Les 10 sujets dont vous allez parler en 2024

Ukraine, élections, IA, climat... Les chroniqueurs de L'Echo préfacent 2024 en zoomant sur 10 thèmes - et autant d'enjeux décisifs - qui vont jalonner l'actualité l'année prochaine.

Par la rédaction de L'Echo Publié le 18 décembre 2023
Élections belges

Le piège des extrêmes

Par Quentin Joris

Les citoyens déposeront quatre bulletins dans les urnes cette année. Élections fédérales, régionales, et européennes – toutes trois en juin –, mais aussi communales – en octobre – sont au menu du millésime politique 2024.

Et qui dit élections, dit évidemment campagne. N'escomptez pas des luttes à fleurets mouchetés entre les différentes formations, toutes trépignent à l'idée de se lancer dans l'arène. Le combat s'annonce sans merci…

S'ils ne retiendront pas leurs coups, les différents pugilistes devront toutefois prendre garde à ne pas servir de marchepied aux extrêmes. Attention, si les partis traditionnels font des thèmes fétiches de ces formations des enjeux de campagne, ils leur ouvriront une voie royale vers le succès. Point de fausse naïveté cependant: il semble déjà acquis que le succès sera au rendez-vous pour les extrêmes. Seule son ampleur reste à déterminer.

En Flandre, les derniers sondages placent systématiquement le Vlaams Belang en tête. Bien qu'il existe un cordon politique avec cette formation, d'aucuns redoutent de voir les partis traditionnels flamands franchir le Rubicon et convoler dans une coalition régionale avec les ouailles de Tom Van Grieken. Les pousser à exercer le pouvoir les affaiblira, entend-on régulièrement au nord du pays. Un pari dangereux.

Côté francophone, beaucoup de regards seront portés sur l'extrême gauche, en l'occurrence le PTB, en constante progression tant à Bruxelles qu'en Wallonie. Souhaiteront-ils monter au pouvoir à certains endroits s'ils le peuvent? Rien n'est moins sûr…

Il semble acquis que le succès sera au rendez-vous pour les extrêmes. Seule son ampleur reste à déterminer.

Ce qui paraît en revanche beaucoup plus clair, c'est que les sièges qu'occuperont les extrêmes risquent de compliquer – c'est un euphémisme – la formation d'un attelage fédéral. Belang et PTB étant quasiment hors-jeu dès le départ, il ne restera qu'une base très étriquée pour constituer une coalition. Battra-t-on le triste record des 541 jours pour former un gouvernement? L'hypothèse ne doit pas être exclue, d'autant que peu d'avancées sont à prévoir avant le scrutin communal. En d'autres mots, on risque bien de perdre au moins trois mois d'emblée.

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Climat

Un nouvel objectif climatique pour l'Europe

Par Frédéric Rohart

Rappel scientifique: 2023 aura été l'année la plus chaude mesurée à la surface de la Terre, et l'humanité continue année après année d'augmenter ses rejets de gaz réchauffants dans la fine atmosphère qui conditionne notre existence. La bonne nouvelle, c'est que l'action climatique est de mieux en mieux comprise comme le terrain de jeu économique où les absents se disqualifient et se condamnent à sombrer.

La Belgique et l'Europe ont accroché leur wagon au bon train, mais elles ne sont pas à l'abri d'un décrochage. C'est la menace qui les guette à l'approche des élections de 2024, à l'issue desquelles il faudra mobiliser à la fois plus d'ambition et plus d'argent.

Plus d'ambition, parce qu'après des décennies de procrastination, il faut considérablement accélérer la cadence. Alors que l'Europe vise à réduire de -55% ses émissions d'ici à 2030 (par rapport à 1990), la Commission doit proposer en ce début d'année un nouvel objectif, une montagne à gravir: -90% pour 2040. Elle suivrait, ce faisant, la fourchette basse de ce que préconisent ses conseillers scientifiques. Alors qu'on entend déjà des voix politiques manier le sujet avec une légèreté confondante, il serait irresponsable d'utiliser cette discussion difficile à des fins électoralistes.

