Édito | Le PTB au pouvoir: qui joue au couillon?

Rédacteur en chef

À Mons, le PS noue un accord de majorité avec le PTB. Un cadeau inestimable pour le second, une erreur monumentale pour le premier.

Énorme. À Mons, bastion socialiste s’il en est, le PS a décidé de former une majorité avec le PTB et Ecolo. La donne était ouverte, il y avait d’autres options possibles sur la table, mais Nicolas Martin, le successeur d’Elio Di Rupo à la tête de la ville, a choisi une alliance à gauche toute, quitte à inclure le parti marxiste dans l’attelage qui va piloter la cité du Doudou pendant six ans.

C’est un choix que permet l’arithmétique, oui. Mais c’est surtout un choix historique qui laissera des traces. Pour la première fois en Belgique francophone, l’extrême gauche marxiste monte au pouvoir, à l’invitation des camarades socialistes.

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Il n’y a pas si longtemps, le président des socialistes Paul Magnette voyait pourtant dans les tenants du PTB des "couillons", fustigeant leur refus de prendre la moindre responsabilité et ajoutant qu’ils ne servaient à rien. Propos de campagne, dira-t-on, il fallait bien se démarquer de cet envahissant adversaire à la gauche du PS.

Un cadeau inestimable, une erreur monumentale

À Mons, apparemment, le PTB sert à quelque chose: garder le pouvoir et maintenir le MR de Georges-Louis Bouchez dans l’opposition. La bagarre, musclée, entre les deux cadors montois, le socialiste et le libéral, n’est pas pour rien dans le choix de majorité survenu jeudi soir. Le socialiste garde les clefs de la ville tout en maintenant le libéral dans l’opposition.

Ce deal crée un précédent. Le PS ne savait plus quoi faire pour exister à gauche face au PTB, au point de laisser toute la place au centre aux Engagés. Voilà qu’il déroule à présent le tapis rouge aux "couillons" qui "ne servent à rien". "Oui, on peut travailler avec le PTB", nous dit en substance le parti socialiste. C’est un cadeau inestimable pour le PTB en même temps qu’une erreur monumentale dans le chef du PS.

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Le fait que l’affaire se joue au niveau local ne change fondamentalement rien à l’affaire. D’abord parce que Mons est la quatrième ville wallonne où vivent 100.000 habitants. Ensuite parce que ce premier accord pourrait bien être suivi d’autres alliances du même acabit, du côté de Bruxelles en particulier. Enfin et surtout, parce que symboliquement, l’extrême gauche vient d’engranger un maximum de points en crédibilité.

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Le PS ne savait plus quoi faire pour exister à gauche face au PTB, au point de laisser toute la place au centre aux Engagés. Voilà qu’il déroule à présent le tapis rouge aux "couillons" qui "ne servent à rien".

Un parti qui surfe sur les caricatures

Le PTB, qui se contorsionne sans répondre quand on lui demande ce qu’il pense des droits humains en Russie ou en Chine. Le PTB, qui joue la caricature permanente et simpliste de la lutte des classes. Le PTB, qui balance des slogans manichéens en veux-tu en voilà, accentue les divisions et se montre si peu constructif.

Peut-être le PS nourrit-il l’espoir de confondre l’extrême gauche en la plongeant dans le bain de l’exercice du pouvoir, en la confrontant au pragmatisme qu’impose la gestion de la cité. En attendant, le PTB vient de placer un coin dans la politique belge. Le parti socialiste lui offre le super bonus des élections communales 2024. Pour en arriver là, faut-il que le PS soit aux abois...

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