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Les échéances énergétiques qui attendent les propriétaires belges

En Région wallonne, pour accéder aux primes à la rénovation, il faut d’abord faire passer un auditeur et remplir un formulaire de demande de prime "audit". ©Jordi Huisman/Hollandse Hoogte

Alors que l’Europe veut rendre l’isolation des habitations obligatoire à partir de 2030, les Régions belges ont chacune leur propre plan sur la table pour verdir le bâti résidentiel. Avec quelles échéances et quelles attentes?

La suppression du niveau "G" sur le certificat de performance énergétique touchera en principe environ 15% des bâtiments européens (résidentiels et non résidentiels), mais les résidences secondaires seront exemptées, selon Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne. La manière de faire respecter ces nouvelles normes sera a priori laissée à l'appréciation des États membres.

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45%
En Région bruxelloise, 45% des logements ont un PEB "G" ou "F" soit les niveaux les plus énergivores.

En Belgique, cette volonté européenne ne devrait pas trop chambouler le programme des Régions, qui n’ont pas attendu l’input supranational pour déjà pousser les propriétaires à rénover le parc immobilier. Chacune a son propre plan stratégique sur la table, alors que les bâtiments sont aujourd’hui responsables de deux tiers des émissions de gaz à effet de serre. Rien qu’en Région bruxelloise, on estime que 45% des logements ont un PEB "G" ou "F", soit les niveaux visés par les objectifs européens.

Le PEB C pour 2050 à Bruxelles

La Région bruxelloise "a une longueur d’avance sur l’intégration des mesures coercitives en faveur de la rénovation énergétique des logements", estime le ministre bruxellois de la Transition climatique, Alain Maron (Ecolo). En effet, elle a approuvé en 2019 une stratégie de rénovation qui prévoit "la mise en œuvre d’un mécanisme d’obligation de travaux énergétiques. Le secteur résidentiel devra évoluer vers un seuil de performance adéquat par la mise en place d’obligations, imposées à échéances régulières, de réaliser des travaux économiseurs d’énergie en vue d’atteindre le seuil requis en 2050", explique le ministre, qui n’exclut pas des mesures additionnelles, si nécessaire, pour atteindre les objectifs européens.

"Le secteur résidentiel devra évoluer vers un seuil de performance adéquat par la mise en place d’obligations, imposées à échéances régulières, de réaliser des travaux économiseurs d’énergie."

Alain Maron
Ministre bruxellois de la Transition énergétique

Le processus d’upgrade énergétique bruxellois approuvé en 2019 sera en principe phasé sur 25 ans, avec une première échéance pour 2025. D’ici là, tous les bâtiments régionaux devront disposer d’un certificat de performance énergétique (PEB).

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Aujourd’hui, ce document est obligatoire aussi bien lors de la vente d’un immeuble que pour louer un bien, puisqu’il doit être annexé au contrat de bail. L’objectif régional est d’exploiter le PEB, dont la classification va de A (très performant en termes d’énergie) à G (très énergivore), pour établir un plan de rénovation personnalisé de chaque bâtiment.

Ce plan devrait comprendre 5 volets: un audit de l’état physique du bâtiment, une étude de sa dimension urbanistique et patrimoniale, une analyse de la dimension "énergie" et des composantes environnementales (acoustique), ainsi que la prise en compte de l’usage réel du bâtiment au moment du diagnostic.

En outre, l’aspect financier des travaux de rénovation devrait être chiffré lors de cet "audit", sur la base duquel le propriétaire détiendra une liste des travaux prioritaires: isolation des murs, des sols, de la toiture, remplacement des fenêtres et des châssis… Ensuite, à partir de 2030, le propriétaire devra réaliser, parmi ces travaux, une mesure au choix tous les 5 ans pour atteindre in fine l’objectif PEB fixé pour 2050.

Actuellement, une proposition approfondie est en consultation auprès des différents secteurs concernés. Elle "sera reprise dans un avant-projet d’ordonnance début 2022", précise le ministre.

