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Formation du gouvernement fédéral: qu'est-ce qui ne va pas chez Vooruit?

Conner Rousseau doit composer avec une partie de sa base qui est allergique à la N-VA. ©BELGA

Le blocage chez Vooruit proviendrait d'un étrange changement de cap qui a fait de la question budgétaire la priorité au détriment des réformes structurelles.

Vooruit a-t-il saboté le formation d'un gouvernement fédéral ou s’est-il, au contraire, fait débarquer de la coalition par les quatre autres partis? Si le point est loin d’être tranché, le fait est que les socialistes flamands ne se sentent pas à leur place au sein de cet attelage de centre droit voulu par une majorité d'électeurs le 9 juin dernier.

Si Conner Rousseau avait déjà exprimé un premier refus fin août, l’épisode gantois n’a fait qu’amplifier le malaise. L’accord négocié entre Open Vld, N-VA et Vooruit a été torpillé par la base militante de Vooruit, estimant que la ville de Gand devait rester le bastion rouge qu’elle a toujours été. "Pour Conner Rousseau, ce fut un sérieux camouflet", confirme Nicolas Bouteca, politologue à l’université de Gand (UGent).

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Mais on ne peut pas non plus parler de désaveu complet. "Le parti est traversé par plusieurs courants, dont certains pour qui une participation avec des partis de droite est problématique", observe Nicolas Bouteca. "Ces gens-là ne tiendront pas rigueur à leur président de ne pas avoir transformé le résultat du 9 juin en une participation gouvernementale. Au contraire même..."

"Il semble que Vooruit ne soit plus intéressé que par l’équilibre budgétaire et préfère mettre de côté les réformes structurelles."

Nicolas Bouteca
Politologue (UGent)

Certains militants socialistes n’ont jamais vraiment accepté la "bromance" qu’entretenaient depuis plusieurs années Bart De Wever et Conner Rousseau. Pour Nicolas Bouteca, Rousseau doit d’ailleurs une bonne partie de sa popularité au fait qu’il ait été très tôt apprécié et mis en avant par Bart De Wever. "De Wever est un faiseur d’opinion en Flandre et Rousseau a tiré une partie de son crédit et de sa popularité de cette proximité avec le président de la N-VA."

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Changement de cap

Aujourd'hui, l’exaspération à l’égard de Conner Rousseau commence à gagner les quatre autres partis, comme en témoigne le communiqué inhabituellement tranché diffusé lundi par la présidence des Engagés, qui pointe clairement la responsabilité des socialistes flamands face au blocage actuel.

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"On a assisté à un étrange changement de cap chez Vooruit depuis juin dernier", constate Nicolas Bouteca. "Alors qu’il était question de mettre de l’ordre dans les finances publiques et de lancer des grandes réformes, au niveau du marché du travail et des pensions notamment, il semble que Vooruit ne soit plus intéressé que par l’équilibre budgétaire et préfère mettre de côté les réformes structurelles. C’est un changement de cap qui étonne et qui exaspère les partenaires de l’Arizona."

Pourtant, la porte reste encore légèrement entrouverte, comme l’a souligné Frank Vandenbroucke sur les ondes de la VRT mardi matin. "Si le point d'équilibre peut glisser, nous revenons à la table", a-t-il assuré.

"Côté flamand, il y a moins d’économies à réaliser et plus d’argent à distribuer."

Nicolas Bouteca
Politologue (UGent)

Le ténor socialiste flamand considère que dans l’état actuel, la note du formateur fait peser 95% de l'effort d'assainissement budgétaire sur les pensions, la sécurité sociale, les adaptations de l'index, les services publics et la réduction de moitié de la coopération au développement. Parallèlement, un effort de 5% seulement devrait être consenti par les grandes fortunes par le biais de constructions qu’il considère comme "douteuses". "Le curseur peut encore être déplacé", a-t-il assuré.

Pourquoi en Flandre, ça fonctionne ?

Reste la question de savoir pourquoi l’Arizona a pu voir le jour en Flandre alors qu’elle est toujours coincée dans les starting-blocks au niveau fédéral. "Le gouvernement flamand ne compte que trois partis (N-VA, CD&V et Vooruit, NDLR.). Se battre à un contre deux ou à un contre quatre, ce n’est pas le même chose", fait remarquer Nicolas Bouteca. "Mais surtout, côté flamand, il y a moins d’économies à réaliser et plus d’argent à distribuer."

Le résumé
  • En bloquant la négociation, Vooruit a ligué les quatre autres partis contre lui.
  • Vooruit accepte toujours de corriger le déficit budgétaire, mais ne semble plus vraiment partant pour de grandes réformes.
  • Une partie de la base de Vooruit semble cependant appuyer l'attitude de refus de Conner Rousseau.
  • Si en Flandre la mayonnaise a pris, c'est d'abord parce qu'il y a plus d'argent à distribuer.
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