Les 10 sujets dont vous allez parler en 2023
Usure, pivot, crypto crash, Inde, Yaka!... Les chroniqueurs de L'Echo préfacent 2023 en zoomant sur 10 mots - et autant d'enjeux décisifs - qui vont jalonner l'actualité l'année prochaine. Par la rédaction, le 21 décembre 2022
Humiliée par ses échecs militaires, la Russie mise sur une guerre d'usure en Ukraine
L'enjeu- Le Kremlin voulait prendre l'Ukraine en quelques jours. Son armée a essuyé un échec cinglant.
- Le conflit s'est mué en guerre de tranchées, comparable à celle de 14-18.
- Sans paix négociée, en 2023, le conflit deviendra plus que jamais une guerre d'usure, où Moscou cherchera à épuiser son adversaire.
À l'aube du 24 février, le président russe Vladimir Poutine lance plus de 200.000 hommes et des colonnes de blindés à l'assaut de l'Ukraine. C'est une invasion totale, comme prédit par les services de renseignements américains. Et comme l'Europe n'en a plus connu depuis 1939. À l'appel du président Volodymyr Zelensky, les Ukrainiens et leur armée se lèvent. Les États-Unis et l'Europe font bloc derrière Kiev, lui envoient des armes et sanctionnent la Russie.
Ce qui devait être une “guerre éclair” pour renverser Zelensky, dans la plus pure tradition soviétique, se mue en échec cuisant pour l'armée russe, humiliée et forcée de battre en retraite. En septembre, la contre-offensive ukrainienne repousse les Russes derrière le Dniepr et sur les positions proches de celles tenues avant-guerre par les milices pro-russes.
L'armée russe, retranchée, se reconstitue pendant que ses missiles et ses drones ravagent les infrastructures ukrainiennes, plongeant la population dans le noir et le froid.
L'armée ukrainienne, redoutable, est soutenue par les armes occidentales de haute précision. Mais sa capacité à avancer est limitée par la masse des forces russes dont les stocks d'obus paraissent illimités.
Le conflit s'est transformé en guerre de tranchées, comparable à la Grande Guerre de 14-18, où les deux camps avancent de quelques mètres au prix de grands sacrifices. L'armée russe a perdu son prestige et des dizaines de milliers d'hommes. L'opinion publique russe commence à douter. Poutine est isolé sur la scène internationale.
L'armée ukrainienne, redoutable, est soutenue par les armes occidentales de haute précision. Mais sa capacité à avancer est limitée par la masse des forces russes dont les stocks d'obus paraissent illimités. La population ukrainienne souffre, harcelée par les bombardements russes.
En 2023, ce que le Kremlin appelle encore “une opération spéciale” sera plus que jamais une guerre d'usure, où Moscou cherchera à épuiser son adversaire dans l'espoir de lancer une nouvelle offensive. Au risque de fragiliser, encore plus, la paix mondiale et l'Europe.
Un "pivot" est attendu dans les politiques monétaires
L'enjeu- 2023, l'année où les banques centrales devraient changer de cap.
- Tout dépendra du rythme auquel l'inflation ralentira.
- Les investisseurs sont pleins d'espoir.
En 2023, les banques centrales devraient pivoter: après avoir mené un intense combat contre l'inflation, elles devraient changer de cap pour soutenir une économie à court de rythme. Toute la question est de savoir quand surviendra ce “pivot”.
La première étape sera l'arrivée des taux d'intérêt directeurs à leur niveau final. La Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, portera-t-elle le taux des fonds fédéraux, le taux directeur US, à plus de 5% ou s'arrêtera-t-elle juste avant? La Banque centrale européenne (BCE) ira-t-elle jusqu'à augmenter le taux de sa facilité de dépôt à 2,5% et son taux de refinancement à 3%? Tout cela dépendra de l'évolution de l'inflation, que les économistes s'attendent à voir ralentir l'année prochaine, sans pouvoir prédire, évidemment, avec certitude le rythme de cette décélération de la hausse des prix…
Le bitcoin a vu le jour en 2008. Il s'échangeait encore contre 1.000 dollars en janvier 2017 et a atteint les 68.925 dollars au plus fort de l'année 2021.
Une fois le pic de l'inflation et des taux atteint, la seconde étape sera la décision potentielle des banques centrales de recommencer à réduire leurs taux directeurs. Le cas échéant, ce serait alors l'aboutissement du pivot tant espéré par les investisseurs. Pourquoi cet espoir? Car des taux en baisse impliquent des conditions financières plus favorables à l'activité économique et, donc, la perspective de gains plus élevés pour les sociétés cotées… et leurs actionnaires.