Les primes/aides bruxelloises

Le gouvernement bruxellois a prévu dans son budget pluriannuel, d'ici à 2024, de consacrer 350 millions d’euros "pour accompagner et soutenir financièrement les Bruxellois dans la rénovation de leur bien. Un budget qui augmentera d’année en année tout au long de la législature", souligne Alain Maron.

Dans ce cadre, le ministre a regroupé, depuis début 2022, les différentes primes bruxelloises à la rénovation (prime énergie, prime rénovation et prime à l’embellissement des façades) en une seule prime appelée "renolution", qui doit soutenir au minimum 50% du coût des travaux énergétiques pour les publics à faibles revenus, et qui prévoit un accompagnement gratuit et adapté pour chaque public-cible.

La Région a également mis à disposition un "prêt vert", qui permet d’accéder à un financement à 0-2% pour réaliser des travaux d’amélioration énergétique, pour autant qu’ils répondent à certaines conditions. Le montant du prêt peut atteindre jusqu’à 25.000 euros. "Une réforme de ce prêt pour le rendre plus attractif aboutira au printemps 2022", indique le ministre de la Transition énergétique, qui ajoute qu’une "réforme fiscale immobilière favorable aux rénovations énergétiques est en cours de construction, en collaboration avec le ministre des Finances Sven Gatz, et devrait aboutir en 2023".

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La Wallonie étudie les pistes

L’exécutif wallon n’a pas encore abouti à un plan stratégique de rénovation du bâti et confirme "qu’il n’est pas prévu à court terme de mettre en place des obligations de rénovation", signale Carol Pisula, coordinatrice de la cellule énergie au sein du cabinet du ministre du Climat, Philippe Henry (Ecolo). "Toutefois, une réflexion est en cours, conformément aux prescrits de la stratégie de rénovation envoyée à la Commission européenne, sur les conditions liées aux obligations de rénovation à mettre en place à moyen terme en Région wallonne", précise-t-elle.

"Les options envisagées en Wallonie: obligation de rénovation lors de moments clés de la vie du bâtiment (vente…), obligation d’effectuer des bouquets de travaux tous les 5 ans, etc."

Carol Pisula
Coordinatrice de la cellule énergie du ministre du Climat, Philippe Henry.

Une série d’options envisagées est reprise dans la stratégie de rénovation. "Notamment l’obligation de rénovation lors de moments clés de la vie du bâtiment (vente…), l’obligation d’effectuer des bouquets de travaux tous les 5 ans, etc.", indique la coordinatrice.

Seules les nouvelles constructions en Wallonie sont actuellement soumises à des normes énergétiques strictes, et ce depuis le 1er janvier 2021, via le standard "Q-Zen". Concrètement, toutes les nouvelles constructions doivent avoir un niveau de consommation d'énergie quasi nul. En performance énergétique, cela se traduit par un label A sur l’échelle du PEB.

Les primes/aides wallonnes

En Région wallonne, pour accéder aux primes à la rénovation, il faut d’abord faire passer un auditeur et remplir un formulaire de demande de prime "audit". Vous pouvez ensuite bénéficier d’une série de primes "travaux" pour les différentes rénovations effectuées: isolation de la toiture, isolation des murs et sols, installation d’une pompe à chaleur, d’un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) simple ou double flux… Le montant des primes dépend quant à lui des revenus de votre ménage.

La Flandre veut rénover dès 2023

La Flandre, dans le cadre du plan climat sur lequel elle s’est accordée début novembre, veut, à partir de 2023, que celui qui achète une maison dont le niveau de performance énergétique est inférieur ou égal à E rénove le bâtiment pour atteindre un niveau D dans les 5 ans. La Confédération construction chiffre un tel investissement entre 26.000 à 37.000 euros.

