Marine Le Pen, le retour
Après ses échecs électoraux, la président du Front national Marine Le Pen veut redevenir l'opposante n°1 à Emmanuel Macron, un rôle que ni la droite ni l'extrême gauche ne serait capable d'endosser, selon elle.
Le parti d'extrême droite français n'est pas en pleine forme. Malgré l'augmentation du nombre de députés FN à l'assemblée nationale (de 2 à 8) et malgré un score historique remporté au second tour de l'élection présidentielle (33,9%), certains à l'intérieur du parti sont déçus. Et la présidente du parti, Marine Le Pen, ne compte pas baisser les bras.
Très discrète depuis les législatives de juin, elle a annoncé ses ambitions à l'occasion de sa rentrée politique. "Je reviens avec une grande détermination et le sentiment d'une ardente obligation d'agir, non pour moi mais pour vous, non pas seule mais avec vous", a-t-elle affirmé devant environ 500 personnes, dans le village de Brachay (nord-est).
Sa mission? S'imposer en première opposante d'Emmanuel Macron. "Notre famille politique est la seule capable d'incarner la vraie alternance." Elle a dénié au parti Les Républicains (LR) et à la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon la capacité de s'opposer au chef de l'Etat et à son parti, La République en Marche. "Il n'y a rien à attendre de LR ou ce qu'il en reste", a-t-elle déclaré. Quant à "l'extrême gauche dominée par les islamo-trotskistes de la France insoumise (...) je dis aux travailleurs français, n'ayez aucune confiance en ces gens-là: pour eux l'homme à défendre n'est plus le prolétaire mais le migrant."
Donner des coups de boutoir
Elle a multiplié les attaques contre Emmanuel Macron, son gouvernement et sa politique, à commencer par les défaillances, selon elle, de l'Etat face à l'ouragan Irma dans les Antilles. "Rien n'a été anticipé. Les moyens de secours et de maintien de l'ordre sont tout à fait insuffisants (...) Nos compatriotes de Saint-Martin privés de tout se voient encore volés et menacés dans leur existence par des bandes criminelles", a-t-elle dit.
"Notre famille politique est la seule capable d'incarner la vraie alternance."
Marine Le Pen n'est pas revenue sur ce qui a été l'une des principales propositions de sa campagne présidentielle et l'une des plus contestées jusqu'au sein du FN, l'abandon de l'euro. Elle a en revanche longuement développé les thèmes de prédilection traditionnels du FN: l'islamisme et la lutte contre le terrorisme, l'"Europe passoire" face à "la bombe à retardement" de "l'immigration de masse". "Si j'ai entendu une parole jupitérienne, je n'ai pas vu la foudre tomber, ni sur les fichés 'S', ni sur les djihadistes de nationalité française de retour sur notre sol", a notamment déclaré Marine Le Pen.
Aucune des réformes engagées par Emmanuel Macron n'a trouvé grâce à ses yeux, des ordonnances sur le droit du travail à la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages en passant par la loi de moralisation de la vie publique ou la réforme de l'impôt sur la fortune. "Le macronisme, c'est le triomphe de la classe dominante avec pour seul vernis moral les droits de l'homme et pour seules valeurs et finalité l'argent", a-t-elle résumé.
"Il nous faut donner les derniers coups de boutoir", a-t-elle dit. "La porte est prête de céder, même si ceux qui nous gouvernent (...) redoublent d'efforts pour se barricader." Elle a invité les militants, sympathisants et soutiens du FN à une "grande refondation du mouvement national", qui passera par une vaste consultation des cadres locaux, élus et adhérents du FN, un congrès, un nouveau nom et de "nouveaux talents". "Nous devrons réfléchir à élargir nos capacités d'ouverture aux alliances politiques et électorales", a-t-elle dit.