L'armée israélienne a accusé dimanche le Hezbollah de chercher l'escalade militaire au risque d'entraîner le Liban dans une guerre, après de nouveaux accrochages à la frontière, où la tension est vive depuis l'attaque lancée le 7 octobre par le Hamas palestinien en Israël. "Le Hezbollah agresse et entraîne le Liban dans une guerre dont il ne tirera aucun profit, mais dans laquelle il risque de perdre beaucoup", a averti un porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus, sur le réseau social X (ex-Twitter).
La communauté internationale redoute un débordement de la guerre déclenchée le 7 octobre entre le Hamas et Israël, et une plus grande implication notamment du Hezbollah pro-iranien, un allié du mouvement islamiste palestinien Hamas. La dernière guerre entre Israël et le Hezbollah, en 2006, avait fait 1.200 morts au Liban et 160 en Israël, la plupart des soldats.
L'armée israélienne est depuis le 7 octobre en état d'alerte à sa frontière nord avec le Liban. Les affrontements transfrontaliers ont causé la mort ce weekend de six combattants du Hezbollah et d'un membre du Jihad islamique palestinien au Liban, tandis que trois soldats israéliens ont été blessés, dont un grièvement, ainsi que deux travailleurs agricoles thaïlandais. Depuis le 7 octobre, 29 personnes sont mortes côté libanais, en majorité des combattants, mais aussi des civils, dont un journaliste de l'agence Reuters. L'armée israélienne a de son côté fait état de quatre morts, dont trois soldats.
"L'État libanais est-il vraiment prêt à mettre en péril ce qu'il reste de la prospérité et de la souveraineté libanaises? C'est une question à laquelle les autorités libanaises doivent répondre", a dit dimanche Jonathan Conricus. Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lui fait état dimanche "de contacts diplomatiques au niveau international et dans le monde arabe ainsi que des réunions locales afin de mettre un terme aux attaques israéliennes contre le Liban" et d'empêcher que le conflit à Gaza ne déborde sur le territoire libanais. "Les amis du Liban continuent de déployer tous les efforts nécessaires en vue de rétablir la situation à la normale", a affirmé le Premier libanais.
Toutefois, par mesure de "précaution", le Liban est en train d'élaborer un plan d'intervention d'urgence. Samedi, le numéro deux du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, avait de nouveau brandi la menace d'une escalade. Dimanche, l'Iran a averti Israël et les États-Unis que la situation risquait de devenir "incontrôlable". L'Agence nationale officielle du Liban (NNA) a rapporté que des avions israéliens survolaient le sud du Liban dimanche matin, ajoutant qu'Israël bombardait divers sites le long des zones frontalières. L'agence avait déjà signalé des frappes israéliennes le long de la frontière samedi soir et indiqué qu'un drone israélien avait tiré un missile sur le territoire libanais dans la région de Jezzine, à plus de 15 kilomètres de la frontière.
Dimanche matin, l'armée israélienne a dit avoir repéré "une cellule terroriste tentant de tirer des missiles antichars" vers Avivim, un village agricole frontalier. La frappe a permis d'empêcher l'attaque, selon l'armée. Une autre cellule a tiré un missile antichar sur un tank israélien "dans le secteur de Har Dov", situé dans la zone frontalière contestée des Fermes de Chebaa, a encore dit l'armée. "En réponse, le char a ouvert le feu en direction de la cellule", a-t-elle ajouté, sans faire état de victimes ou dégâts côté israélien. Le ministère israélien de la Défense a par ailleurs annoncé l'évacuation de quatorze collectivités supplémentaires dans la zone frontalière, dont de nombreux habitants ont déjà fui. Plusieurs milliers de Libanais ont également fui les régions frontalières pour se réfugier plus au nord dans la ville méridionale de Tyr.