Le MR veut augmenter la pension maximale
Le ministre des Pensions livre les dernières estimations de son administration à l'horizon 2030. Au niveau budgétaire, les réformes menées portent leurs fruits. Sans elles, la charge des pensions aurait grimpé à près de 82 milliards, dit-il. Avant d'avancer les positions du MR dans le cadre des discussions fédérales.
C’est une évolution à laquelle Daniel Bacqualaine s’attendait. Mais voir ces chiffres noir sur blanc, officiellement fournis par le Service fédéral des pensions, "c’est la reconnaissance de la validité d’un certain nombre de réformes", sourit le ministre MR en affaires courantes.
Devant lui, les dernières estimations budgétaires du coût des retraites en Belgique qu’il livre en primeur à L’Echo. Entre 2020 et 2030, la croissance reste importante, mais trace une courbe à la pente plus douce que ce qu’on aurait pu craindre.
Ainsi, en 2020, les pensions représenteront un coût budgétaire de près de 52 milliards d’euros. Un montant qui grimpera de 1 à 1,5 milliard par an pour atteindre 62,9 milliards en 2030. Cette décennie est marquée par la hausse de l’âge légal de départ à la retraite à 66 ans (2025) puis 67 ans (2030). On le voit, en 2010, les pensions pesaient près de moitié moins, mais si on avait maintenu, entre 2020 et 2030, une hausse des dépenses similaire à la décennie précédente, le budget aurait bondi plus de 87 milliards.
"On a cassé l’effet boule de neige, se félicite Daniel Bacquelaine, nous sommes dans des perspectives plus solides en termes de pérennité du système, et cela alors que le montant moyen des pensions continue à augmenter."
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11 et non pas 19 milliards
Une augmentation budgétaire de 11 milliards d'euros au lieu de 19 milliards, ce delta intègre l’ensemble des réformes menées depuis 2012 (le gouvernement Di Rupo avait notamment modifié le calcul des pensions des fonctionnaires), donc l’augmentation de l’âge légal de la pension, les limitations des prépensions et l’utilisation de l’enveloppe bien-être, explique Daniel Bacquelaine.
Il y a cependant encore du travail, insiste-t-il. Les réformes devront être poursuivies par le prochain gouvernement.
L’Echo lui demande si une pension minimum à 1.500 euros net, comme le demande le PS, ne risque pas de mettre à mal ces belles perspectives budgétaires. "Il ne faut pas que cela mette en péril une évolution positive pour les générations futures, répond-il. On doit être prudent, on lance des chiffres sans proposer des méthodes de financement". Et son collaborateur de prévenir, cela représente un surcoût de 3 milliards par an à partir de 2024. "Je ne suis pas contre le principe, mais il faut résoudre deux problèmes connexes", place Daniel Bacquelaine.
Une pension maximum de 2.250 euros pour les salariés
Il expose : "Aujourd’hui, la pension maximum d’un salarié en net est de 1.821 euros - même s’il a gagné 300.000 euros par an - en raison du plafond salarial de 58.447 euros au-delà duquel le salarié continue à cotiser sans plus augmenter sa pension. Si on continue d’augmenter la pension minimum sans augmenter ce plafond salarial, tout le monde aura la pension minimum à terme. La notion de récompense du travail disparaîtrait."
De cela, le MR ne veut absolument pas et l’a dit aux informateurs royaux. "On pourrait aussi se fixer comme objectif de remonter la pension maximum nette pour les salariés de 1.821 à 2.250 euros. C’est un objectif normal pour des gens qui ont travaillé toute leur vie".
"Si on augmente la pension minimum, il faut augmenter substantiellement le salaire minimum garanti."
Le ministre des Pensions relève un deuxième "problème". "Aujourd’hui, le salaire minimum garanti est de 1.520 euros. Lorsque le travailleur arrive à l’âge de la pension anticipée, il a le choix entre avoir 1.521 euros en travaillant 38 heures semaine ou prendre sa pension anticipée en ayant 1.500 euros. Il y a là un piège à l’emploi phénoménal dont personne ne parle. Je suis étonné. Pour moi, si on augmente la pension minimum, il faut augmenter substantiellement le salaire minimum garanti. Et cela c’est à charge des entreprises. Dans le cadre d’une vraie négociation, il faut travailler de manière sérieuse et globale".
La pension à mi-temps
Le MR met d’autres mesures sur la table. Un bonus annuel de 300 euros net pour le travailleur qui accepte de travailler au-delà de la prépension. "Nous avons déposé la pension à mi-temps, poursuit Daniel Bacquelaine. On continue à travailler pour la moitié de son salaire en prenant la moitié de ses droits de pension tout en continuant à augmenter le montant de sa pension."
Il propose également un objectif de taux de couverture (montant de la pension par rapport au dernier salaire) de 80% à terme, il est de 66% aujourd’hui, via les pensions complémentaires. Aux partenaires sociaux de réserver une partie de la marge salariale à cet objectif.
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