Sortir de l'impasse dans laquelle nous placent les énergies fossiles est autant un impératif qu'une opportunité que l'on ne peut se permettre de manquer.

Comment mobiliser plus d'argent pour se donner les moyens d'y parvenir est, a contrario, un sujet central, qui devrait être au cœur du logiciel des politiques. Le parti de l'inaction donne encore de la voix, servant des intérêts qui ne restent prospères que parce que l'on continue à les exonérer du prix réel exorbitant de leurs activités. Pourtant, sortir de l'impasse dans laquelle nous placent les énergies fossiles est autant un impératif qu'une opportunité que l'on ne peut se permettre de manquer. Et l'Europe ne peut feindre de l'ignorer plus longtemps: il faut pour cela beaucoup plus de moyens.

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IA

L'IA à toutes les sauces

Par Maxime Samain

S'il y a bien une thématique qui sera au cœur des discussions des différentes assemblées parlementaires du monde jusqu'aux diners entre amis, c'est l'intelligence artificielle. 2024 sera pour plusieurs raisons une année décisive concernant le développement et la régulation de l'intelligence artificielle. Cela fait près de 30 ans que des scientifiques et des entreprises du monde entier travaillent sur la thématique, et intègrent l'IA dans des produits que nous utilisons tous les jours comme Google, mais il a fallu la tornade ChatGPT pour éveiller l'intérêt du grand public et accélérer l'excitation et les inquiétudes liées à l'IA.

L'arrivée de l'AI Act, qui devrait entrer en vigueur en 2025 après un compromis européen, pose les premiers jalons d'une régulation de l'usage de l'intelligence artificielle. Les garde-fous seront bientôt en place pour tenter de garantir une protection pour les utilisateurs européens. Cette législation en devenir devrait inspirer d'autres pays, même si à l'instar des États-Unis où l'innovation a primé sur la régulation, on préfère soutenir les champions locaux avant de les brider.

En filigrane, c'est la bataille du Cloud qui se joue, car l'IA ne peut pas vivre sans. Celui qui règnera sur le marché de l'IA, règnera sur celui de Cloud.

Aux États-Unis justement, la saga autour du départ et ensuite du retour du CEO d'OpenAI, Sam Altman, a mis en évidence une opposition philosophique sur le développement de l'IA. Jusqu'où devons-nous aller? Quelle est la limite à fixer dans le développement des modèles d'intelligence artificielles qui pourraient de plus en plus se rapprocher du statut d'intelligence artificielle “consciente”? Autant de questions que l'on préfère reléguer au second plan chez les géants du web, Microsoft en tête. Ces derniers sont lancés dans une course effrénée pour développer des systèmes d'IA qui feront notre quotidien demain. En filigrane, c'est la bataille du Cloud qui se joue, car l'IA ne peut pas vivre sans. Celui qui règnera sur le marché de l'IA, règnera sur celui de Cloud. Très lucratif, il représente le futur des géants technologiques qui ne peuvent pas se permettre de rater le coche.

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Proche-Orient

La déflagration, le sursaut ou l'agonie?

Par Alain Narinx

À quoi ressemblera le “jour d'après”? À l'heure d'écrire ces lignes, alors que l'offensive israélienne fait rage à Gaza, il est bien difficile d'imaginer quels lendemains s'annoncent au Proche-Orient. Une certitude: le conflit israélo-palestinien, pratiquement relégué aux oubliettes, est revenu à l'avant-scène diplomatique mondiale depuis les attaques terroristes du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, et un retour au “statu quo ante” semble impossible. Il restera au centre de l'attention, quoi qu'il arrive, en 2024.

Trois scénarios semblent pouvoir se dessiner. Le premier est une extension du conflit à toute la région, par exemple au nord d'Israël entre l'État hébreu et le Hezbollah pro-iranien. Ce n'est pas le plus probable, tant chaque partie a tenté de prévenir une telle déflagration tout en testant les limites de l'adversaire. Mais un dérapage n'est pas exclu.

