Les accidents du travail au plus bas, mais les trajets domicile-travail plus risqués
Le nombre d'accidents graves sur le lieu de travail n’a jamais été aussi bas. En revanche, les trajets domicile-travail deviennent de plus en plus dangereux, notamment en raison de l'essor du vélo et de l'augmentation du trafic routier.
Le nombre d'accidents sur le lieu de travail dans le secteur privé a chuté l'année dernière à son plus bas niveau, à l'exception de l'année covid 2020. Ces données proviennent des chiffres récemment publiés par Fedris, l'Agence fédérale des risques professionnels.
En 2023, 100.797 accidents ont été recensés dans le secteur privé, dont 8.173 qualifiés de "graves" ou "particulièrement graves". Ces derniers incluent des décès ou des blessures importantes, telles que des fractures ou des brûlures. Ce chiffre, historiquement bas, passe pour la troisième fois seulement sous la barre des 8.500. Rapporté au nombre total de travailleurs, 2023 établit un nouveau record de sécurité.
Les trajets domicile-travail, un défi croissant
Cependant, la situation est bien différente pour les accidents survenus sur le trajet domicile-travail. Avec 24.770 incidents recensés dans le secteur privé, 2023 se hisse au troisième rang des années les plus accidentogènes, après 2010 et 2019. Près d’un accident du travail sur cinq s’est produit sur la route, un triste record.
Cette évolution s’explique par une double dynamique: une diminution des accidents sur le lieu de travail et une augmentation de ceux sur le trajet. "Les efforts en matière de prévention, combinés à l’automatisation et à l’optimisation des processus en entreprise, ont permis des avancées significatives sur le lieu de travail", explique Lode Godderis, professeur en médecine du travail à la KU Leuven et directeur général d’Idewe, un service externe de prévention et de protection.
En revanche, les trajets domicile-travail posent de nouveaux défis. "Le trafic routier s’intensifie et le vélo, notamment électrique ou speed pedelec, gagne en popularité. Cela entraîne une hausse des accidents, souvent liée à des comportements inadaptés – tant chez les cyclistes que chez les autres usagers – et à des infrastructures insuffisamment adaptées", détaille Godderis.
Pour les entreprises, ces accidents représentent un véritable casse-tête. "Vous pouvez sensibiliser vos employés à la sécurité ou à la visibilité, mais vous n’avez aucun contrôle sur l’état des infrastructures. Sur le lieu de travail, en revanche, il est possible d’intervenir de manière rapide et ciblée", ajoute-t-il.
Une baisse des accidents mortels
Le nombre d’accidents mortels sur le trajet domicile-travail continue en revanche de diminuer. En 2023, 34 personnes ont perdu la vie dans de tels incidents, un chiffre historiquement bas. À titre de comparaison, dans les années 1990, ce nombre oscillait entre 90 et 100 décès par an. Au cours des dix dernières années, il s’est stabilisé autour de 45 à 50 décès annuels.
Le nombre d’accidents entraînant une incapacité de travail permanente ou de longue durée (plus de six mois) a également chuté, enregistrant une baisse de près de 13% par rapport à 2022. L’augmentation concerne principalement les accidents légers sur le trajet domicile-travail. Les accidents ayant entraîné une incapacité de travail de moins de six mois ont augmenté de 6%, atteignant plus de 23.500 cas. Les incidents sans conséquences notables ont, quant à eux, progressé de 8%, totalisant 9.910 cas.
Les assureurs de plus en plus stricts
Fait notable: les compagnies d’assurance refusent de plus en plus de dossiers d’accidents du travail. En 2023, 16,2% des déclarations dans le secteur privé ont été rejetées, un record. En moins de vingt ans, ce pourcentage a plus que doublé.
Cette hausse s’explique par des contestations sur la définition même d’un accident du travail. Seul "un événement soudain survenu dans le cadre de l’exécution du contrat de travail ou sur le trajet domicile-travail" et "ayant causé des dommages" est pris en compte. Par exemple, un accident survenu lors d’une journée de télétravail est souvent sujet à débat.
C’est l’assureur de l’employeur qui décide de reconnaître ou non un incident comme un accident du travail. En cas de refus, la victime doit se tourner vers sa mutualité, ce qui entraîne une prise en charge financière moindre.
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