En attendant, les investisseurs pourront déjà miser sur le pic des taux à venir en investissant en obligations quand celui-ci sera atteint. Ce serait en 2023, pensent les économistes. Mais impossible de savoir exactement quand…
Le marché crypto pourra-t-il se relever en 2023?
L'enjeu- Les scandales à répétition, comme la faillite de la plateforme FTX, ont terni l'image des cryptomonnaies.
- Leur valeur s'est effondrée en 2022.
- Le bout du tunnel n'est sans doute pas pour tout de suite.
Le marché crypto a-t-il atteint son plancher? C'est l'une des questions que tout le monde se pose à l'issue de cette année 2022 qu'il faut bien qualifier d'”annus horribilis” pour un marché dont la valeur a fondu de quelque 2.000 milliards de dollars depuis le mois de janvier. Celle de la plus célèbre des cryptomonnaies, le bitcoin, a ainsi perdu 60% sur la même période, et même 75% depuis son fameux pic à près de 69.000 dollars à l'automne 2021. Plus encore que d'un “hiver crypto”, c'est davantage d'un “crypto crash” dont il faudrait ici parler.
La déroute a débuté avec la perspective du relèvement des taux des banques centrales, qui a lourdement pesé sur les poches les plus spéculatives des marchés, en ce compris les cryptomonnaies. Il s'en est ensuite ensuivi une série de scandales qui ont largement ébranlé la confiance des investisseurs.
La faillite de FTX aura montré, en tout cas, l'urgente nécessité d'une véritable régulation de la crypto-sphère face à l'opacité et l'interconnexion presque “consanguine” de ses acteurs.
Au-delà de l'implosion du Terra USD, ce “stable coin” adossé au dollar, au printemps dernier, c'est surtout la faillite retentissante de la plateforme FTX cet automne qui demeure dans tous les esprits. Aujourd'hui arrêté et poursuivi par les autorités américaines pour des accusations notamment de fraude et blanchiment d'argent, son patron emblématique Sam Bankman-Fried a bel et bien réussi à tromper tout le monde en se faisant passer pour un acteur respectable au milieu du “Far West” de la crypto. Au grand dam des utilisateurs de la plateforme, qui ne reverront sans doute jamais l'argent qu'ils y avaient investi.
L'épisode aura montré, en tout cas, l'urgente nécessité d'une véritable régulation de la crypto-sphère face à l'opacité et l'interconnexion presque “consanguine” de ses acteurs. D'autant que les craintes d'un effet de contagion restent plus que jamais dans l'air. Nul doute que d'autres dominos pourraient encore tomber ces prochains mois.
L'Inde monte en puissance
L'enjeu- L'Inde va devenir le pays le plus peuplé de la planète.
- Sa montée en puissance est économique, mais aussi géopolitique.
- C'est le pays à suivre en 2023!
C'est un cap symbolique: en 2023, l'Inde va ravir à la Chine la place du pays le plus peuplé du monde, avec près de 1,43 milliard d'habitants, selon les projections du World Population Prospects 2022, un rapport rédigé par l'ONU. Et c'est une tendance de fond: à la fin de ce siècle, l'Inde sera deux fois plus peuplée que son grand voisin asiatique.
Mais le basculement n'est pas que démographique, il est aussi économique et politique. Alors que Pékin est restée longtemps engluée dans sa politique “zéro covid”, faisant toussoter son économie, l'Inde a fortement rebondi depuis la fin de la pandémie. Le FMI prévoit le rythme de croissance le plus rapide du monde en 2023. Des investisseurs se désengagent de la Chine au profit de l'Inde, où de nombreuses entreprises occidentales développent des affaires, à l'instar de John Cockerill par exemple. Son vaste marché intérieur, où la langue anglaise est largement répandue, est attractif.
Selon les dernières prévisions du FMI (octobre 2022), la croissance indienne devrait s'élever à 6,1% en 2023 après 6,8% en 2022. C'est la croissance la plus rapide parmi les grandes nations, loin devant la Chine (4,4% en 2023), les États-Unis (1%) ou la zone euro (0,5%).
L'Inde cherche aussi à s'affirmer sur le plan géostratégique et ne cache plus ses ambitions de peser sur les enjeux internationaux. La plus grande démocratie au monde réclame ainsi un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et fait figure de contrepoids potentiel à la Chine autocratique de Xi Jinping. New Delhi renforce son armée, y compris son industrie de la défense, et développe son programme spatial.