La deuxième possibilité est un sursaut politique. Une fois la guerre terminée à Gaza, il faudra bien prévoir un avenir pour Israéliens et Palestiniens. Seul un accord de paix peut durablement permettre une sortie de la crise. Reste qu'on voit mal comment y arriver alors que la haine est à son paroxysme entre les deux camps et que les extrémistes y sont plus forts que jamais. Seule une forte pression extérieure pourrait changer la donne. Mais la seule puissance capable d'imposer un arrangement – les États-Unis, avec l'appui d'alliés arabes – sera en pleine campagne électorale en 2024, ce qui réduira considérablement la capacité de la Maison-Blanche – si tant est qu'elle le veuille vraiment - à intervenir dans une solution politique. Sans parler que les questions de fond (le statut des territoires occupés, les relations avec l'Iran…) restent d'une complexité sans nom.

Le troisième scénario, le plus probable selon nous, est celui d'un enlisement et d'une lente agonie, autrement dit une poursuite durable des violences.

Enfin, le troisième scénario, le plus probable selon nous, est celui d'un enlisement et d'une lente agonie, autrement dit une poursuite durable des violences, des opérations militaires et sécuritaires israéliennes et l'installation d'une situation quasi anarchique à Gaza. Après la phase aiguë de la guerre actuelle, on pressent toutefois un conflit de plus basse intensité, entrecoupé de vaines accalmies, mais sans réelle solution politique et avec toutes les conséquences humanitaires que cela implique. Sombres perspectives.

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Magnificent Seven

Les “Magnificent Seven” mettent Wall Street à cran

Par Bruno Raveschot

Autrefois regroupés sous l'acronyme des Gafam, les géants de la Big Tech américaine ont fait un retour en force cette année sous une nouvelle bannière, celle des “Magnificent Seven”. Cette appellation, qui fait écho au célèbre western des années '60 (intitulé “les 7 Mercenaires” en français), rassemble les sept sociétés considérées comme les mieux positionnées pour profiter de la vague, très en vogue, de l'intelligence artificielle (IA), à savoir Microsoft, Apple, Alphabet (Google), Amazon, Meta (Facebook), Tesla et Nvidia.

Portés par l'effervescence autour de cette thématique de l'IA, leurs cours ont littéralement explosé. En témoigne Nvidia, qui affiche, sans aucun doute, la meilleure prestation du club, avec une hausse qui dépasse largement les 200% depuis janvier. Et les autres membres ne sont pas en reste, puisque dans leur ensemble, ils dégagent une performance d'environ 100% sur la même période, soit des valorisations qui ont tout simplement doublé.

Le souci, c'est que ces performances renforcent encore le poids déjà démesuré de ces sociétés à Wall Street. Et qu'un gain de 100% sur des capitalisations qui évoluent, pour la plupart, au-delà de 1.000 milliards de dollars peut avoir de lourdes conséquences, notamment sur l'équilibre des indices boursiers concernés. En témoigne la situation au sein du S&P 500, où les “Maginficent Seven” pèsent près de 30% de cet indice composé des 500 plus grandes sociétés américaines. De quoi largement relativiser sa hausse de près de 20% cette année, tant elle est pour l'essentiel le fait de nos sept mercenaires.

Un gain de 100% sur des capitalisations qui évoluent, pour la plupart, au-delà de 1.000 milliards de dollars peut avoir de lourdes conséquences, notamment sur l'équilibre des indices boursiers concernés.

Plus encore, cette situation pose évidemment des risques en cas de forte correction de ces valeurs, car leur poids pourrait amplifier les mouvements sur les indices qu'ils composent et sur lesquels se basent de nombreux acteurs du marché.

La question est dès lors ouverte: les “Magnificent Seven” pourraient-ils battre de l'aile et entraîner tout Wall Street dans leur chute? Le bilan très sain de ces sociétés, pourvues pour la plupart de montagnes de cash, les a jusqu'ici immunisé face à la hausse des taux d'intérêt qui pèse traditionnellement sur les valeurs technologiques. Mais leurs valorisations “à la perfection” les rendent dans le même temps vulnérables au moindre accroc, notamment parce qu'elles ne sont pas non plus à l'abri d'une éventuelle récession économique qui plane toujours dans l'air.

