Depuis un an, 1,9 million de Gazaouis ont été déplacés à l'intérieur de leur territoire. L'Echo a pu échanger avec Hussein, père de trois enfants, qui nous raconte son difficile parcours à travers son propre pays.
Journaliste: Nicolas Baudoux | Développement: Benjamin Verboogen | Publié le 5 octobre 2024
C'était il y a un an. L'attaque terroriste du Hamas contre des communautés du sud d'Israël amorce un conflit sans précédent dans la bande de Gaza. La contre-offensive de l'armée israélienne a ainsi déclenché le plus grand nombre de déplacements internes depuis que des données sont disponibles (2008), selon le dernier Rapport mondial sur le déplacement interne.
“Les habitants sont en alerte de manière permanente. Certaines familles que nous avons rencontrées ont été déplacées 20 fois”, nous informe le Comité International de la Croix-Rouge (ICRC) depuis Gaza, qui mène un travail humanitaire sur place avec plus de 350 personnes. “C'est un désastre indescriptible en matière de santé mentale”. À l'heure actuelle, 86% du territoire de la bande de Gaza est sous ordre d'évacuation, selon des données récoltées par l'OCHA.
1,9 million de personnes, soit neuf habitants sur dix, ont été déplacés au moins une fois. La barre du million ayant été atteinte moins de deux semaines après le début du conflit, suite au premier ordre d'évacuation de l'armée israélienne. Le 13 octobre, les officiers israéliens ordonnent, en effet, aux 1,1 million de Gazaouis qui vivent dans la moitié nord de la bande de Gaza d'évacuer dans les 24 heures. C'est à cette date-là qu'Hussein, le Palestinien de notre récit, a dû quitter la ville de Gaza, la plus importante du territoire.
Ces Palestiniens ont dès lors cherché refuge dans des camps de secours, des hôpitaux, des écoles. Ils y ont fait face, selon l'ICRC, à “une insécurité alimentaire importante” et à un faible accès aux soins, dans un pays en guerre. La situation empire encore pour les déplacés lorsque l'armée israélienne annonce, mi-novembre, étendre son invasion au sud du territoire.
Les camps d'accueil sont saturés. L'OCHA, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, avertit que certains refuges dépassent de plus de quatre fois leur capacité prévue. L'ICRC alerte: “La situation humanitaire est catastrophique. Les besoins primaires ne sont pas satisfaits: les déplacés n'ont généralement pas accès à des toilettes décentes ou n'ont pas eu la chance de manger des légumes ou des fruits frais depuis un an”.
Les habitants de la bande de Gaza ne sont pas les seuls à devoir bouleverser leur quotidien et à subir des déplacements. Au Liban, suite aux récentes frappes de l'armée israélienne dans des opérations visant le Hezbollah, un million de personnes se seraient déjà déplacées, selon le Premier ministre libanais Najib Mikati. Mercredi dernier, le porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone, Avichai Adraee, a publié un message sur son compte Telegram appelant les civils à évacuer "pour (leur) sécurité" plus de vingt localités dans le Sud-Liban.
De l'autre côté de la frontière, il y a un an, Israël avait déjà exigé l'évacuation de dizaines de zones frontalières avec le Liban pour établir une zone tampon le long de la frontière, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Récemment, Haïfa, la plus grande ville du nord d'Israël, est passée en état d'alerte après avoir été la cible de roquettes lancées par le Hezbollah. Des abris ont été construits par la population, aux côtés des 110 abris municipaux répartis dans la ville.
Notes
Merci à l'UNRWA de nous avoir mis en contact avec Hussein, avec qui nous avons pu échanger par téléphone et par écrit.
Les routes choisies pour relier les différentes villes sont des routes hypothétiques, elles peuvent s'éloigner de celles réellement empruntées par Hussein.
Traduction du SMS de l'ordre d'évacuation par l'IA et vérification humaine.
Format créé avec Mapbox Storytelling.
Sources
Images satellites: Maxar Technologies
Analyses des bâtiments endommagés et détruits: Damage analysis of Copernicus Sentinel-1 satellite data by Corey Scher of CUNY Graduate Center and Jamon Van Den Hoek of Oregon State University (25 septembre 2024).
Images AFP / Hussein.
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