En outre, quiconque construit une nouvelle maison en Flandre ne pourra plus installer un chauffage au gaz dès 2023. L’objectif de l’exécutif flamand est de pousser les ménages à installer des pompes à chaleur. Mais une période transitoire a été prévue: il sera possible d’installer une pompe à chaleur hybride (gaz et électricité) entre 2023 et 2026 avant de bannir le gaz complètement à partir de 2027 dans les constructions neuves. Le chauffage au mazout est, lui, interdit depuis le 1ᵉʳ janvier 2022 au Nord du pays.

Les primes/aides flamandes

Le gouvernement flamand, pour soutenir son plan climat, procédera à un tax shift afin d’augmenter les taxes sur le gaz, pour pouvoir alléger la facture d’électricité. Le chauffage à l’aide de pompes à chaleur électriques deviendrait ainsi plus intéressant puisque la prime pour l’installation de ce type de système passera de 1.500 euros à 2.250 euros, tandis que les subventions pour le raccordement au gaz disparaîtront.

Pour les acquéreurs contraints de rénover leur maison dont le PEB est égal ou inférieur à E, la Région flamande va mettre en place des prêts sans intérêt d’un maximum de 20.000 euros, en plus des primes existantes. Parmi celles-ci, on trouve la prime globale à la rénovation, qui est attribuée aux personnes souhaitant rénover une habitation âgée de minimum 30 ans ou qui veulent transformer un bâtiment existant en un logement. Cette prime peut être demandée pour quatre types de travaux: gros œuvre, menuiseries extérieures, toiture et installations électriques. Pour chaque catégorie, les travaux doivent avoir coûté au moins 2.500 euros hors TVA. La prime est calculée par catégorie de travaux. Elle s’élève à 20% de la facture, hors TVA, avec un maximum de 2.500 euros par catégorie.

En outre, les acquéreurs d’une habitation en Flandre qui s’engagent à rénover complètement le bien bénéficient d’un taux réduit de droits d’enregistrement à 1% depuis le 1ᵉʳ janvier 2022.

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Des prix qui se creusent entre les logements peu et très énergivores

Certains propriétaires, face aux obligations de rénovations énergétiques à venir, sont tentés de vendre leur habitation pour ne pas avoir à y effectuer les travaux nécessaires et/ou par peur de voir la valeur de leur bien se dégrader.

"La hausse générale des prix va être inégale et va continuer à s’amplifier."

Aymeric Francqui
Directeur chez Latour & Petit

Le directeur des agences immobilières Latour & Petit, Aymeric Francqui, estime que la "hausse générale des prix va être inégale et va continuer à s’amplifier. Cette vague concerne l’avantage qu’a un bien immobilier neuf ou très profondément rénové par rapport à des biens ‘anciens’ ou simplement rafraîchis tout au long de leur occupation. Les obligations qui vont découler en rapport avec la performance énergétique des bâtiments ne feront qu’augmenter cette différence. Les prix continueront à avoir une évolution vraiment positive pour les uns et une hausse plus mesurée voire vraiment faible pour les autres."

Emmanuel Deboulle, du réseau d’agences ERA Real Estate, partage le même avis: "Ces obligations de rénovation auront bien sûr un effet sur les prix des propriétés les plus touchées par ces obligations." Mais, pour lui, ce problème devrait être résolu de manière organique d’ici là, "car presque toutes les propriétés actuellement vendues et qui ne sont pas aux normes seront rénovées par l'acheteur dans 99% des cas, de sorte qu'elles seront aux normes par la suite".

"Il est clair que cette mesure des performances énergétiques aura un impact sur la valorisation des biens immobiliers. L’acheteur qui verra un PEB ‘F’ attribué au bien convoité va immédiatement calculer le montant nécessaire aux travaux d’amélioration énergétique et intégrera ce montant, en partie tout du moins, dans son calcul d’offre. D’un autre côté, un vendeur bien conseillé pourra — à la base — le prendre en compte de manière plus précise pour établir le prix de vente optimal, et ainsi obtenir la meilleure offre du marché", conclut Aymeric Francqui.

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