Les coulisses de la rédaction
Quand un politique devient patron d'entreprise / Les dessous d'un changement de nom / Un conseiller qui prêche pour sa chapelle / Ces traders qui savent faire la fête / Une Bourse qui est chez elle, ou presque / La ministre et sa voiture qui roule toute seule / Rendons à la Commission…
Le bon timing de Melchior.
Melchior Wathelet a beau avoir tourné le dos à la politique pour se lancer dans le monde des affaires, sa présentation à la presse en tant que futur CEO du groupe Xperthis n’a pas encore mis au second plan son passé politique, loin de là. Du "bunker" du 16 rue de la Loi à une petite salle anonyme au 7e étage d’un immeuble de la rue d’Arlon, il n’y a qu’un pas.
La presse venue mercredi à la présentation du nouveau patron d’Xperthis était du reste majoritairement composée d’habitués de la rue de la Loi. La presse économique attend sans doute encore de voir. Et puis, plus d’un observateur de la vie politique a visiblement du mal à croire que le virage professionnel de Melchior Wathelet est définitif.
L’ancien ministre a beau regretter le manque de "perméabilité" entre la politique et les affaires (pas celles dont on parle dans les pages judiciaires), les conférences de presse se suivent et se ressemblent. Melchior Wathelet a toutefois été frappé d’emblée par une différence notable: dans le monde des entreprises, l’heure, c’est l’heure. "Ca fait quand même drôle de commencer une conférence de presse à heure et à temps. Cela me change de la politique", a-t-il lancé, un sourire en coin.
À trois minutes près, le nouveau patron d’Xperthis aura respecté le timing. Pas mal pour un début…
What’s in a name?
Après l’agitation de l’année dernière, les assemblées générales (ordinaire et extraordinaire) de Belgacom – pardon, Proximus – se sont déroulées dans une atmosphère d’une rare sérénité. Le président du conseil d’administration, Stefaan De Clerck, a eu beau chambrer la nouvelle CFO, Sandrine Dufour, présente à la tribune, en lui souhaitant "beaucoup de questions", l’intéressée n’a pas pipé mot. De fait, à peine deux petits actionnaires ont posé des questions. Le premier pour féliciter le management pour sa gestion et pour l’efficacité du service "privilège", sorte de conciergerie à domicile.
L’homme a cependant indiqué qu’il voterait contre le report de la décharge de Didier Bellens, estimant en quelque sorte qu’il fallait laisser l’ancien patron en paix. Un avis bien minoritaire, puisque la proposition a été votée par 99,82% des actionnaires.
"On s’était retrouvés côte à côte, Stefaan De Clerck et moi, l’un sous l’étiquette Proximus, l’autre sous celle de Belgacom. Il était temps d’harmoniser tout ça."
L’autre question portait sur le coût du changement de nom (environ 16 millions au lieu de 20). À ce propos, la CEO Dominique Leroy a confié lors du drink qui suivit que c’est, entre autres, un récent événement organisé par… Mediafin (éditeur de "L’Echo" et du "Tijd") qui l’avait incitée à accélérer le changement de dénomination sociale de Belgacom en Proximus: "On s’était retrouvés côte à côte, Stefaan De Clerck et moi, l’un sous l’étiquette Proximus, l’autre sous celle de Belgacom il était temps d’harmoniser tout ça!" Comme quoi, la presse reste influente…
Dans le "saint des saints"
On en convient, il n’y a rien de plus naturel qu’un conseiller presse qui prêche pour sa chapelle. Mais le cas de Luk Vanmaercke, le "Monsieur médias" de Marianne Thyssen, vaut bien un petit détour. Après à peine six mois de bons et loyaux services pour la commissaire européenne flamande, il s’apprête à partir relever de nouveaux défis.
À la fin du mois, celui qui fut porte-parole du CD&V quitte le "saint des saints" européen pour devenir rédacteur en chef de "Kerk & Leven" ("Eglise et vie"): l’hebdomadaire de la communauté catholique flamande. "Aussi connu comme le journal des paroisses", selon le communiqué de KerkNet, le site de l’épiscopat flamand, c’est un indispensable pour qui veut avoir à portée de main les horaires des célébrations eucharistiques.
