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Travailler moins sans perdre un euro: un test grandeur nature dans les entreprises

La réduction collective du temps de travail est une revendication de longue date du PS. Pierre-Yves Dermagne entend la rendre concrète. ©Karoly Effenberger

Le ministre de l'Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne lance une expérience grandeur nature de réduction collective du temps de travail ouverte à toutes les entreprises.

Travailler quatre jours par semaine, payés cinq? Ce sera bientôt une possibilité en Belgique. Le ministre de l'Économie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS) lance une expérience inédite, ouverte à toutes les entreprises qui veulent tester la pertinence d'une réduction collective du temps de travail (RCTT).

Lors du jobsdeal, le gouvernement fédéral avait lancé la semaine de cinq jours prestés en quatre. L'expérience qui va être lancée est différente: il s'agit bien de gagner autant en travaillant moins.

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C'est donc une revendication de longue date, à gauche, et côté socialiste singulièrement, qui va passer à l'épreuve de la réalité de terrain.

Une réponse aux pénuries et aux burn-out?

Dans un contexte de pénuries de main-d'œuvre dans une série de secteurs, est-ce bien le moment de réduire la présence des travailleurs dans les entreprises? "C'est justement peut-être un élément de réponse à ces tensions", répond Pierre-Yves Dermagne, qui y voit un élément d'attractivité pour ces métiers qui n'attirent plus.

"Je crois en la force de l'exemple."

Pierre-Yves Dermagne
Ministre de l'Économie et du Travail (PS)

Il y voit aussi une réponse à l'explosion des maladies professionnelles, les burn-out notamment. Et plus généralement à la demande d'un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle, qui marque le monde du travail post-covid.

Quel va être l'accueil réservé à cette initiative par les entreprises? Combien seront-elles à participer? Ce sera un élément-clé. Les fédérations patronales auront un rôle à jouer. Or, on le sait, elles se montrent généralement réticentes face à cette idée.

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"Une réduction collective du temps de travail, ça détruirait la compétitivité de nos entreprises. Je ne vois pas comment cela pourrait créer de l'emploi, à part théoriquement dans la tête de certains. Sur le terrain, ce ne sera jamais le cas", estimait par exemple Pieter Timmermans dans L'Echo en 2020.

Même Davos en parle

"Je crois en la force de l'exemple", dit Dermagne. Il s'appuie sur une expérience similaire menée pendant six mois l'année passée en Grande-Bretagne. Sur les 61 entreprises qui y ont pris part, 92% se sont montrées satisfaites. Les points positifs se marquaient au niveau du recrutement et de la fidélisation des équipes, de la santé et du bien-être des employés et même du chiffre d'affaires.

"Avant la pandémie, combien de patrons étaient contre le télétravail? Aujourd'hui, on ne pourrait plus s'en passer", rappelle M. Dermagne, qui voit aujourd'hui un contexte européen favorable à une telle évolution. L'Espagne mène une expérience-pilote. Le syndicat allemand IG Metall en a fait une revendication majeure. Le sujet s'est même invité à Davos.

Chaque entreprise pourra être créative et diminuer le temps de travail selon les modalités qui conviennent le mieux à son organisation et son activité.

Chaque entreprise aura le choix

Concrètement, les entreprises qui le souhaitent sont invitées à se faire connaître pour entrer dans l'expérience. Le Bureau du plan et Belspo seront mis à contribution. Il s'agira notamment de sélectionner l'équipe de chercheurs qui analysera les résultats de l'expérience.

Ou plutôt: des expériences. Car l'idée n'est pas d'imposer un modèle unique de réduction du temps de travail, mais de proposer de la souplesse, de la flexibilité, assure le ministre socialiste.

La volonté est de constituer l'échantillon d'entreprises le plus large possible. Il s'agit de tester des entreprises de toutes tailles, actives dans un maximum de secteurs de l'économie. Chaque entreprise pourra être créative et diminuer le temps de travail selon les modalités qui conviennent le mieux à son organisation et son activité.

On ne connaît pas encore la durée de l'expérience. Mais elle n'aboutira pas avant le scrutin de 2024. C'est cependant un pion important avancé par le PS dans la campagne électorale qui s'annonce, et dans son bras de fer avec le PTB en particulier.

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