Pourquoi Jean-Pascal Labille a perdu tout espoir pour le 25 mai
Le ministre des Entreprises publiques ne se fait plus aucune illusion (politique) et ne devrait pas être sur les listes pour le 25 mai. Sauf si Di Rupo siffle la fin de la récré liégeoise…
Il suffira d’un signe. Six mois, ou presque, ont passé depuis qu’un matin de septembre, depuis New York, Jean-Pascal Labille a fait savoir via son compte Facebook qu’il ne figurerait pas sur les listes électorales le 25 mai. L’annonce avait pris de court le Boulevard de l’Empereur et jusqu’à Elio Di Rupo himself, mais la nouvelle n’a, à ce jour, pas été démentie. Et pour cause: Labille, qui a un temps pensé qu’on le rappellerait, n’y croit plus guère. Et a perdu ses illusions sur le fait qu’il pourrait se lancer dans la bataille électorale.
Seul un sauvetage in extremis, un signe appuyé de la part du Premier ministre, pourrait changer cette donne. Mais l’ex-boss des Mutualités socialistes n’a plus réellement envie d’entrer dans la compétition.
Ne tournons pas autour du pot: le fameux "club des cinq" Liégeois, où Jean-Claude Marcourt, Willy Demeyer, Alain Mathot, Stéphane Moreau et André Gilles règlent les affaires de la Cité ardente en petit comité, a eu la peau politique de Labille. Le "club", donc, n’aime guère les têtes qui dépassent. Ainsi pas de place pour Labille celui qui a imposé la limite de 290.000 euros dans les entreprises publiques, un trophée socialiste tout de même. Il est considéré comme trop proche du Premier ministre, trop technocrate, "trop Bruxellois"… Avec un bon score, et nul doute que ses réseaux mutuellistes le lui auraient permis, il entraverait les velléités ministérielles d’un Willy Demeyer par exemple. Celui-ci se verrait bien ministre de l’Intérieur…
Déjà, les débats sont sans fin autour de Frédéric Daerden qui, comme Labille, souffre du handicap de pouvoir éclipser l’une ou l’autre star locale avec son réservoir à voix lié à son patronyme. En gros, tournez-le dans le sens que vous voudrez, mais à Liège, les camarades susceptibles de faire un paquet de voix, on s’en méfie. "Ils préfèrent perdre des sièges, plutôt que de mettre les gros bras en bonne position. Après cela, ne vous demandez plus jamais pourquoi la Fédération du Hainaut domine le Parti socialiste", remarque un observateur avisé de la galaxie rouge. Ainsi Jean-Pascal Labille a-t-il été vraiment meurtri par le mauvais accueil reçu dans certaines "ligues" (en gros, des sous-sections locales du PS liégeois), particulièrement celles dominées par Jean-Claude Marcourt et Willy Demeyer, lorsqu’il a entrepris un tour de ces sections pour développer ses projets. "Ce sont les seuls endroits où on lui a fait remarquer que sa présence éventuelle sur des listes électorales serait un facteur de division des Liégeois", rapporte un socialiste.
Et voilà comment celui qui a les scalps de Didier Bellens (Belgacom) et Johnny Thijs (bpost) en poche devrait rester sur le carreau le 25 mai prochain, s’en retourner vers la direction des Mutualités socialiste et ses (nombreux) autres mandats.
A moins qu’Elio Di Rupo ne siffle la fin de la récréation liégeoise, et ne l’expédie en tête de liste européenne. Mais en a-t-il envie?