Le bilan de l'attentat de Moscou s'alourdit
Les attaques qui ont eu lieu dans le Crocus City Hall de Moscou ont fait 137 victimes, dont trois enfants, selon les enquêteurs. Poutine accuse l'Ukraine.
Les attaques perpétrées dans une salle de concert de Moscou vendredi soir et revendiquées par l'État islamique (EI), ont fait au moins 137 morts, selon un dernier bilan des forces de sécurité annoncé ce dimanche. D'après les enquêteurs, il y a trois enfants parmi les victimes. "L'identification des corps des victimes est en cours. À l'heure actuelle, les corps de 137 personnes, dont trois enfants, ont été retrouvés sur les lieux de l'attaque terroriste", a indiqué le Comité d'enquête russe dans un communiqué.
Jusqu'à présent, 62 corps ont été identifiés, a-t-il précisé. Deux fusils d'assaut et une grande quantité de munitions ont été trouvés sur les lieux, ont ajouté les enquêteurs, cités par l'agence AFP.
Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui assuré, samedi, que "tous les quatre auteurs" de l'attaque avaient été arrêtés alors qu'ils "se dirigeaient vers l'Ukraine". "Ils se dirigeaient vers l'Ukraine où, selon des données préliminaires (des enquêteurs), une +fenêtre+ avait été préparée pour qu'ils franchissent la frontière", a-t-il accusé, avant d'assurer que "ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis" et qu'ils "n'auront pas un destin enviable".
Poutine pointe l'Ukraine du doigt
M. Poutine reprend la version des faits présentée plus tôt par ses services de sécurité (FSB). À aucun moment, il n'a mentionné la revendication du groupe jihadiste Etat islamique intervenue dès vendredi soir alors que Kiev a démenti avec véhémence toute implication.
Lors de cette première allocution télévisée depuis l'attaque qui a fait au moins 133 morts, le président russe a dénoncé un acte "terroriste barbare". "J'exprime mes plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu leurs proches (…) Je déclare le 24 mars jour de deuil national", a déclaré le chef d'Etat, en fustigeant un "massacre sanglant".
La chaîne publique russe Pervy Kanal a montré des images sur lesquelles on peut voir les suspects en train d'être emmenées par des membres des forces de l'ordre armés, trois d'entre eux avec du sang sur le visage. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains de ces suspects sont originaires du Tadjikistan, une ex-république soviétique d'Asie centrale voisine de l'Afghanistan où le groupe État Islamique est actif.
Les USA et l'Ukraine démentent
Il n'y a "aucune preuve" selon laquelle l'Ukraine est impliquée dans le massacre et "l'EI (groupe jihadiste Etat islamique, Ndlr) est responsable", a déclaré la vice-présidente américaine Kamala Harris lors d'un entretien télévisé ce dimanche. "L'État islamique porte l'entière responsabilité de cet attentat. Il n'y a eu aucune implication ukrainienne", a renchéri dans un communiqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
L'Ukraine, qui fait face depuis deux ans à une offensive militaire russe, a qualifié les affirmations des services spéciaux russes d'"absolument absurdes". Kiev "n'a absolument rien à voir" avec l'attaque, a affirmé un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak. Selon le renseignement ukrainien, "l'attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de (Vladimir) Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l'Ukraine et une mobilisation totale en Russie".
Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants de la salle de concert près de Moscou a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l'EI. Cette vidéo d'une minute et 31 secondes montre plusieurs individus aux visages floutés et aux voix brouillées, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le hall de la salle de concert Crocus City Hall de Krasnogorsk. Les assaillants tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'incendie en arrière-plan.
Condamnation de l'ONU
Si tous les pays ont condamné l'attentat visant "des civils innocents", la fracture entre pays occidentaux et alliés de Moscou apparaît nettement dans les réactions.
Si tous les pays ont condamné l'attentat, la fracture entre pays occidentaux et alliés de Moscou apparaît nettement dans les réactions.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a "condamné dans les termes les plus forts l'attaque terroriste" de Moscou. Le porte-parole de l'Otan a lui aussi "condamné sans équivoque les attentats qui ont visé des spectateurs de concert à Moscou", jugeant que "rien ne peut justifier des crimes aussi odieux".
La Maison Blanche s'est dite "aux côtés des victimes du terrible attentat". La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a "vivement condamné l'attaque terroriste" et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a fustigé "une attaque atroce" soulignant que "le terrorisme a visé encore une fois des personnes sans défense".
Proche et Moyen-Orient
La Syrie, alliée de Moscou, a pris position en jugeant que l'attentat est "directement lié aux cruelles et douloureuses défaites du néo-nazisme et de ses partisans à la suite de l'opération militaire spéciale dans le Donbass". "Nous affirmons notre détermination à être à vos côtés dans notre guerre commune contre le terrorisme et l'extrémisme transfrontalier", a encore écrit le président syrien Bachar al-Assad dans une lettre adressée au président Poutine.
L'attentat est "directement lié aux cruelles et douloureuses défaites du néo-nazisme et de ses partisans à la suite de l'opération militaire spéciale dans le Donbass".
Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a "condamné fermement l'attentat terroriste" et souligné qu'une "lutte conjointe et efficace contre le terrorisme nécessite une action sérieuse et non-discriminatoire de la communauté internationale". Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a également écrit à Vladimir Poutine pour exprimer "sa pleine solidarité avec la Russie".
Israël, "attristé par les événements tragiques à Moscou", a dit penser "avec émotion aux familles des victimes", tandis que le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a "exprimé sa vive condamnation" et son "rejet du terrorisme".
La Chine a aussi condamné vigoureusement l'attaque terroriste et "soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour sauvegarder sa sécurité et sa stabilité nationales", a écrit le président Xi Jinping à son homologue russe. "Nous condamnons fermement l'odieux attentat terroriste perpétré à Moscou", déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi, en ajoutant que l'Inde "est solidaire du gouvernement et du peuple de la Fédération de Russie en ce moment de deuil".
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