Les syndicats aux futurs gouvernements: "Il ne faut pas faire mal aux gens"

Deux salles, deux ambiances. Dans notre édition de ce mardi, nous relations le vent d'optimisme qui souffle sur le monde patronal wallon au vu de la nouvelle configuration du paysage politique, qui penche désormais à droite.

Côté syndical, l'accueil est moins chaleureux... La prudence règne à ce stade dans les discours et c'est normal: aucune majorité nouvelle n'est encore constituée, aucun programme de gouvernement n'est donc ficelé, il est beaucoup trop tôt pour s'insurger. Ce serait crier au loup. Mais les perspectives ne réjouissent pas les leaders syndicaux. Tous ont en mémoire le saut d'index intervenu sous le gouvernement Michel (MR, N-VA, CD&V, Open VLD).

"Ce qui se dessine à tous les niveaux de pouvoir n'est pas positif pour nous", juge Thierry Bodson, président de la FGTB. "Il faut prendre le temps de l'analyse", estime Marie-Hélène Ska (CSC). "Quelle que soit la coalition, il ne faut pas faire mal aux gens", demande Olivier Valentin, secrétaire national du syndicat libéral (CGSLB).

Pouvoir d'achat

La secrétaire générale du syndicat chrétien pose plusieurs balises. Le fait de ne pas "ouvrir les vannes pour les entreprises" alors qu'on fait des économies budgétaires par ailleurs, par exemple. "On sera très attentifs à ce que personne ne soit laissé sur le côté. On reste très préoccupés par la question des fins de mois des actifs, mais aussi des inactifs", insiste-t-elle, faisant allusion à la volonté de la N-VA de ne pas indexer les allocations sociales.

Olivier Valentin la rejoint: "Il faut tenir compte de la situation des travailleurs, mais aussi des allocataires sociaux." Le syndicat libéral demande que les partis appelés à monter dans les nouveaux gouvernements consultent au préalable les interlocuteurs sociaux. Et qu'ils continuent à le faire ensuite.

"Il va y avoir des attaques contre nos fondamentaux", entrevoit Thierry Bodson. Il cite: l'enveloppe bien-être pourrait être rognée, la loi entourant les hausses de salaires sera maintenue... "Et le caractère fédéral de la Sécu va être remis en cause, avec la limitation dans le temps des allocations de chômage, qu'on va envoyer vers les régions." Il voit aussi la FEB revenir avec ses demandes de toucher à l'indexation automatique des salaires.

Autant de lignes rouges pour les syndicats.

"Il faut aussi maintenir une solide concertation sociale avec les forces vives", dit Olivier Valentin. "Et les enjeux climatiques ne vont pas disparaître du jour au lendemain. C'est maintenant qu'il faut agir!", prévient Marie-Hélène Ska.