Mais l'Inde reste un géant aux pieds d'argile. Le pays souffre d'une bureaucratie et d'un régime fiscal complexes, d'un système juridique engorgé et d'une corruption endémique. Deuxième consommateur de charbon au monde et troisième émetteur de dioxyde de carbone, il demeure aussi dépendant du pétrole russe et son refus de couper les ponts avec Moscou le place dans une situation inconfortable au niveau diplomatique.
Avec Yaka!, oser voir grand pour son business, plus que jamais
L'enjeu- L'opération d'envergure destinée à booster l'esprit d'entreprendre en Belgique francophone s'inscrit dans la durée et prend de l'ampleur.
- Si l'envie est là, si les ingrédients sont là, à un moment, il faut y aller. Yaka!
Le nouveau cri de ralliement des entrepreneurs francophones résonnera encore en 2023 à coup sûr. L'opération d'envergure destinée à booster l'esprit d'entreprendre en Belgique francophone lancée par L'Echo en octobre 2022 n'en finit plus de faire des ricochets. Après un lancement réussi dans le fief de Marc Coucke, à Durbuy, Yaka! a fédéré une véritable communauté d'entrepreneurs et d'entrepreneuses qui partagent cet esprit d'entreprendre et ont de l'ambition à revendre.
L'année 2023 dévoilera toute une série de contenus dédiés aux entreprises à fort potentiel et en croissance. Ces entreprises se posent les mêmes questions, ont les mêmes problèmes et cherchent toutes des solutions pour concrétiser leurs ambitions. L'Echo va développer une boîte à outils pour les aider. Du son, de l'écrit, du pratique, de l'inspirationnel, il y en aura pour tous les goûts. Mais l'Echo n'oubliera pas son ADN et suivra l'actualité de ces entreprises, décryptera leurs enjeux macro- et micro-économiques et liés à l'innovation pour permettre à ses lecteurs de continuer à prendre de l'avance.
L'Echo a un rôle à jouer pour stimuler ce fameux esprit d'entreprendre et compte bien le tenir.
Bien sûr, l'esprit d'entreprendre ne se déclenche avec un claquement de doigt. C'est pour cela que Yaka! veut s'inscrire dans la durée. L'Echo a un rôle à jouer pour stimuler ce fameux esprit d'entreprendre et compte bien le tenir. Il n'y a aucune raison pour que la Wallonie et Bruxelles, qui ont brillé hier, ne puissent à nouveau briller aujourd'hui et demain. Le tout, c'est de le vouloir. Si l'envie est là, si les ingrédients sont là, à un moment, il faut y aller. Yaka!
Des bornes à tous les étages
L'enjeu- À partir de 2035, toutes les voitures neuves devront être électriques.
- À Bruxelles, l'objectif est d'avoir une borne à moins de 150 mètres de chaque ménage en 2024.
- Les défis et les perspectives économiques sont nombreux.
Que ce soit dans votre garage, au bureau, sur le parking des grands magasins, la voie publique ou le long des autoroutes, il n'y en aura que pour les bornes en 2023. C'est tout particulièrement vrai en Belgique, qui embrasse le transfert des moteurs à combustion vers les moteurs électriques à la vitesse grand V.
Faut-il le rappeler? Toutes les nouvelles voitures de société thermiques et hybrides commandées à partir du 1er juillet verront leur déductibilité diminuer au cours de leur vie. Un outil législatif prépondérant pour la transmission vers les voitures électriques dans notre pays.
À Bruxelles, l'objectif est d'avoir une borne à moins de 150 mètres de chaque ménage en 2024.
Mais alors que les voitures électriques vont rapidement se multiplier, il faudra bien les charger. Si vous êtes attentifs, en particulier en Flandre, mais aussi à Bruxelles et un peu en Wallonie, les bornes de recharge électriques poussent comme des champignons.
La Région bruxelloise s'est dotée d'un plan ambitieux encore peu connu (les infos sont à retrouver sur electrify.brussels). Mais le privé n'attend pas non plus. Delhaize a annoncé, en décembre, l'installation de 1.800 points de recharge rapide sur ses parkings belges. Et ce n'est qu'un exemple: chez Electric by D'Ieteren, on installe environ 1.000 bornes par mois.
À mesure que vos amis et connaissances opteront pour l'électrique, les discussions sur les bornes seront donc légion. Le business semble, en tout cas, colossal, avec son lot de défis à la clé.
