L'Arizona naît au forceps
Au bout du suspense, Bart De Wever est parvenu à forger un accord de gouvernement. Et évite une nouvelle crise politique à la Belgique.
L'Arizona tient son accord. Et la Belgique son nouveau gouvernement. 235 jours après les élections législatives, Bart De Wever va présenter au Roi le fruit du compromis entre la N-VA, le MR, le CD&V, Les Engagés et Vooruit.
L'échéance que les cinq partis s'étaient fixée a donc été tenue in extremis. Le pays évite une nouvelle crise politique. Mais ce fut laborieux jusqu'au bout entre partenaires de la nouvelle majorité.
À plusieurs reprises, on fut proche du crash. Vers 16h ce vendredi, un accord paraissait à portée de main, avant que Georges-Louis Bouchez refuse "l'ultime et meilleure proposition" de Bart De Wever que les quatre autres partis étaient prêts à signer.
L'échec semblait inévitable. Mais, aidé par Maxime Prévot, Bart De Wever choisit de laisser une nouvelle chance à la discussion et de repousser à plus tard le rendez-vous prévu sur le coup de 18h au Palais.
Après de nouveaux échanges autour de la taxation des plus-values, les cinq partis tenaient leur accord socio-économique. Restait à boucler un dernier round de négociations sur les questions éthiques, dont le très sensible dossier de l'interruption volontaire de grossesse.
Ce qui fut fait à 21h30 heures. Bart De Wever pouvait filer au Palais de Bruxelles pour annoncer la fumée blanche au Roi. Pendant ce temps, les négociateurs entamaient les discussions autour de la répartition des paquets de compétences.
Bart De Wever devrait tenir une conférence de presse ce samedi en milieu de journée pour donner davantage de détails sur le contenu de l'accord, nous revient-il. Dans la foulée pourront se tenir les congrès de participation des différents partis, certains dès samedi, les autres dimanche.
Éviter "le syndrôme Vivaldi"
Le conclave entamé mercredi, s'il s'est terminé par un accord, a donné à voir toutes les divergences qui pourraient rejaillir au cours de la législature. La journée de vendredi fut à l'avenant, avec une dramatisation de tous les instants.
Les cinq partis estiment pouvoir éviter un "syndrome Vivaldi" en se dotant d'un accord de gouvernement historiquement détaillé, de plusieurs centaines de pages, pour baliser strictement la marche à suivre de chaque ministre et la vie du nouveau gouvernement. Une méthode de travail qui devra prouver son efficacité à l'épreuve des faits.
En attendant, Bart De Wever peut se targuer d'avoir mené à bien l'avènement du nouvel exécutif, alors qu'on a frôlé l'échec à plusieurs reprises ces sept derniers mois.
Ce premier devoir accompli, le nationaliste flamand devra désormais convaincre qu'il peut être le Premier ministre de tous les Belges, du nord comme du sud du pays.
Il devra aussi montrer qu'il peut imposer son leadership pour maintenir la concorde au sein de sa coalition. Il aura fort à faire au vu des échanges souvent musclés qui ont émaillé la formation de cette coalition Arizona. Mais aussi vu l'ampleur de l'effort budgétaire à mener – 23 milliards d'euros – qui nécessitera sans doute de nouveaux arbitrages.
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