Et tout porte à croire que les lecteurs fidèles vont rester nombreux: selon l’annuaire statistique dévoilé cette semaine par le Vatican, le nombre de candidats à la prêtrise a bondi de 7,5% en Belgique de 2011 à 2013, alors que les vocations sacerdotales baissaient de 3,6% en Europe. Reste à espérer que Madame la commissaire elle-même ne se laisse pas tenter par une carrière dans les ordres. Jean-Claude Juncker a encore besoin d’elle…
Un absent de marque
Au salon du trading électronique Trade Tech Europe, qui se tenait cette année encore au CNIT (Centre des nouvelles industries et technologies) à la Défense à Paris, il manquait une figure de marque. Toutes les Bourses européennes et leurs concurrents disposaient d’un stand lors de cet événement annuel, à l’exception notable d’Euronext.
Mais des représentants d’Euronext se trouvaient dans les allées du salon. "Ils sont chez eux ici" reconnaissait un des participants du salon. Effectivement, dans quelques semaines, le siège d’Euronext à Paris va déménager dans le quartier de la Défense, parce que le groupe entend faire des économies. Et au vu de son absence à Trade Tech, certains se disent que le plan d’économie de la société va assez loin.
Mais pas de chance pour Euronext: l’année prochaine, le salon se tiendra au Palais des Congrès, à la porte Maillot. Car le CNIT doit être rafraîchi.
Quand la bière coule à "flow"
À ce même salon Trade Tech Europe, l’alcool coulait à flot alors que le thème de la conférence cette année portait sur les nouvelles sources de… liquidités.
Dès l’après-midi du premier jour de la conférence, certains participants circulaient dans les allées avec une bouteille de bière à la main. À la fin des débats, un cocktail attendait les participants dans le hall. Et au stand de Flow Traders, une firme de trading à haute fréquence amstellodamoise, les représentants s’interrogeaient sur le lieu où ils allaient bien pouvoir boire après le cocktail.
Le lendemain, le stand de Flow Traders était vide pendant une bonne partie de la matinée. Les commerciaux de la firme ne sont réapparus que vers midi, avec pour certains un semblant de gueule de bois…
Galant au volant
Derrière le volant dans son Audi A6 autonome sur l’autoroute Ingolstadt-Berlin, la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant est comme vous et moi: impressionnée et quelque peu anxieuse.
Quoi de plus normal, quand vous lâchez pédales et volant sur l’autoroute à du 130 km/h dans une circulation réelle. Mais le système a aussi ceci d’impressionnant que l’on s’y habitue vite. Et la ministre de rapidement nous parler de cadre légal pour cette technologie en Belgique et donc finalement de faire autre chose que conduire.
Il faut dire que certaines situations que nous avons dû essuyer lors de notre test, la ministre en a été épargnée. Voulant se rabattre sur la bande de droite, notre Audi n’avait pas vu, dans un premier temps, un camion au loin. Et quand votre voiture freine pour passer de 130 à 50 km/h et qu’elle utilise la distance la plus adéquate pour freiner, la tentation est grande d’appuyer nous-même sur le frein.
Une fois derrière le camion, le véhicule qui ne dépasse pas, tant que d’autres automobilistes arrivent plus rapidement que lui par l’arrière, aura vite tendance à rester bloqué à du 50 km/h. La principale qualité de la voiture autonome devient alors aussi son principal défaut: réagissant à des situations programmées, la voiture ne prendra jamais de risques.
C’est pour cela qu’il faudra du temps avant de voir des véhicules autonomes en ville, car une telle conduite demande de constamment prendre des risques. C’est d’ailleurs nous qui déciderons finalement de prendre le risque de dépasser le camion en conduite manuelle. Et finalement, tout le monde s’accordera pour dire que la ministre (comme la majorité des conducteurs et nous-même lors du test) a une conduite bien plus sportive que la voiture en mode automatique.
Il faut rendre à la Commission ce qui est à la Commission
On en sait un peu plus sur l’origine du projet de nouvelle loi postale tel que programmé par le cabinet De Croo. La Commission européenne avait averti la Belgique dès 2012 qu’elle jugeait les exigences pour obtenir la licence d’opérateur postal trop élevées. En novembre 2014, elle ouvrit une procédure d‘infraction et mit notre pays en demeure de mettre son cadre réglementaire en ordre.
La Belgique avait deux mois pour répondre, mais comme entre-temps l’IBPT avait commandité une étude par un cabinet indépendant (WIK) sur les éventuelles barrières à la libéralisation (L’Echo du 15 avril) , la Commission lui a octroyé un délai supplémentaire. Depuis lors, la Belgique a répondu… qu’elle planchait sur une nouvelle loi postale.
L’étude du cabinet WIK ne venait donc pas de nulle part, mais visait à préparer le terrain pour la refonte de la loi. Et c’est bien à la mise en demeure, et non pas à l’étude, que le cabinet répond en ouvrant ce chantier. Voilà qui est dit.