Que reste-t-il de l'emploi ouvrier à Bruxelles?
Bruxelles a subi la désindustrialisation de plein fouet. Pour autant, l'emploi ouvrier s'y maintient, sous de nouvelles formes.
Réindustrialiser. Le mot d'ordre est sur toutes les lèvres des décideurs européens. Comment inverser la tendance et réaffirmer la puissance industrielle sur le Vieux continent, pris en étau par la concurrence féroce qui se joue à l'échelle mondiale?
Désindustrialisation massive et rapide de Bruxelles
La fermeture annoncée de l'usine d'Audi, située sur le territoire bruxellois, est un nouvel exemple de la difficulté pour les pays européens de conserver leurs usines. Et avec elles, l'emploi.
Dans une étude publiée ce mercredi, Actiris se penche sur l'évolution de l'emploi et du chômage des ouvriers. On l'a peut-être oublié, mais au tournant des années 1970, Bruxelles était le plus important bassin d'emplois industriels du pays, devant Charleroi ou encore Liège et leurs charbonnages et hauts-fourneaux. La capitale recensait alors 164.000 emplois ouvriers.
Ce fut ensuite la crise pétrolière. Une désindustrialisation massive et particulièrement rapide s'ensuivit dans la capitale. Les abords du canal présentent encore les stigmates de ce déclin. Ce qui était alors l'une des zones d'activités principales du pays est aujourd'hui qualifiée de "croissant pauvre".
"En 25 ans, la part de l’emploi industriel dans l’emploi salarié total bruxellois est passée de 7,7% à 2,5%."
De l'industrie aux services
Pour autant, il ne faudrait pas croire que l'emploi ouvrier a disparu à Bruxelles. Au tournant du siècle, on en recensait encore 118.121. Et il a même crû les 20 années qui ont suivi, puisque 123.408 ouvriers étaient recensés en 2021 (+4,5%).
Il est donc loin d'avoir disparu, mais il a muté. Il a pris d'autres formes, s'éloignant de plus en plus de l'image d'Épinal de l'ouvrier productif travaillant à la chaîne dans un atelier surchauffé.
Cette évolution peut se résumer en deux mots: services et féminisation. "En 25 ans, la part de l’emploi industriel dans l’emploi salarié total bruxellois est ainsi passée de 7,7% à 2,5%. Sur la même période, l’emploi dans les services est passé de 92,3% à 97,4%", explique Gaspard Wiseur, analyste du marché de l'emploi chez Actiris.
Une surreprésentation au chômage
Les deux tiers de l'emploi ouvrier sont désormais localisés dans trois secteurs d'activité, dont le plus important est celui des titres-services, avec plus de 30.000 emplois, dont 75% de femmes. Suivent l'horeca et les transports, publics essentiellement. Dans l'ensemble, l'emploi ouvrier reste cependant majoritairement masculin (68%).
Cette mutation de l'emploi ouvrier bruxellois se répercute sur le profil des demandeurs d'emploi. S'ils occupent un emploi bruxellois sur cinq, chez Actiris, les ouvriers représentent un tiers des inscrits. Or, ils présentent un "risque d'enlisement dans le chômage de longue durée est plus élevé", souligne Actiris. Qui plaide pour la préservation d'une activité industrielle à Bruxelles, sur le terrain d'Audi à Forest notamment.
Les dernières infos et tendances sur l'évolution du marché de l'emploi en Belgique: taux de chômage, taux d'emploi, indexation des salaires, emploi des jeunes, insertion sur le marché du travail... Et un décryptage des politiques de l'emploi en Wallonie et à Bruxelles.
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