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Élection américaine

Trump: l'heure de la revanche?

Par Serge Quoidbach

Nous dirigeons-nous vers un nouveau match Biden – Trump lors de la prochaine élection américaine? Rien ne semble arrêter le milliardaire américain, pas même ses lourdes casseroles judiciaires. Favori insurpassable dans les sondages pour les primaires républicaines, l'ancien président semble également bien positionné face à Joe Biden. Un sondage récent publié par le New York Times le montre en tête dans cinq États clés sur six, là où, en 2020, l'actuel président l'avait emporté lors des précédentes élections.

Le démocrate peine à mobiliser un électorat qui lui est pourtant traditionnellement favorable : les jeunes et les minorités. Il faut dire que contrairement à Donald Trump (77 ans), Joe Biden (81 ans) fait bien son âge et inquiète jusqu'à sa base électorale sur fond de dérapages verbaux à répétition. “Si Trump n'était pas candidat, je ne suis pas sûr que je me présenterais”, a-t-il avoué récemment. C'est donc un combat de dinosaures, l'un usé, l'autre revigoré aux stéroïdes victimaires, auquel assiste le monde avec une certaine appréhension.

Plus que jamais, l'issue des élections américaines pourrait de façon radicale redistribuer les cartes du monde à l'heure où la géopolitique de la déstabilisation est à l'œuvre. Les soldats de Trump au Congrès ont bloqué à plusieurs reprises la dernière enveloppe d'aides de plusieurs dizaines de milliards de dollars à l'Ukraine. À défaut de dilapider, leur général en chef préfère le lapidaire: “Je vais régler le conflit en 24 heures”, plaide-t-il. Déjà mort, le processus de paix israélo-palestinien – cadavre déchiqueté par les terroristes du Hamas puis enterré sous un tapis de bombes israéliennes – ne risque pas de renaître de ses cendres (rappelons que Trump a installé l'ambassade américaine à Jérusalem). Quant à la question de Taïwan, l'allumette Trump, si elle est craquée lors de l'élection, pourrait bien être celle de trop et mettre le feu à la poudrière chinoise. Au niveau domestique et surtout institutionnel, la menace gronde tout autant. L'assaut du Capitole nous a donné un avant-goût des capacités déstabilisatrices du personnage.

Aujourd'hui, Trump est devenu un modèle boursouflé, conquérant, pétri de revanche sur ces institutions jugées élitistes et dédaigneuses

À l'époque de sa première élection, Trump n'était encore que le reflet diffus d'une Amérique inquiète et anonyme. Aujourd'hui, il en est devenu le modèle boursouflé, conquérant, pétri de revanche sur ces institutions jugées élitistes et dédaigneuses. À la question de savoir s'il comptait abuser de son pouvoir s'il était réélu, le milliardaire a répondu: “Non, non, non, à part le premier jour.”

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Ukraine

L'autoritarisme ne doit pas vaincre

Par Quentin Joris

Cela fera bientôt deux ans… Deux ans que l'Ukraine a été envahie par la Russie. Deux ans que des populations vivent sous la crainte de bombes et de militaires ennemis.

Longtemps au centre des préoccupations des Occidentaux, la guerre russo-ukrainienne s'enlise. Tandis que le front se fige, l'attention des alliés pour le drame qui se joue aux portes de l'Union européenne décroît. Il décroît d'autant plus qu'un nouveau conflit agite le Moyen-Orient.

Ces derniers temps, Européens et Américains tergiversent constamment: les libérations de nouveaux fonds, indispensables pour permettre à Kiev de tenir tête à l'ogre russe, sont chaque fois plus laborieuses.

L'année 2024 constituera probablement un tournant dans ce conflit. Sans aide américaine substantielle, l'Ukraine ne pourra pas tenir longtemps. L'Europe seule ne pourra pas suppléer. L'enjeu est pourtant crucial: ne pas agir équivaudrait en effet à accepter le risque que notre aide depuis le début de l'invasion ait été vaine. Ce serait aussi renoncer à nos valeurs, au premier rang desquelles figure la défense de la démocratie.

