Analyse

Quelle est la santé financière de votre hôpital?

Chaque année, L’Echo se plonge dans les comptes des institutions hospitalières bruxelloises et wallonnes. Et vous dit tout sur l’état de santé de votre hôpital. Suivez le guide.

Par Benoît Mathieu - 10 novembre 2022

Traitement des données: M. Delrue | Développement: B. Verboogen

Voilà une habitude qui remonte à 2018: inspecter, chaque année, les données financières, issues des comptes annuels et des rapports de gestion, des 37 hôpitaux bruxellois et wallons – dont certains comptent plusieurs implantations, rassemblées sous une même coupole. Nous nous focalisons sur les hôpitaux généraux, en laissant de côté les institutions psychiatriques ou spécialisées. L’objectif? Ausculter la santé financière d’un secteur essentiel et pourtant en crise perpétuelle, afin de suivre son évolution.

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, nous avons remis le couvert, avec le cru 2021 dans le viseur. Une année encore marquée du sceau du coronavirus, dans une moindre mesure toutefois qu’en 2020.

Quitte à tricher un peu, en vous parlant des turbulences actuelles. Parce qu’il était difficile de se pencher au chevet des finances hospitalières sans toucher un mot de la crise énergétique et de l’inflation galopante. Le choc de trop, après deux années de pandémie?

Découvrez ci-dessous les principaux enseignements.

Cherchez votre hôpital

Cet outil présente les résultats par groupe hospitalier. Vous pouvez cependant rechercher individuellement chaque hôpital de Wallonie et de Bruxelles.

Nom de l'hôpital

  • Statut:
  • Nombre de lits agréés: #data
  • Rentabilité (2021):
  • Marge bénéficiaire sur cinq ans:
  • ...

| Chiffre d'affaires

Sources: BNB, Hôpitaux

| Résultat courant

Sources: BNB, Hôpitaux

| Évolution du personnel

Sources: BNB, Hôpitaux
Sources: Agence intermutualiste

ENSEIGNEMENT 1

Une rentabilité au ras des pâquerettes

Un chiffre d’affaires en progression constante (+7,63% sur un an) et un résultat courant repassé en positif (+102,77%), ce qui n’était plus arrivé depuis 2016. Ces quelques signaux d’un vert pâlichon ne doivent pas masquer l’essentiel. À savoir que 37 groupes hospitaliers, pesant 22.356 lits agréés et un chiffre d'affaires de 10,245 milliards, dégagent péniblement un résultat de 1,03 million d’euros, ce qui rime avec une marge bénéficiaire de… 0,01%.

À savoir qu’à Bruxelles et en Wallonie, 43,24% des hôpitaux affichent une perte courante en 2021. Une tendance lourde, gravée au fil du temps qui passe: si l'on s'intéresse aux cinq dernières années, plus d'un hôpital sur deux (51,35%) y traîne une rentabilité négative.

Avec ces deux constantes: les hôpitaux bruxellois tirent davantage la langue que leurs homologues wallons. Et, économies d’échelle obligent, les petites structurent souffrent plus que les grosses.

ENSEIGNEMENT 2

La crise énergétique n’épargne pas les hôpitaux

Si votre facture énergétique flambe, ou est appelée à le faire, celle des hôpitaux fait logiquement de même. À une autre échelle, cependant. Et avec des moyens d’action réduits. Au CHU de Liège, la douloureuse n'est pas loin d'avoir triplé en un an: environ 13 millions en 2022, contre 5 millions d'euros en 2021 – et il serait question de 24 millions pour 2023. "Une partie de notre activité est très énergivore, comme l'imagerie médicale. On ne maîtrise pas les coûts et suspendre nos activités n'est pas une option. Bref, nous sommes comme un éléphant dans un couloir.”

Face à cette explosion des coûts et à un système de financement ne permettant pas d’y faire face, le gouvernement fédéral a débloqué une enveloppe de 80 millions d’euros pour le premier semestre 2023. Soit 160 millions sur une base annuelle, alors que le secteur estime le surcoût à près de 500 millions par an. Autant dire que cela risque de ne guère suffire.

ENSEIGNEMENT 3

L’indexation des salaires creuse les finances hospitalières

Plus lourde à digérer que l'envolée des prix de l'énergie, on vous présente l'indexation des salaires. “Avec une indexation à 10%, à la grosse louche, on se prend 9-10 millions d’euros dans la vue, détaille-t-on au CHU Saint-Pierre. Ça nous décape." Au CHU de Liège, on parle d'un impact d'une cinquantaine de millions d'euros. "Avec la contrepartie en recettes qui ne suit pas. C'est vertigineux.”

Parce qu’elles ne suivent pas, les recettes? Partiellement, et avec une guerre de retard. Si le budget des moyens financiers (BMF) tente de coller aux soubresauts de l'indexation automatique, il le fait parfois avec un certain décalage, susceptible de générer des problèmes de trésorerie. Le souci se situe plutôt du côté des honoraires, systématiquement indexés avec retard. Autant de retards qui ne sont jamais récupérés et s’inscrivent au registre "pertes sèches". "À chaque indexation des salaires, un hôpital moyen va perdre environ un million d'euros", estime-t-on du côté des fédérations hospitalières.

Qui brandissent le risque de faillites pour le cru 2023. D’autant plus que l’inflation ne tire pas que les salaires et les prix de l’énergie à la hausse: de l’alimentation à la blanchisserie, tous les postes de coûts y passent.

À la loupe...

Les plus fortes marges bénéficiaires sur 5 ans

1. Centre hospitalier de Mouscron 4,44% 2. Grand Hôpital de Charleroi 2,02% 3. Clinique Notre-Dame de Grâce 1,92% 5. CHR Verviers1,70% 6. Universitair ziekenhuis Brussel 1,65%

Les plus faibles marges bénéficiaires sur 5 ans

1. Institut Jules Bordet -6,56% 2. Hôpital Reine Fabiola -6,17% 3. CHU Brugmann -3,11% 4. CHR de la Citadelle -3,00% 5. Sankt-Nikolaus Hospital -2,82%

Les plus forts taux d'endettement

1. CHU Brugmann 64,28% 2. CHR Huy 63,60% 3. CHU Tivoli 53,53% 4. Hôpital Reine Fabiola 51,87% 5. Centre hospitalier chrétien 51,63%