Les 5 jours de formation obligatoires en voie de disparition?
Sous la pression des employeurs, l'outil pour encoder les jours de formation des travailleurs, à peine né, pourrait déjà disparaître. Le ministre Dermagne (PS) soupçonne les partis de l'Arizona de vouloir aller plus loin.
Les fédérations patronales mettent tout leur poids dans la balance. Elles demandent à cor et à cri depuis des mois la suppression du Federal Learning Account (FLA). Pour faire simple, il s'agit de l'outil en ligne où les entreprises doivent consigner les formations dispensées à leurs travailleurs. Trop lourd, trop complexe: FEB et Voka n'en veulent pas (notre édition de samedi).
Au sein de l'Arizona, les cinq partis sont d'accord pour dire que le FLA pose problème. La N-VA a déposé au parlement un texte le supprimant. L'idée est d'aller vite. En effet, les entreprises concernées sont tenues légalement d'avoir rempli leurs obligations pour le 30 novembre.
"Les organisations patronales mettent en avant une soi-disant difficulté d’encodage pour masquer une réalité. Celle qui veut que beaucoup d’employeurs ne respectent pas leurs obligations de formation envers leur personnel."
Un écran de fumée, selon Dermagne
Le ministre de l'Emploi Pierre-Yves Dermagne (PS) dénonce le dessein de l'Arizona. Selon lui, il est faux de dire que l'outil est une usine à gaz. Il en veut pour preuve que depuis le 1er juin, date d'entrée en vigueur du FLA, "près de 18% des entreprises concernées ont enregistré leurs formations et 252.900 travailleurs ont leur compte activé par leur employeur et les formations suivies enregistrées."
Il rappelle aussi que les entreprises ne sont pas tenues d'enregistrer chaque formation dispensée au fur et à mesure, mais par trimestre. Et qu'il est ouvert à des améliorations du système, pour les contrats étudiants et les flexi-jobs par exemple.
Pierre-Yves Dermagne soupçonne en réalité les organisations patronales de créer un écran de fumée: "Elles mettent en avant une soi-disant difficulté d’encodage pour masquer une réalité. Celle qui veut que beaucoup d’employeurs ne respectent pas leurs obligations de formation envers leur personnel", estime le ministre socialiste.
"Dans certains métiers, offrir cinq jours de formation n'est tout simplement pas possible."
Le MR veut assouplir l'obligation de formation
Ce dernier va plus loin et craint une remise en question des cinq jours de formation obligatoires. Ce point figurait en effet dans certaines versions des "super notes De Wever" qui ont circulé cet été. Si Les Engagés estiment que "l'objectif de 5 jours doit être conservé", du côté du MR, on se montre plus ouvertement favorable à un assouplissement.
"Dans certains métiers, offrir cinq jours de formation n'est tout simplement pas possible. Nous sommes ouverts à discuter du nombre de jours obligatoires, à être plus flexible. Ce qui ne veut pas dire qu'on remet en cause l'obligation de formation", nous explique David Clarinval, vice-Premier MR et négociateur de l'Arizona.
Pour Pierre-Yves Dermagne, la remise en cause de ces objectifs de formation serait dommageable pour les travailleurs, en particulier les plus âgés et les moins qualifiés. "C'est absurde. Comment les travailleurs inactifs, contre lesquels l'Arizona veut renforcer les sanctions, peuvent-ils rester actifs sur le marché du travail s’ils n’ont plus de compétences utiles? ", interroge-t-il.
À ce stade, rien n'est acté. L'Arizona continue à négocier.
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