Des niches bien gardées
L'enjeu- Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem souhaite réformer la fiscalité en 2023.
- Pour cela, il a l'intention de s'attaquer à plusieurs niches fiscales.
“Dans chaque niche, il y a un chien qui aboie”, se plaisait à dire Didier Reynders (MR) lorsqu'il était aux Finances. Lorsque son successeur Vincent Van Peteghem (CD&V) entend, dans son projet de réforme fiscale, s'attaquer aux niches fiscales, il va inévitablement se heurter à des résistances. Qu'il s'agisse des propriétaires lorsqu'il est question de taxer les loyers, des investisseurs lorsqu'il est question de taxer les plus-values sur actions, ou encore des sociétés holdings lorsqu'il est question de couper les ailes au régime des RDT (revenus définitivement taxés).
La réforme fiscale, si elle voit le jour avant la fin de la législature, ce qui est loin d'être acquis, devra encore franchir pas mal d'obstacles. Actuellement, elle se présente sous la forme d'une “épure”, rédigée par le professeur de droit fiscal Marc Delanote (UGent). Cette épure prévoit la suppression d'un grand nombre de régimes avantageux afin de pouvoir financer une réduction généralisée de la pression fiscale sur le travail dans le cadre d'une réforme qui se veut budgétairement neutre.
Le contrôle budgétaire de mars devrait faire entrer le gouvernement De Croo dans une nouvelle zone de turbulence.
Cette première ébauche est cependant loin de faire l'unanimité. Georges-Louis Bouchez a tout de suite fait savoir qu'il jugeait la réforme imbuvable en l'état. “Cela ressemble à un traité du PTB”, avait-il lancé. Accessoirement, le président du MR conditionne la réforme fiscale à une réforme du marché du travail, en ce compris une limitation dans le temps des allocations de chômage. Le bras de fer au sein de la Vivaldi ne fait que commencer.
Le déficit se creuse et remet le débat budgétaire à l'avant-plan
L'enjeu- Le déficit belge est actuellement estimé à 6% du PIB.
- Le débat budgétaire s'annonce central en 2023 alors que l'incertitude demeure sur l'évolution des prix de l'énergie
Après des années de crises marquées par une intervention massive de l'État pour soutenir les ménages et les entreprises, c'est l'heure du réveil de la question budgétaire. Avec un déficit qui tourne autour de 6% du PIB, soit environ 33,5 milliards d'euros, la Belgique figure en bas du classement de la zone euro. La Commission européenne en a fait l'amer constat, l'indexation automatique des salaires de la fonction publique et des allocations sociales fait que les dépenses publiques belges “augmentent trop vite”.
Le débat budgétaire s'annonce donc central en 2023 alors que l'incertitude demeure sur l'évolution des prix de l'énergie et les capacités du gouvernement fédéral à mener des réformes structurelles. Depuis la démission de la secrétaire d'État au Budget Eva De Bleeker, la situation des finances publiques a mis l'équipe De Croo sous la pression grandissante de l'opposition, flamande surtout. Cette pression devrait se maintenir jusqu'au contrôle budgétaire de mars qui pourrait faire entrer le gouvernement dans une nouvelle zone de turbulence.
Le contrôle budgétaire de mars devrait faire entrer le gouvernement De Croo dans une nouvelle zone de turbulence.
Au niveau des Régions et Communautés, l'état des finances wallonnes, plombées par les inondations de l'été 2021, apparaît comme particulièrement préoccupant avec une dette qui atteint 180% des recettes. Un ratio qui devrait grimper à 230% à l'horizon 2030. La dette de la Région bruxelloise - 10 milliards d'euros - a déjà suscité les inquiétudes de la Cour des comptes, tandis que les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles sont également en souffrance avec un déficit de 7,6% prévu en 2023.
Les puces, un enjeu qui irrite
L'enjeu- La crainte grandit au sujet d'une intervention militaire chinoise sur l'île de Taïwan, centre mondial de la fabrication des puces les plus avancées.
- Or, pour de nombreux pays, les semi-conducteurs sont une question de vie ou de mort.
- Avec son "Chip Act", l'Europe est déterminée à ne pas rester sur le banc de touche. La Commission entend inciter les plus grands fabricants du monde à installer des usines sur le Vieux Continent.
Ayant dépassé les 500 milliards de dollars de recettes pour la première fois en 2021, le marché des semi-conducteurs pèsera, d'ici 2030, quelque mille milliards de dollars de revenus, d'après McKinsey.
