Métro 3: l'efficacité de la congélation remise en question
Suite aux doutes émis par les deux consortiums concernant la technique de congélation des sols, des tests supplémentaires seront réalisés.
Faut-il s'inquiéter pour les bâtiments patrimoniaux présents sur le tracé du futur métro 3 ? Après les déboires rencontrés sous le Palais du Midi dans le tronçon sud, cette question est plus présente que jamais dans le cadre de la seconde enquête publique qui se tient jusqu'à la mi-mars. Elle porte sur l'extension au nord, qui implique la construction d'un tunnel de 4,5 km et de sept nouvelles stations.
Pour rappel, un avis favorable, assorti de 200 conditions, avait déjà été remis au printemps 2023. Ce sont donc les plans modifiés qui sont présentés à la population. Le tout dans un contexte incertain puisque le maître d'ouvrage Beliris a entre-temps mis le projet en pause en raison d'un surcoût important dans les offres rendues par les entreprises de génie civil.
La CRMS exige de prendre toutes les précautions nécessaires pour s'assurer de maintien en parfait état de l'édifice schaerbeekois.
Dans un avis remis en début d'année, la Commission royale des monuments et sites (CRMS) émet des craintes quant à la stabilité des biens remarquables situés dans le périmètre du projet. Ses inquiétudes concernent tout particulièrement les interventions prévues sous l'hôtel communal de Schaerbeek, où l'on prévoit la construction de la station Colignon. La CRMS exige de prendre toutes les précautions nécessaires pour maintenir en parfait état l'édifice schaerbeekois et préconise la demande d'un permis spécifique pour ce bien classé.
Ces craintes sont-elles fondées ? La CRMS, qui ne s'appuie pas sur des considérations techniques particulières, se réfère uniquement à la situation du Palais du Midi pour lequel elle avait émis des inquiétudes similaires, qui se sont ensuite confirmées.
Le maître d'ouvrage affirme qu'à ce jour, il n'a aucune raison de croire que les valeurs pour la vitesse d'écoulement d'eau sont fausses.
Doutes des soumissionnaires
Mais nous avons eu vent d'un fait plus interpellant. Les deux consortiums ayant répondu à l'appel d'offres pour la construction de l'extension nord ont émis des doutes sur l'efficacité de la méthode choisie pour certaines stations. La congélation du sol, qui vise à le rendre étanche pour faciliter le travail, ne serait pas possible sous certaines conditions, notamment si la vitesse d'écoulement des eaux souterraines dépasse 2m/jour. Un risque qui ne peut pas être complètement écarté à ce jour, d'autant que ce paramètre pourrait encore évoluer en cours de chantier.
Cette technique sera notamment appliquée pour la construction des quais des stations qui ne sont pas accessibles à partir de la surface, à savoir les stations Liedts, Colignon, Verboekhoven et Paix.
Se montrant rassurant, Beliris indique avoir mandaté le bureau de contrôle SECO qui a contrôlé toutes les études de la société momentanée Bureau Métro Nord (BMN) et avalisé les méthodes d’exécution envisagées. Le maître d'ouvrage affirme qu'à ce jour, il n'a aucune raison de croire que les valeurs pour la vitesse d'écoulement d'eau sont fausses et que la technique ne pourrait pas être mise en œuvre.
"Plus il y a d’essais effectués, plus le risque d’imprévu est faible, mais un risque résiduel sera toujours présent."
Essais de traçage
Il n'empêche que des tests complémentaires vont être effectués dans les quatre stations concernées, en commençant par Colignon. Il s'agira plus précisément d'essais de traçage, réalisés à l'aide de piézomètres, permettant de déterminer les vitesses d’écoulement de la nappe dans plusieurs directions, afin d'optimiser, si nécessaire, la technique de la congélation.
"Il est normal que les soumissionnaires prévoient les marges de sécurité nécessaires lors de l’introduction d’une offre initiale. Le sous-sol bruxellois a une grande hétérogénéité à certains endroits. Plus il y a d’essais effectués, plus le risque d’imprévu est faible, mais un risque résiduel sera toujours présent", commente Beliris, qui affirme qu'il existe des alternatives pour faciliter ou remplacer la congélation. Il serait ainsi possible de réduire la vitesse de l'écoulement d'eau par une injection préalable d'un mélange ciment-eau.
Outre l'étude de sensibilité du bâti réalisée sur l'ensemble du tracé de la ligne qui a permis de définir des mesures de monitoring, Beliris précise que, pour la station Colignon, deux niveaux de mesures ont été envisagés afin d’éviter des tassements préjudiciables aux bâtiments : une consolidation du sol par injection horizontale d'un mélange ciment-eau au préalable et la pose de vérins de compensation lors de la phase de reprise en sous-œuvre du bâtiment.
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