Les agriculteurs wallons ont obtenu 45 satisfactions, leur combat se restructure
Un accord est intervenu entre le monde politique wallon et les agriculteurs sur 45 mesures de simplification administrative.
"Si on m'avait dit, le 23 janvier, quand on a décidé de lancer des actions, que le 13 mars, tout ceci serait sur la table, j'aurais crié: allons-y, allons-y!"
Cela fait de longues semaines que les agriculteurs mènent leur combat. Et ce mercredi soir, ils ont pu constater que négociations patientes et blocages spectaculaires n'avaient pas été vains. Marianne Streel, la présidente de la FWA (Fédération des agriculteurs wallons), se réjouit ainsi d'une avancée importante: 45 mesures en matière de simplification administrative en faveur des agriculteurs viennent d'être approuvées au niveau régional.
La réunion qui se penchait sur ces dispositions regroupait les syndicats agricoles, les ministres concernés ainsi que l'administration régionale et le collège des producteurs.
À quand les changements?
"Chaque mesure aura une temporalité différente, aucune ne peut être d'application immédiatement. Pour certaines, cela ira très vite, par le biais d'une note interne. Ou par un arrêté ministériel ou gouvernemental", précise Marianne Streel.
D'autres exigeront un passage au Parlement. Selon le ministre Willy Borsus, tout pourra cependant être bouclé avant les élections. Mais des aménagements seront ensuite nécessaires, comme l'adaptation des systèmes informatiques de l'administration.
Encore une quarantaine de demandes
Tout n'est pas réglé en matière de simplification administrative. Il reste encore 31 demandes, qui seront analysées le 4 avril. Et sept autres propositions, qui concernent la PAC, le niveau européen donc.
Le 26 mars aura lieu un conseil "agriculture et pêche" et la Commission doit amener une proposition pour changer le cadre de la PAC, devant permettre ensuite aux États de modifier leur plan stratégique. Les agriculteurs attendent...
"Il faut changer de législation, réfléchir au comportement du marché, respecter le consommateur. Il n'y a pas de recette simple."
Dossier unique, outil en ligne, etc.
Parmi les mesures adoptées mercredi, certaines suppriment l'obligation de double, voire triple encodage de données. Une procédure simplifiée pour le transport des ovins et porcelets est mise en place, ainsi qu'un outil en ligne pour la gestion de l'épandage.
Les modalités de certains contrôles, la proportionnalité des amendes en cas d'erreur et le délai entre l'adoption d'une réglementation et sa mise en œuvre ont aussi été revus.
Le volet de la simplification administrative paraît donc bien enclenché, mais il n'est pas l'unique axe du combat agricole.
Une taskforce mobilise, au niveau fédéral, trois groupes de travail (transparence, juridique et sensibilisation), avec encore une réunion ce jeudi. Ici, les agriculteurs font face aux acteurs de l'industrie alimentaire et de la distribution. C'est plus ardu, les enjeux sont plus larges, la chaîne est longue et sensible. "Il faut changer de législation, réfléchir au comportement du marché, respecter le consommateur. Il n'y a pas de recette simple", constate Marianne Streel, clairement circonspecte quant au résultat de ce travail.
La suite des actions
Après près de deux mois de grogne, le mouvement des agriculteurs semble plutôt apaisé du côté wallon, même si un blocage était encore organisé à l'aéroport de Liège, par la FJA , appuyée par des membres de la Fugea, en début de semaine. L'action a duré 24 heures.
Il n'y a plus d'action officielle prévue par la FJA pour les prochains jours, promet Pierre D'Hulst, le porte-parole du syndicat. Hormis quelques tracteurs pour bien recevoir les ministres et députés invités ce jeudi au congrès annuel des jeunes agriculteurs...
Du côté de la Fugea, on admet que le gros blocage prévu le 26 mars, pour le conseil européen à Bruxelles, a du plomb dans l'aile. "On annonce du beau temps, les agriculteurs seront plutôt sur leurs champs qu'à Bruxelles", prévoit le président de ce syndicat agricole, Philippe Duvivier.
"On est obligés de se disperser, c'est compliqué."
Une lutte hétéroclite
Le président de la Fugea reconnaît des difficultés à coordonner la lutte. Les revendications sont nombreuses et en appellent à différents niveaux politiques. Les syndicats agricoles sont en désaccord sur certains points. Il y a de nettes divergences entre la bataille livrée par les agriculteurs wallons et celle de leurs collègues flamands (qui bloquaient encore plusieurs ports ce jeudi). "Il est aussi difficile de fédérer le mouvement au niveau européen", regrette le président.
Mais la Fugea ne baisse pas les bras. Elle compte notamment multiplier les actions juridiques telles que celle lancée contre TotalEnergies. L'agriculteur et porte-parole de la Fugea Hugues Falys attaque la multinationale pour sa responsabilité dans le dérèglement climatique.
"Il y a trop de détournements et d'usurpations" grogne Philippe Duvivier, pointant les mentions de "produits locaux" qui n'en sont pas. Ou le cas d'un agriculteur qui a vu à la carte d'un restaurant du porc indiqué venant de sa propre ferme, ce qui n'était pas le cas. La Fugea veut réagir. "On est obligés de se disperser, c'est compliqué", soupire le président.
- Les agriculteurs se battent pour simplifier leurs charges administratives et obtiennent gain de cause.
- 45 mesures viennent d'être approuvées au niveau wallon; il en reste une quarantaine en attente.
- Les agriculteurs ne prévoient plus d'action de masse ces prochains jours.
- Ils tentent d'avancer dans les groupes de travail ou à d'autres niveaux, notamment en s'appuyant sur les tribunaux.
D'où est parti le mouvement?
Depuis fin janvier, les agriculteurs de plusieurs pays d'Europe manifestent leur mécontentement en bloquant, avec leurs tracteurs, des axes routiers ou des infrastructures importantes. Le 1ᵉʳ février, ils étaient plusieurs milliers à s'être rassemblés à Bruxelles alors que se tenait un sommet européen, afin de faire valoir leurs revendications.
Quels sont leurs griefs?
Les revendications du monde agricole sont multiples, mais l'obligation (depuis suspendue) de laisser 4% des terres arables en jachère ou en cultures improductives, imposée par la Politique européenne commune, a particulièrement mis le feu aux poudres. Outre les griefs contre la PAC, les agriculteurs dénoncent des revenus en baisse, la surcharge administrative, et un rapport déséquilibré avec les enseignes de distribution.
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