Pour les hôtels bruxellois, le retour de l'attractivité ne rime pas avec la rentabilité
Les hôtels bruxellois se redressent, essentiellement grâce à la reprise du tourisme de loisirs. Mais ce n'est pas suffisant pour retrouver le niveau de rentabilité de 2019. Explications.
Le secteur de l'hôtellerie continue de reprendre des couleurs à Bruxelles. L'année 2023 s'achève sur un bilan positif, avec un taux d'occupation de 68,3%, contre 59,4% en 2022, une année encore partiellement impactée par la crise sanitaire. Des résultats d'autant plus positifs que l'on dénombre plus de chambres dans la capitale avec l'ouverture de nouveaux établissements, précise Rodolphe Van Weyenbergh, secrétaire général de la Brussels Hotels Association (BHA).
On observe cependant toujours un écart avec le taux d'occupation de 75% enregistré en 2019, l'année qui demeure la référence puisque le secteur a été touché de plein fouet par le covid durant les trois années qui ont suivi. Selon BHA, l'explication est toujours à trouver du côté du tourisme d'affaires qui reprend beaucoup moins vite que le tourisme de loisirs.
En témoigne la différence de progression dans la fréquentation des hôtels entre la semaine et le week-end. Ou encore les très bons chiffres enregistrés durant ce mois de décembre marqué par les traditionnels Plaisirs d'Hiver. "Cela confirme que nous avons besoin de toutes les activités touristiques organisées par la Ville et la Région", indique Rodolphe Van Weyenbergh.
Autre indice démontrant que le tourisme d'affaires n'a pas récupéré toutes ses parts de marché : les hôtels situés dans le quartier européen ou l'aéroport, qui sont plus dépendants de ce segment, affichent une reprise moins nette que les hôtels bénéficiant davantage du tourisme de loisirs. Mais l'hôtellerie bruxelloise ne fait pas pour autant le deuil de ce secteur porteur pour son domaine d'activité.
"Il y a deux ans, on a pu avoir l'impression que le tourisme d'affaires n'allait pas revenir, car tout un système numérique s'était mis en place. Mais les sociétés sont conscientes de l'importance des réunions physiques et le retour de ce segment essentiel pour Bruxelles fait partie de nos perspectives pour l'année prochaine", commente Yves Fonck, président de la BHA.
Victimes de l'inflation
Selon un rapport du consultant MKG, le fait de renouer avec l'attractivité n'a pas permis aux hôtels bruxellois de retrouver le même niveau de rentabilité qu'en période pré-covid. Pour comprendre, il faut partir de l'indicateur de performance des hôtels qui est le "RevPar", soit le revenu par chambre disponible (le prix moyen multiplié par le taux de fréquentation).
"Le touriste ne vote pas, mais par contre, notre secteur crée de l'emploi, à condition d'avoir un certain volume d'activités que l'on n'aura pas dans un contexte inflationniste."
À première vue, Bruxelles tire son épingle du jeu puisque son RevPar a évolué de 14,5% par rapport à 2019, contre seulement 10,6% pour l'ensemble de la Belgique. Le hic, c'est que ces chiffres qui peuvent sembler positifs sont en réalité "décorrélés" de l'inflation. En clair, la hausse du chiffre d'affaires des hôtels n'est pas suffisante par rapport à la hausse de 17% du coût du travail dans l'horeca et l'augmentation de 88% des coûts de l'énergie durant la même période.
Ni cris de victoire ni catastrophisme : le secteur de l'hôtellerie espère une baisse de l'inflation. Et alerte les pouvoirs publics sur les conséquences d'éventuelles nouvelles taxes ou hausse du précompte immobilier. "Le touriste ne vote pas, mais par contre, notre secteur crée de l'emploi, à condition d'avoir un certain volume d'activités que l'on n'aura pas dans un contexte inflationniste", prévient la BHA, qui explique ne pas pouvoir répercuter les hausses de coûts sur les clients. "Nos prix sont arrivés à un pic. Nous évoluons dans un contexte international avec beaucoup de concurrence. L'augmentation des prix peut faire diminuer le volume d'activités. Ce sont des variables délicates", explique Yves Fonck. Selon lui, le retour du tourisme d'affaires est donc indispensable pour renouer avec le même niveau de rentabilité qu'en 2019.