La Société bruxelloise du logement face au risque de cessation de paiement
Le gouvernement bruxellois n'a pas pu donner son feu vert à un besoin de financement urgent de la SLRB, car le ministre Bernard Clerfayt (DéFI) s'y est opposé.
La dernière réunion de l'exécutif dirigé par Rudi Vervoort (PS) a été plutôt tendue, à l'image de cette législature bruxelloise marquée par les crisettes à répétition. C'est de nouveau la situation financière de la Société bruxelloise du logement (SLRB) qui se trouvait au menu du dernier conseil des ministres.
En l'absence d'accord relatif aux possibilités d'emprunt de la SLRB, il était question de lui accorder une avance de 35 millions d'euros lui permettant d'honorer ses factures les plus urgentes. Ce que le ministre régional de l'Emploi Bernard Clerfayt (DéFI) a également refusé, estimant n'avoir pas reçu à ce jour toutes les informations demandées par le gouvernement.
"Je ne suis pas prêt à financer à crédit sur le dos de la Région toutes les promesses socialistes pour le logement social."
Un blocage politique qui rend les socialistes furieux. L'absence de décision mettrait, selon eux, la SLRB dans une situation de cessation de paiement, rien de moins. En résumé, la Société bruxelloise du logement dispose d'une trésorerie suffisante pour le paiement des salaires et les autres frais de fonctionnement pendant encore deux mois, mais pas pour le paiement d'autres factures dont 152, pour un montant total de 8 millions d'euros, sont échues et auraient déjà dû être payées le 4 juin. Leur non-paiement pourrait entamer la crédibilité financière de la SLRB, et plus largement de la Région bruxelloise.
Ce vendredi après-midi, Bernard Clerfayt et la secrétaire d'État bruxelloise au Logement Nawal Ben Hamou (PS) se sont encore échangé quelques mots doux. Cette dernière s'est dite consternée par la position de son collègue. Outre le fait que les possibilités d'emprunt figuraient bel et bien dans l'ordonnance budgétaire 2024, la socialiste rappelle que différentes décisions de gouvernement antérieures vont dans son sens, dont l'approbation en mai dernier d'un plan pluriannuel d'investissement (PPI) qui était la condition préalable à la libération du financement de 300 millions d'euros sollicité par la SLRB.
Inflexible, le ministre amarante a maintenu sa demande de report du point aux affaires courantes, assurant qu'il n'y a pour l'heure pas de menace immédiate sur ce service essentiel à la population. Selon Bernard Clerfayt, toutes les conditions à l'octroi de ce second prêt ne sont pas remplies, car la SLRB n'aurait pas présenté des pistes permettant de répondre à ses besoins tout en restant dans le cadre budgétaire actuel.
DéFi seul contre tous
"Je ne suis pas prêt à financer à crédit sur le dos de la Région toutes les promesses socialistes pour le logement social, car celles-ci ne respectent pas le besoin d'avoir une trajectoire budgétaire maîtrisée", a déclaré Bernard Clerfayt qui ajoute que toute la stratégie du PS a été d'attendre le plus possible pour ne pas devoir faire, en pleine période électorale, la clarté sur les chiffres et les pistes de réduction du poids de l'allocation régionale de solidarité (ARS).
DéFi se retrouve, comme souvent, un peu isolé au sein de l'attelage Vervoort. Même si d'autres membres du gouvernement avaient également eu la sensation d'être mis au pied du mur par la SLRB et sa ministre de tutelle au moment de la demande de ces financements de trésorerie, le non-octroi d'une avance lui permettant de payer ses factures urgentes n'est pas perçu comme une posture légitime allant dans le sens de l'intérêt général.
Le logement social sera très certainement un enjeu important des négociations pour la formation du nouveau gouvernement bruxellois. Le parti socialiste affirme vouloir maintenir un niveau d'investissement élevé ayant permis, via des acquisitions clé sur porte, d'afficher un bilan positif en matière de création de logement durant cette législature. Mais en raison des difficultés budgétaires de la Région, un tri a d'ores et déjà été opéré entre les projets déjà couverts financièrement et une série d'autres mis sur pause, laissant augurer un ralentissement du nombre de logements sociaux créés à l'avenir.
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