La stratégie dure de la N-VA l'isole des autres formations politiques
Face au MR, au CD&V et à l’Open Vld, le cavalier seul des nationalistes flamands les conduit très haut dans les sondages, mais les coupe de futures alliances. La N-VA a déjà reculé sur le nucléaire, bientôt sur l’asile?
Peut-on avoir raison seul contre tous? Thème de la dissertation, vous avez deux heures. C’est qu’on a beau avoir des muscles comme Hercule et être, de loin, la première formation politique du pays, en Belgique, rappel utile, on ne gouverne jamais seul. Notre système politique est ainsi fait, il se nourrit d’alliances et de compromis comme d’autres se nourrissent de pain. Ce n’est pas plus compliqué que cela.
Une excellence du gouvernement fédéral dit ceci: "Ce qui est en train de se passer est remarquable: la N-VA prend des positions de plus en plus fortes et de plus en plus tranchées, certes, mais cela la rend très populaire, elle est très forte et caracole en tête dans les différents sondages. Mais ce qu’on note en parallèle, c’est le schisme qui se produit aussi à tous les étages avec les autres formations politiques du gouvernement. MR, CD&V et Open Vld ne suivent plus la N-VA sur certains thèmes et les nationalistes seront peut-être très forts mais ils risquent de se retrouver seuls."
Politique de l’asile
Deux thèmes d’actualité illustrent d’ailleurs très bien ce cavalier seul de la N-VA qui, en se radicalisant, s’isole. Sur la politique de l’asile, les nationalistes flamands et leur "golden kid" Theo Francken ne prétendent rien lâcher sur les projets de loi très controversés en matière de visites domiciliaires/perquisitions pour débusquer les étrangers en séjour illégal sur le territoire belge.
Dans les autres formations politiques de la coalition gouvernementale, des doutes sont apparus et des voix se sont élevées pour appeler à corriger et revoir la copie législative. Au MR, un parti qui compte dans ses rangs le Premier ministre et qui, donc, prône la paix des ménages, les doutes vis-à-vis du bien-fondé des visites domiciliaires vont croissant. "C’est un dossier pourri qui nous éclate à la figure", fulmine un libéral francophone. Au CD&V, également, on prend ses distances avec le projet et le vice-Premier ministre Kris Peeters attend que des modifications y soient apportées ce vendredi au conseil des ministres. À voir dans quelle mesure le N-VA peut/veut amorcer un virage. Theo Francken qui, mardi encore, a soutenu que ce projet ne devait pas bouger d’un iota va-t-il camper sur ses positions?
Sortie du nucléaire
C’est que Bart De Wever, le président de la N-VA, le sait, lui qui est féru d’Histoire antique, s’isoler, tels les Romains de l’empereur Commode face aux armées germaniques, ne peut qu’être contre-productif. D’ailleurs, dans un autre dossier sensible et qui, il y a un mois de cela, avait fait grand bruit, la sortie du nucléaire en 2025. Après avoir martelé qu’il n’était pas question de se plier à cette exigence et qu’il en allait de la bonne santé de l’économie flamande – singulièrement celle d’Anvers –, la N-VA a accepté de rentrer dans le rang gouvernemental: ses lieutenants ont fait savoir mercredi dans la presse flamande que la date de 2025 devrait bien être respectée.
Premier ministre équilibriste
Voilà donc un Premier ministre à peine rentré de Russie et déjà contraint de jouer les équilibristes dans ce dossier de l’asile: amener la N-VA à faire des concessions pour éviter que le feu ne gagne son gouvernement.
Un Flamand glisse: "Tout ceci va être très difficile car on espère que la N-VA va commettre le pas de trop, qu’elle va atteindre un point de non-retour qui la discréditera durablement." La campagne électorale sera longue.
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