Taïwan y joue un rôle clé en tant que centre mondial de la fabrication des puces les plus avancées, avec 90% de part de marché dans ce créneau. Les craintes croissantes d'une intervention militaire chinoise sur l'île ont incité les gouvernements des États-Unis, du Japon, d'Inde et de nombreux pays d'Europe à s'empresser d'encourager l'expansion de la production de semi-conducteurs en leur sein, suscitant, par ricochet, des inquiétudes quant à une offre trop importante mise en service en un temps trop court.
Les semi-conducteurs sont une question de vie ou de mort; de larges pans de l'économie dépendent, en effet, de façon croissante de cet '"or noir de l'électronique"
Pour de nombreux pays, les semi-conducteurs sont une question de vie ou de mort; de larges pans de l'économie dépendent, en effet, de façon croissante de ce que certains qualifient désormais d'"or noir de l'électronique". Leur importance s'est ainsi révélée pendant la pandémie avec de graves pénuries affectant un large éventail de secteurs, et devrait continuer à faire l'actualité en 2023.
Avec son "Chip Act", l'Europe est déterminée à ne pas rester sur le banc de touche. Au début de 2022, la Commission a dévoilé un plan d'investissement de 42 milliards d'euros pour tenter d'inciter les plus grands fabricants de puces du monde à installer des usines sur le Vieux Continent. Objectif? Quadrupler la production européenne de semi-conducteurs d'ici 2030, pour arriver à 20% de la production mondiale.
Le géant américain des puces Intel a ainsi promis un investissement initial de 33 milliards d'euros, dont 17 pour un méga-site en Allemagne. Des fabricants de puces européens, comme STMicroelectronics et Infineon, développent également leurs installations en Europe, quand l'institut de recherche louvaniste Imec offre ses capacités de R&D aux poids lourds du secteur.
De leur côté, les États-Unis de Joe Biden tentent de freiner la montée en puissance technologique de la Chine, en imposant des restrictions aux exportations des puces électroniques les plus complexes à destination de ses géants nationaux. Certains parlent de "guerre froide" se jouant en coulisses d'autres conflits plus visibles.
Décider de prolonger les réacteurs nucléaires ne suffira pas
L'enjeu- Le gouvernement doit négocier avec Engie concernant la prolongation d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires.
- La question de la sécurité d'approvisionnement énergétique sera brulante en 2023.
Quelle que soit l'issue des négociations avec Engie sur la prolongation de Doel 4 et Tihange 3, les réacteurs nucléaires feront assurément encore l'actualité en 2023.
Il y a, d'abord, l'indisponibilité d'une part significative du parc nucléaire français, qui, en cas de grand froid, va raviver les craintes de pénurie d'électricité dès le début de l'année 2023 dans l'Hexagone, mais aussi par ricochet chez nous.
Il y a, ensuite, les défis que la Belgique doit relever pour assurer sa sécurité d'approvisionnement dans les années à venir. On a réalisé il y a quelques mois que faute de prolongation de Doel 4 et Tihange 3 pour dix ans en 2026, le risque était élevé pour la sécurité d'approvisionnement. Puis, Elia est venu expliquer au gouvernement en décembre que pour l'hiver 2025-2026 déjà, il y avait un trou à combler.
Décider officiellement de prolonger ne sifflera pas la fin de la partie: il y aura immanquablement des débats politiques sur les conditions de cette prolongation.
L'atome est désormais au centre du jeu. Et décider officiellement de prolonger ne sifflera pas la fin de la partie: il y aura immanquablement des débats politiques sur les conditions de cette prolongation. Ensuite, il faudra franchir une série d'étapes réglementaires, lancer une consultation publique transfrontalière, lister les investissements nécessaires, obtenir le feu vert du gendarme du nucléaire… On peut, sans aucun risque, prédire que tout ce parcours ne se fera pas sans incidents qui émailleront l'actualité de 2023.
Il y a, enfin, la question de l'avenir du nucléaire à long terme. Quel mix énergétique la Belgique veut-elle s'offrir après cette prolongation? Si on veut construire de nouveaux réacteurs, une décision rapide est nécessaire - en 2023 déjà, ou juste après les élections de 2024. Un soutien public sera aussi vraisemblablement nécessaire, faute d'acteur privé prêt à supporter le risque d'un investissement de ce type. Voilà qui promet de chaudes discussions…
Réalisation:
Coordination: Clément Bacq
Développement: Benjamin Verboogen