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Les coulisses de la rédaction

©Vadot

Les dessous de l'accord sur le nucléaire / Un avenir scellé à Val Duchesse / Le retour de l'incontournable Etienne Davignon / Un assureur, un visionnaire et des pandas / L'art de ne pas renvoyer la balle / Surprise européenne / Un gouverneur qui a des lettres / Nom d'un Chinois!

Course contre la montre…

C’est à Bruxelles, lundi, 30 minutes avant les douze coups de minuit, que Gérard Mestrallet, le PDG du groupe Engie, a signé la fameuse convention sur le nucléaire. Il débarquait tout juste de Paris, après un dîner écourté. Le Premier ministre Charles Michel avait, lui, avalisé le document à 22 heures. Une course contre la montre, puisque la loi imposait la conclusion de cette convention pour le 30 novembre au plus tard, sous peine de voir les réacteurs de Doel 1 et 2 définitivement fermés après cet hiver. Les deux hommes avaient passé une partie de la journée à la COP21, au Bourget, à Paris, mais dans des lieux séparés – ils ne s’y étaient pas vus.

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"Le plaisir nous use, le travail nous fortifie. Choisissons, dit Baudelaire. Moi, j’ai choisi. Les deux!" tommy Leclercq gouverneur du Hainaut

Les derniers grands arbitrages, ils y avaient procédé lors d’un dîner au sommet, le vendredi soir précédent. Le dossier avait été abordé en conseil des ministres restreint le matin même – un "kern" qui devait initialement se tenir le jeudi à 16 heures, mais la révision du niveau de la menace avait bousculé les agendas. Et l’Open Vld s’est fait tirer l’oreille jusqu’à la dernière minute, bataillant pour fixer un solide plancher à la taxe nucléaire, à l’heure où les ménages flamands sont frappés par la "Turteltaks" (du nom de la ministre Open Vld Annemie Turtelboom) destinée à éponger le trop-plein de certificats verts.

… et négociations au finish.

L’épilogue s’est joué dans le prestigieux château de Val Duchesse, le 28 novembre. Autour de la table: le Premier ministre et le PDG d’Engie, mais aussi la ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem et son cabinet, Isabelle Kocher, numéro deux du groupe Engie, Philippe van Troeye, patron d’Electrabel, et l’incontournable Etienne Davignon, fin diplomate et vieux routier des négociations entre le groupe Engie et la Belgique, venu en soutien du patron d’Electrabel dans ses négociations avec la ministre Marghem en assurant des contacts réguliers avec le cabinet du Premier ministre. Des protagonistes qui s’étaient déjà rencontrés deux semaines plus tôt lors d’un dîner à Bruxelles, le soir des attentats de Paris, sans que cela ne trouble vraiment leur réunion – les premières informations leur étaient parvenues avant qu’ils ne se quittent, mais sans leur permettre de prendre la vraie mesure de l’événement.

La négociation avait donc été solidement balisée, mais il restait quelques épineux sujets à trancher, en particulier le calcul de la marge bénéficiaire, qu’Engie souhaitait très précis pour éviter de futures discussions; le taux de taxation, remis sur le tapis puisqu’un plancher était introduit pour la taxe nucléaire; et l’épineuse question des recours.

La réunion de vendredi soir a quant à elle été longue, très longue, mais elle a débouché sur un accord global, dont les architectes espèrent qu’il va conduire à une normalisation des relations entre la Belgique et le groupe. Les équipes juridiques ont alors travaillé tout le week-end, y compris la nuit de dimanche à lundi, pour peaufiner les textes et rédiger les chapitres qui manquaient. Des textes qui n’ont été finalisés que dans la journée de lundi, et avalisés d’abord par la ministre de l’Energie et le patron d’Electrabel, avant d’être transmis au Premier ministre et au PDG d’Engie. La boucle était bouclée…

Quand Marc Raisière rencontre Eric Domb.

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Ce qu’on aime, c’est quand la petite histoire fait la grande. Alors cette histoire-ci, on l’aime bien. C’est celle de la rencontre de deux grands patrons francophones: le banquier Marc Raisière (Belfius)et le fondateur du parc animalier Pairi Daiza, Eric Domb. Retour en 2013, Eric Domb mitonne un petit coup de génie: faire venir deux pandas de Chine pour les installer dans son parc hennuyer. Les tractations avec les autorités chinoises sont âpres, les conditions du prêt des pandas sont drastiques. Il faut notamment assurer le transport de ces pandas ainsi que leur séjour en Belgique… Et il n’y a pas grand-monde sur la place belge pour suivre le rêveur Domb dans cette aventure-là. Mais voilà qu’au hasard d’un cocktail, Eric Domb se retrouve face à Marc Raisière. Les deux hommes ne se connaissent pas, mais le courant passe bien, très bien même. Domb lui fait part de son projet "pandas" et du hic des assurances. Raisière, on ne se refait pas, a un long passé d’assureur chez Axa, dans sa tête, ça tourne donc à toute vitesse. Et le voilà qui dit à Domb en plein milieu de la soirée: "Topons-la, vos pandas, nous allons les assurer!" Et ce qui fut dit, dans un cocktail, fut fait. Les grilles d’assurance de Belfius ont donc chauffé, jusqu’à Londres puisque la banque belge est notamment passée par le Lloyds. Il s’agissait de calculer la valeur du panda, par exemple en regardant le nombre de pandas qui se trouvaient prêtés par la Chine dans le monde. Bref, chaque panda, grosso modo, est assuré pour la somme de 1,1 million d’euros… Des biens (très) précieux. En attendant, la collaboration entre Belfius et Pairi Daiza s’est tellement bien déroulée qu’elle se poursuit encore aujourd’hui.

