Elections 2024: l'Open Vld semble au bord du gouffre
L'Open Vld, en grande difficulté dans les sondages, fait face à la désapprobation de plusieurs de ses cadres à cause du choix de Paul Van Tigchelt.
Figure bien connue de l'Open Vld, Patrick Dewael a signalé ce lundi qu'il envisageait de désormais siéger comme indépendant à la Chambre. La veille, Gwendolyn Rutten, ex-présidente des libéraux flamands et actuelle députée, annonçait qu'elle quittait la politique nationale, dans la foulée de la nomination de Paul Van Tigchelt comme ministre de la Justice, en remplacement de Vincent Van Quickenborne. Une désignation qu'elle considère comme un "traitement irrespectueux" de la part de la direction de son parti, alors que son nom figurait dans la liste des favoris.
Pour le Premier ministre Alexander De Croo, Paul Van Tigchelt est "la bonne personne au bon endroit". Un "expert absolu". Son CV en témoigne, mais le choix est hué au sein du parti. Le bureau de l'Open Vld a soutenu, ce lundi, la nomination de l'ex-boss de l'Ocam. Mais des personnalités telles que Bart Tommelein, Mercedes Van Volcem ou Jean-Jacques De Gucht ont boycotté la réunion.
"Des ténors du parti qui expriment publiquement leur mécontentement, ça peut mettre en péril la cohésion interne et la campagne électorale", signale Audrey Vandeleene, politologue à l'ULB.
Ce concert de protestations, c'est une tuile supplémentaire pour un parti en chute dans les sondages, huit mois avant les élections. "Mais un ensemble d'éléments expliquent ce déclin", résume le politologue Pierre Vercauteren (UCLouvain).
"Il y a une sorte de bipolarisation de l'électorat néerlandophone. Le centre devient plus difficile à capter et cela rend la situation difficile pour l'Open Vld."
Accumulation de tuiles
D'abord, le contexte général n'est pas favorable à la santé des partis traditionnels, cibles de défiance et délaissés au profit de mouvances extrémistes.
L'Open Vld est particulièrement malmené sur son terrain de jeu. Sur le plan économique, il affronte la concurrence de la N-VA. Sur les matières sécuritaires, il retrouve la N-VA, mais aussi le Vlaams Belang. "Cela aurait pu être endigué par la présence de Vincent Van Quickenborne à la Justice. Mais l'attentat qui vient de se produire a joué en sa défaveur", explique Pierre Vercauteren.
"Il y a une sorte de bipolarisation de l'électorat néerlandophone. Le centre devient plus difficile à capter", ajoute l'expert de l'UCLouvain.
Manque de charisme
"Tout parti a besoin de personnalités emblématiques qui incarnent, symbolisent son contenu. Or, pour l'Open Vld, il est difficile de trouver une personnalité mobilisatrice forte, comme Conner Rousseau l'est pour Vooruit", précise Pierre Vercauteren. Tom Ongena, le président des libéraux du nord, n'est pas un visage connu.
Et, précise Audrey Vandeleene, "on entend aussi des critiques sur le fait que le parti a encore choisi un homme blanc d'âge moyen comme ministre de la Justice, sans prêter attention aux critères de diversité."
"Alexander De Croo est bien plus populaire qu'avant la création de la Vivaldi, mais cela ne suffit pas. Ce poste, c'est une arme à double tranchant."
L'Open Vld compte pourtant le Premier ministre dans ses rangs. "Alexander De Croo est bien plus populaire qu'avant la création de la Vivaldi, mais cela ne suffit pas. Ce poste, c'est une arme à double tranchant. La Vivaldi a pris beaucoup de mesures pour contrer les conséquences de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Mais cela a nui à la lisibilité du programme de cette coalition. Et les enjeux de l'immigration et de la sécurité sont apparus à l'avant-plan, avec des accents inquiétants." Alors que le "pipigate" n'était pas encore oublié...
Sortir la tête de l'eau?
Et maintenant, le choix du remplaçant de Van Quickenborne provoque la zizanie. "Je ne suis pas certaine que cet épisode aura des conséquences dans les urnes. Les électeurs pourraient bien avoir oublié ces querelles internes", estime la politologue de l'ULB. "Si l'Open Vld parvient à justifier son choix par la nécessité d'avoir quelqu'un de directement opérationnel, le côté "sérieux" de cette stratégie pourrait même constituer un élément positif."
"Je ne suis pas certaine que cet épisode aura des conséquences dans les urnes."
"Le temps presse pour l'Open Vld", considère Pierre Vercauteren. "Le parti doit trouver suffisamment de personnalités pour le représenter, comme l'a fait Maxime Prévot pour Les Engagés. Il faut aussi une refonte de son programme, ainsi qu'une campagne vigoureuse et captivante."
Les prochaines semaines diront comment le parti prend en main son avenir. "Les listes électorales ne sont pas finalisées", précise Audrey Vandeleene. "Les déçus peuvent encore y figurer."
Le nouveau président va tenter de ramener au bercail les brebis furieuses et doit développer une stratégie convaincante pour les électeurs. Sachant que l'introduction de Van Tigchelt sur les listes électorales risque d'encore blesser quelques égos. Et que Tom Ongena est tout nouveau dans sa fonction, "qu'il n'a pas été élu selon la procédure traditionnelle et qu'il est flanqué d'une belle-mère, Alexander De Croo", rappelle Audrey Vandeleene.
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