Les coulisses de la rédaction
Chaque semaine, L'Echo vous livre quelques informations récoltées en coulisses.
Si je possède une Tesla,dois-je aussi soutenir Trump?
Is greed still good? La troisième soirée du cycle «USA election-UGC exhibition» – dont L’Echo est partenaire – organisée au cinéma Toison d’Or de Bruxelles, présentait cette semaine «Wall Street», le film d’Oliver Stone sorti en 1987. L’expert convié était Bruno Colmant, qui fut jadis membre du comité de direction de la Bourse de New York. Après la projection, un débat était organisé en compagnie du critique de cinéma Matthieu Reynaert et de Nicolas Vadot (une spectatrice tirée au sort repartant avec un tirage grand format d’un dessin de notre caricaturiste). L’économiste s’est livré à quelques analyses dont il a le secret: «Reagan a introduit l’idée d’économie de marché, qui est au cœur de «Wall Street»; un concept qu’il ne faut pas confondre avec le capitalisme qui est la propriété privée des moyens de production, alors que dans l’économie de marché, tout est déterminé par la loi de l’offre et de la demande. Amnésique et éphémère comme un cours de bourse, elle représente la destruction des traditions et du passé.» Le micro passa ensuite dans la salle et un spectateur, propriétaire d’une Tesla, interpella l’économiste: «Ne pensez-vous pas, si vous étiez actionnaire de Tesla, que Musk a plus à perdre qu’à gagner en soutenant Trump?» Réponse: «On se leurre sur Musk: il n’est rien sans l’État, la Nasa et la force militaire américaine. Il est un produit du complexe militaro-industriel. C’est pour ça qu’il danse avec Trump. Il veut tout déréglementer, c’est un libertarien.» Notre propriétaire de Tesla aura-t-il eu mauvaise conscience en reprenant le volant après la projection?
La FEB en chantier
Les murs de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) tremblent à intervalles réguliers depuis plusieurs semaines. Ce n’est pas dû à des colères soudaines de son CEO, Pieter Timmermans, face aux retards pris dans la formation d’une coalition Arizona.
Non, la raison est moins politique: la vénérable institution a entamé une rénovation en profondeur de son bâtiment situé au Coudenberg, à Bruxelles. L’édifice massif fait face à Bozar. Il date de 1958. C’est le roi Baudouin qui l’avait inauguré, comme en atteste encore aujourd’hui une plaque commémorative située dans le hall d’entrée. Mais voilà, les Trente Glorieuses sont loin. Les standards en matière de bureaux ont fortement changé. Il était temps de moderniser. La FEB va se mettre à la page. Et la culture d’entreprise va en partie en être chamboulée. Les locaux occupés par un seul employé vont céder la place à des paysagers. Pas de «flex desks», par contre, chacun des 90 collaborateurs de la fédération gardera son bureau personnel. Ces travaux sont également destinés à améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment. Enfin, la FEB veut rationaliser son usage du vaste édifice. Ses équipes n’occuperont plus que trois des cinq étages au terme du chantier, qui devrait s’achever courant 2025. Les deux étages libérés seront mis en location.
LinkedIn, le réseau où déclarer sa flamme…
Même si LinkedIn reste évidemment avant tout le lieu d’échanges du monde professionnel, le célèbre réseau social peut parfois être aussi l’endroit choisi pour déclarer sa flamme. La semaine dernière, L’Echo publiait un article sur le méga procès qui a débuté lundi à Londres. Il oppose la compagnie minière BHP Group et 700.000 victimes brésiliennes, directement touchées par la rupture d’un barrage du groupe en 2015. Dans ce procès gigantesque, la défense est assurée par le cabinet d’avocats londonien Pogust Goodhead, dont la CIO est la Brésilienne Ana Carolina Salomão Queiroz (photo). Son rôle dans le procès? Elle a trouvé 700 millions d’euros pour financer l’action en justice qui pourrait coûter 44 milliards de dollars en dédommagements à BHP Group. Une fonction qui suscite visiblement l’admiration de son mari, Olivier Dufrasne, le président d’Ecosteryl. «Je suis tellement fier de toi Ana Carolina Salomão Queiroz, de ce que tu accomplis et de l’impact de ton travail au niveau social et environnemental au service de la justice pour tous et des populations impactées ne pouvant se défendre adéquatement», lance-t-il sur LinkedIn. Il en a même profité pour en dire un peu plus sur l’origine de leur histoire d’amour. «J’ai rencontré ma femme en 2018 à Moscou, lors de la Coupe du Monde de football. Elle supportait son équipe nationale, le Brésil avec ses frères. Et moi, la Belgique avec mes amis. Qui m’aurait dit que presque sept ans plus tard, elle ferait la Une du journal L’Echo que je lis chaque matin?».
Pierre Rion investit dans la presse en ligne
21News, c’est le nom d’une nouvelle plateforme digitale apparue cette semaine dans le paysage médiatique francophone.
À la manœuvre, Etienne Dujardin, un juriste, conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre et auteur de cartes blanches dans plusieurs médias. Objectif de ce «pure player» en ligne: contribuer au pluralisme dans le monde médiatique belge – souvent jugé «trop à gauche». Et pour donner le ton: une interview de Georges-Louis Bouchez, le président du MR, donnait le La le jour du lancement du site. Soyons de bon compte: l’ancien président du PS, Elio Di Rupo, aujourd’hui député européen, a eu droit lui aussi à un entretien. Un petit zoom sur le Moniteur nous apprend que la société éditrice, la SRL MediaDW, est faiblement capitalisée, à peine 12.000 euros, apportés par Etienne Dujardin, mais à hauteur de seulement 342 euros (il possède 285 des 10.000 actions) et, surtout, par Pierre Rion (photo). Ce multi-entrepreneur/investisseur, figure incontournable du microcosme économique wallon, est aussi président du conseil d’administration du groupe de médias IPM, éditeur, entre autres, de La Libre… dont le lectorat pourrait être tenté par ce nouveau média. Pour la petite histoire, le premier à en avoir annoncé la naissance n’est autre que… La Libre. CQFD.
Réguler les jeux de hasard, une loterie?
Dans un récent arrêt, le Conseil d’État a décidé de poser une question préjudicielle étonnante à la Cour constitutionnelle: est-il légitime (constitutionnel) que des représentants du ministre ayant la Loterie nationale dans ses attributions (actuellement le ministre des Finances) siègent au sein de la Commission des jeux de hasard, créant peut-être une différence de traitement entre la Loterie et les opérateurs de jeux privés quand tous sont soumis aux mêmes règles? Alors qu’elle ne l’est pas pour les produits de loterie, la Commission en tant qu’autorité de régulation est en effet compétente pour la filiale de paris sportifs de la Loterie, ainsi que l’a rappelé le Conseil d’État. Ajoutons que les produits de jeu instantané en ligne «Woohoo», exploités par celle-ci sèment aussi le trouble en termes de concurrence et de régulation. Bref, cela fait un petit temps que des opérateurs privés tonnent contre le fait que trois des douze personnes siégeant à la Commission pourraient être susceptibles de favoriser la Loterie ou l’aider à abuser de sa position dominante. Précisons que c’est le groupe de paris Ladbrokes qui a porté le différend devant le Conseil d’État. Les délégués du ministre roulent-ils pour la Loterie ou non au sein du régulateur? On attend avec curiosité le verdict que rendra la Cour constitutionnelle.
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