La FN obligée de changer son fusil d’épaule…

L’armée belge a remplacé ses fusils d’assaut légers FAL par des FNC voici quelques années, puis, plus récemment, elle a commencé à remplacer ces derniers par des SCAR, plus légers, plus modernes. Les trois modèles ont été/sont fournis par la FN. Tout cela n’a rien que de très logique, c’est l’évolution technologique qui veut cela. Plus cocasse est en revanche le sort réservé aux anciens modèles. Il nous revient en effet que la FN a proposé à la Défense nationale de lui racheter plusieurs milliers de FAL mis en réserve dans diverses casernes. Il faut savoir que le fabricant d’armes liégeois en a vendu beaucoup en Amérique latine et qu’il reste lié par des contrats de maintenance avec ses clients latinos: il doit notamment être en mesure de leur fournir des pièces de rechange. C’est la raison pour laquelle les FAL de notre Grande Muette l’intéressaient: pour les pièces, qu’il ne possède plus en magasin. Las! La Défense n’a rien voulu savoir et l’armée a entrepris de (faire) détruire tous ses FAL. Dommage, puisqu’elle aurait pu déduire du prix d’achat des nouveaux SCAR le prix de revente de plusieurs milliers de FAL. Dommage aussi pour la FN, qui devra faire reproduire des pièces pour honorer ses contrats sud-américains. Ce sera "le coup de fusil" pour leurs comptables alors qu’on aurait préféré les voir… se renvoyer la balle.

Chère délégation.

Le Burundi, un des pays les plus pauvres du monde, est secoué, on le sait, par une grave crise politique. Son président, Pierre Nkurunziza, s’est fait réélire pour un troisième mandat, alors que la Constitution et les accords de Paix d’Arusha l’interdisent. Nkurunziza s’accroche au pouvoir depuis six mois. Les assassinats ciblés se multiplient et les attaques de la police sont devenues quotidiennes. L’Europe s’en inquiète. Des négociations se sont ainsi ouvertes à Bruxelles pour tenter de ramener le président à la raison. Dans le cas contraire, l’Union européenne pourrait couper les vivres au gouvernement burundais. Dans un courrier, que nous avons pu lire, le gouvernement du Burundi n’a pas hésité à demander à l’Europe de financer le voyage et le logement des 18 membres de la délégation burundaise. Du jamais vu! La répression, ça coûte visiblement très cher…

Baudelaire, le plaisir et le travail.

Fin lettré, le Hennuyer Tommy Leclercq, le plus jeune gouverneur en place dans les provinces du Royaume, aime émailler ses propos de citations littéraires. Il ne pouvait manquer à l’exercice pour la sobre Mercuriale qu’il vient de prononcer devant le Conseil provincial du Hainaut.

Se tournant vers ses collaborateurs, il a salué "le travail conceptuel qui est assuré avec rigueur, dynamisme et compétence". Et le rouge gouverneur du Hainaut d’en appeler à Baudelaire:

"À chaque minute, nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps. Et il n’y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar: le plaisir et le travail. Le plaisir nous use, le travail nous fortifie. Choisissons…". Et sans la moindre hésitation, l’impavide Tommy Leclercq de conclure sous un tonnerre d’applaudissements: "Moi, j’ai choisi. Les deux!"

Le retour de Ping An!

Bon sang de bonsoir, on a bien failli y croire. Une société appelée Ping An 168 vient de se constituer rue de l’Eglise, à Boussu. C’était un jour terne, il y avait peu de sujets. Alors le retour de l’assureur chinois, qui fut un temps le premier actionnaire de Fortis, nous n’allions pas passer à côté. Rue de l’Eglise, à Boussu, ceci dit, ça aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Le "168" collé à Ping An aussi d’ailleurs. Mais non. Il nous a fallu comprendre le système de déverrouillage automatique des voitures de pool de "L’Echo" (les journalistes ayant fait polytech et ingénieur physicien ont une longueur d’avance sur les autres), trouver un photographe (Boussu, c’est une contrée exotique, non?), vérifier si Boussu n’était pas en alerte 4, s’assurer qu’il n’y avait pas de thalasso à Boussu (on ne veut pas se prendre un peignoirgate dans les lattes), contacter le Fonds pour le journalisme pour dégager une ligne budgétaire et vendre le sujet aux chefs de la rédac’. Tout ça a été fait. Puis, avant de prendre la route, on a regardé de plus près l’acte en question. Une épicerie. À Boussu. Une simple épicerie. Pas la moindre trace d’un assureur. Pas un mot sur Maurice Lippens. Pas de Modrikamen en peignoir, rien, un faux espoir, une déception absolue. Tant pis, on repassera pour le papier d’investigation. À la semaine prochaine pour de nouvelles aventures!

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