Jean-Luc Dehaene ressuscité: la dangereuse campagne du CD&V
C'est Jean-Luc Dehaene lui-même qui ouvre la campagne électorale du CD&V, grâce au recours à l'intelligence artificielle.
"The beast is back". C’est Jean-Luc Dehaene lui-même, ressuscité d’entre les morts grâce à l’intelligence artificielle pour venir à la rescousse de l'ouverture de la campagne électorale du CD&V, qui le proclame. Dans une courte vidéo lancée sur les réseaux sociaux, l’ancien premier ministre fait le parallèle entre les défis auxquels est confronté le pays aujourd’hui, et ceux qu’il a gérés à son époque, comme l’euro et la réforme de l’État.
On le sait, Dehaene est un modèle politique pour l’actuel président du parti Sammy Mahdi, qui s'efforce de continuer à positionner son parti comme le meilleur "régisseur" possible des affaires publiques.
Mais cette vidéo d'un nouveau genre suscite pas mal de critiques en Flandre. Oublions celle de manque de respect pour un défunt et sa famille. La famille de l'ancien premier ministre a, en effet, explicitement donné son accord, et Jean-Luc Dehaene s'est parfois prêté à des mises en scène surprenantes pour faire passer son message.
Un aveu de faiblesse
Retenons par contre l’accusation d’aveu de faiblesse. Le PS va-t-il devoir convoquer Guy Spitaels, ou le MR Jean Gol, pour séduire l’électeur? Même si cette vidéo fait partie d’une campagne plus vaste, où d’autres figures du CD&V seront appelées à jouer un rôle, elle peut laisser penser que le parti manque à la fois de personnalités convaincantes et de réalisations récentes à inscrire à son bilan pour faire le plein de voix.
Pointons surtout la dangereuse brèche qu’ouvre une telle initiative, dans un monde déjà noyé sous les fausses nouvelles et les manipulations. L’avertissement qui signale que la vidéo a été fabriquée par IA est bien trop timide et trop tardif. Et même si la vidéo véhicule ici un message positif, elle banalise le phénomène des "deepfakes". Déjà, des montages vidéos ont été utilisés lors de la campagne présidentielle turque pour déstabiliser les concurrents de Recep Tayyip Erdogan. L'intelligence artificielle a aussi, il y a quelques mois, entièrement généré la vidéo des Républicains affirmant qu'une réélection de Joe Biden déclencherait une série de scénarios catastrophes, comme l'invasion de Taïwan par la Chine et la fermeture de centaines de banques régionales.
Certes, il est inscrit dans les astres que le recours à ces "deepfakes" va se multiplier, accroissant le désordre informationnel et fragilisant les démocraties. Mais il était sans doute inutile de pousser sur l'accélérateur.
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