a plus personne pour travailler, je ne sais pas où ils vont aller chercher l’argent.” Mais chez les Poës, boucher de père en fils, on ne mélange pas l’américain frais du jour et la politique. Alors on bosse et on croise les doigts, en attendant des jours meilleurs.
Cette crise énergétique, on l’a vu, frappe les boulangers de plein fouet. Et quand vous allez à Marche, tous les doigts pointent en direction de Martin et Maxime Delhaye, les deux frères qui ont repris la boulangerie paternelle en 2020. Treize points de vente et une dizaine de bâtiments, l’affaire des Delhaye se situe quelque part à mi-chemin entre l’artisanal et l’industriel.
C’est Martin qui nous reçoit dans leurs bureaux repérables de loin grâce à une éolienne qui, ce jour-là, mouline à bonne vitesse. Meunier des temps modernes, les Delhaye n’ont pas attendu la crise pour réagir. Leur éolienne et de nouveaux panneaux photovoltaïques - appelés à remplacer des anciens - couvriront entre 30 et 35% des coûts d’énergie du site. “Le conflit en Ukraine a été le déclencheur de la signature du contrat pour les nouveaux panneaux photovoltaïques”, reconnaît Martin Delhaye.
“Il ne faut pas faire peur aux gens, nous ne sommes pas encore au pain à 5 euros, mais on va devoir augmenter les prix.” Martin Delhaye Administrateur délégué de la boulangerie Delhaye
Au rythme où vont les choses, le boulanger sait qu’il devra répercuter les coûts de l’énergie sur les produits finis. “Il ne faut pas faire peur aux gens, nous ne sommes pas encore au pain à 5 euros, mais on va devoir augmenter les prix”, concède le boulanger. Mais ce ne sera pas de gaieté de cœur, quand on sait qu’il a déjà procédé à des augmentations de 16% en deux fois entre 2021 et 2022. “Nous sommes la cinquième génération, nous n’avions jamais autant augmenté en si peu de temps”, se désole notre interlocuteur.
“Nous n’avions jamais autant augmenté nos prix en si peu de temps.” Martin Delhaye administrateur délégué de la boulangerie Delhaye
Les deux frères se remettent en question en permanence, tenir la barre d’une société telle que la leur revient à tenter de franchir le Cap Horn en pédalo. “On se pose beaucoup de questions parce que l'on passe de crise en crise. Nous sommes en pleine zone de turbulences par rapport à la gestion d’une entreprise qui, elle, préfère la stabilité. Mais le but est de réagir et de poursuivre l’activité”, résume Martin Delhaye.
Augmentation des prix, suppression et évaluation de certains produits plus coûteux, réflexion sur la tournée vis-à-vis de certains clients, il y a encore des pistes à explorer. Mais l’idée est de ne jamais baisser les bras. Récemment, les frères ont repris la boulangerie Pierson, le long de la Nationale 4. Ils y ont installé un nouveau four électrique, mais vu la crise, la question de le mettre en route se pose. “On va le faire, j’aime aller de l’avant”, conclut Martin Delhaye.
Enfin, avant de quitter Marche, on tenait à vous présenter le bienheureux de l’étape. C’est encore un boulanger et il s’appelle Sylvain Poncelet. Et, contrairement à bon nombre de ses confrères, il ne fait que du pain, rien que du pain et toujours du pain. Ni viennoiseries ni pâtisseries, et c’est ce qui le sauve. Pas besoin de la chaîne du froid, pas de frigo ou autre comptoir réfrigéré tous deux énergivores. De la bonne miche de pain, messieurs dames, à l’ancienne. Attention, Sylvain Poncelet ne veut pas se comparer aux autres, loin de lui l’idée de faire la leçon, mais comme on lui pose des questions, il répond. “C’est tout ce qui est froid qui consomme beaucoup, c’est la chaîne du froid qui pénalise mes collègues”, assure-t-il.
Entre chance et clairvoyance, le boulanger tire son épingle du jeu. Pas encore né, celui qui roulera ce boulanger-là dans la farine. Son seul four fonctionne au mazout. Coup de pot et vision géostratégique, aurait-on envie de dire. Écoutez plutôt. “Quand Marche est passé au gaz de ville, on m’a poussé à passer ma chaudière au gaz, mais j’ai refusé parce qu’à cette époque, il y avait eu une rupture de la canalisation de gaz entre Marche et Ciney. Cette panne m’a fait dire que j’allais être dépendant d’un pipe-line sur lequel je n’avais aucune emprise. Je n’ai pas voulu de ce gaz et je m’en félicite aujourd’hui”, raconte Sylvain Poncelet.
En mai, il a fait installer 18 panneaux solaires sur son toit, un investissement de 10.000 euros qu’il compte récupérer en trois ou quatre ans. Pour le reste, ses consommations sont maîtrisées, il se dit serein face à l’hiver qui approche. Et il sait aujourd’hui que les choix de l’époque étaient les bons. “Je suis sauvé par le fait que je travaille à l’ancienne. Si l'on revenait à une façon de faire plus traditionnelle, les coûts seraient sans doute mieux maîtrisés”, explique le boulanger qui a démarré ses activités en 1989. À méditer.