Pour sortir de l'impasse actuelle, certains, dans le camp occidental, semblent vouloir pousser l'Ukraine à négocier un accord de paix avec Moscou où Kiev abandonnerait le Donbass et la Crimée en échange d'une adhésion à l'UE, voire à l'OTAN. Un scénario réaliste certes, mais prématuré alors que la guerre fait rage.

Derrière les murs crénelés de son Kremlin, Poutine se délecte. Il le sait: le temps joue en sa faveur. Observer les Occidentaux peiner à convaincre leurs opinions publiques de continuer à se mobiliser pour l'Ukraine le comble d'aise. La perspective de voir Trump revenir au pouvoir aux États-Unis, et de renouer ensuite avec une politique isolationniste, lui donne une autre raison d'espérer.

Les libérations de nouveaux fonds, cruciaux pour permettre à Kiev de tenir tête à l'ogre russe, sont chaque fois plus laborieuses.

Alors que les facteurs déstabilisants s'accumulent, les Ukrainiens se mettent également à douter, remettant notamment en cause le leadership de Zelensky. Parviendra-t-il à resserrer les rangs en interne?

Les tergiversations américaines et européennes, tout comme le doute qui s'instille dans les rangs ukrainiens, constituent du pain bénit pour Moscou. Inverser la tendance, et ainsi déjouer les plans du Kremlin constitue un impératif. Sans réaction, nous accepterions la victoire de l'autoritarisme sur le modèle démocratique. Rien de moins.

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Novo Nordisk

Novo Nordisk ne cesse de prendre de l'embonpoint

Par Olivier Gosset

Oubliez LVMH, Nestlé ou Roche. La première capitalisation boursière européenne, c'est désormais le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk, qui a détrôné le géant français du luxe, pourtant habitué à cette place de numéro un pendant deux ans et demi.

Novo Nordisk n'a rien d'une aventure à la BioNTech ou à la Moderna, les deux biotechs qui ont changé de dimension avec la pandémie. Cette entreprise centenaire a d'abord fait fortune avec l'insuline, dont elle reste le premier producteur de la planète. Mais si elle est devenue un poids lourd boursier, c'est paradoxalement grâce à la lutte contre l'obésité. Novo Nordisk a en effet enregistré une croissance exponentielle du chiffre d'affaires de ses deux médicaments phares, l'Ozempic et le Wegowy deux traitements contre le diabète et l'obésité, qui s'appuient sur la même molécule, le sémaglutide.

La montée en puissance de Novo Nordisk est telle qu'elle est devenue le principal moteur de l'économie danoise. Confronté à des problèmes d'approvisionnement, le laboratoire tente d'augmenter la production de ses deux best-sellers. D'autant que la demande devrait encore croître avec l'arrivée probable sur le marché d'une version orale de son coupe-faim, aujourd'hui délivrable en version injectable.

Entre-temps, d'autres entreprises pharmaceutiques ont également lancé des produits similaires pour la lutte contre l'obésité. Ce qui suscite l'appétit sans limites des investisseurs, provoquant au passage une redistribution des cartes en bourse pour les valeurs du secteur de la santé.

Si certains spécialistes estiment que le marché des médicaments contre l'obésité pourrait atteindre 100 milliards de dollars de revenus d'ici à 2035, d'autres estiment que l'engouement des investisseurs pour les traitements contre l'obésité frise l'embonpoint

Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. Si certains spécialistes estiment que le marché des médicaments contre l'obésité pourrait atteindre 100 milliards de dollars de revenus d'ici à 2035, d'autres analystes estiment que l'engouement des investisseurs pour les traitements contre l'obésité frise l'embonpoint. Ils prédisent tôt ou tard une cure d'amaigrissement pour ce segment.

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Taux

L'année de la baisse des taux d'intérêt… mais à partir de quand?

Par Philippe Galloy

La plupart des économistes nous promettent une baisse des taux d'intérêt en 2024. Mais on se souviendra qu'à la fin de 2022, année marquée par un krach obligataire sans précédent qui avait fait s'envoler les taux, ces mêmes économistes prévoyaient qu'un "pic des taux" était imminent: les rendements étaient censés culminer rapidement début 2023, non loin des niveaux de fin 2022. La réalité a été tout autre… De janvier à octobre 2023, les taux n'ont pas cessé de grimper: le taux à 10 ans des USA est passé de moins de 4% à plus de 5%, le taux belge à 10 ans a atteint 3,7%, contre 3,2% fin 2022.

Si le pic des taux a bien été atteint, il aura donc fallu attendre dix mois. Les économistes pouvaient se permettre d'avoir raison trop tôt mais, pour les investisseurs qui ont regarni leur portefeuille d'obligations dès janvier 2023, l'addition aura été corsée, car qui dit hausse de taux dit baisse de la valeur des obligations anciennes détenues en portefeuille.

À l'aube de cette année qu'on nous présente comme celle de la baisse généralisée des taux d'intérêt, il convient d'être plus prudent que jamais.

On comprendra donc qu'à l'aube de cette année qu'on nous présente comme celle de la baisse généralisée des taux d'intérêt, il convient d'être plus prudent que jamais. Si l'économie continue à se montrer résistante malgré le niveau élevé des taux, rien ne dit que les banques centrales ne feront pas ce qu'elles annoncent depuis des mois: des taux élevés pour longtemps. Les investisseurs n'y croient pas trop et misent sur une baisse des taux dès le printemps. Mais pour l'investisseur échaudé par la montée des taux des dix premiers mois de 2023, gare à la douche froide que représenterait une baisse de taux qui se ferait attendre pendant des mois en 2024…

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Solvay

Perpétuer l'héritage d'Ernest Solvay à deux, plutôt que seul, via l'innovation

Par Maxime Vande Weyer

La scission du colosse centenaire Solvay en deux entités distinctes a animé les débats des investisseurs et des observateurs de l'industrie chimique. Le 8 décembre 2023, le monument de l'industrie noir-jaune-rouge est devenu double, après des mois de travail acharné, récompensés par une introduction en bourse en fanfare pour Syensqo, la société accueillant la chimie de spécialité.

Mais après avoir essuyé les gouttes de sueur et lapé les dernières bulles de champagne, il s'agira de tenir ses promesses et de pérenniser l'héritage d'Ernest Solvay. Motivée par des considérations boursières – le titre du groupe ayant longtemps souffert d'une décote de conglomérat –, la scission devra convaincre dans la durée. Les deux valeurs devront trouver leur public.

Syensqo, l'offensive, la high-tech s'attaquant aux secteurs d'avenir (batteries solides, hydrogène vert, aérospatial, etc.), jouera tout de suite dans la cour des grands et visera une croissance “deux fois plus rapide” que celle de la concurrence. Délestée du poids de la soude, elle se veut plus agile, mais la confiance en Ilham Kadri, sa pilote de haut vol, suffira-t-elle à “dérisquer” le titre lors de la recherche de nouveaux investisseurs, au profil moins “pépère”, que ceux du groupe d'origine?

Pour que le Solvay post-scission reste dans l'esprit d'Ernest, l'innovation devra être au cœur de ses deux filles. L'innovation de produits pour Syensqo, de processus pour Solvay 2.0.

Solvay, la défensive, devra confirmer qu'elle n'est pas une entreprise d'un autre temps. Pour ce faire, elle martèlera sa culture de l'excellence moderne, celle instillée par sa charismatique patronne au fil de son mandat. Poursuivre le programme de réduction des coûts et de mise à jour de procédés centenaires sera la clé. Continuer la politique de durabilité aussi, pour conforter sa place de leader moderne de la chimie de base. Car, pour séduire, il faudra plus qu'un généreux dividende.

En réalité, pour que le Solvay post-scission reste dans l'esprit d'Ernest, l'innovation devra être au cœur de ses deux filles. L'innovation de produits pour Syensqo, de processus pour Solvay 2.0. Il ne reste plus qu'à convaincre les financiers.

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