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Évaluations: les enseignants mettent la pression pour ne pas être sanctionnés

Le projet d'évaluation des enseignants comporte un volet sanction, qui peut aller jusqu'au licenciement pour incompétence. Les syndicats des enseignants le rejettent. ©BELGAIMAGE

Les enseignants refusent d'être sanctionnés dans le cadre de leur processus d'évaluation. Ils disent oui à davantage de formation, mais rejettent toute sanction qui mènerait à un licenciement.

Les syndicats enseignants menacent de mettre à mal les travaux du Pacte d'excellence si leur ministre de tutelle, Caroline Désir, ne retire pas le volet sanctions du projet de décret sur l'évaluation des enseignants. "Nous sommes pour, et même demandeurs, que les enseignants soient évalués, et reçoivent, pour ceux qui le nécessitent, un programme de formation. Mais cela ne peut pas servir à mettre une pression excessive et mener à des licenciements", dit Joseph Thonon, le président de la CGSP-Enseignement.

L'avant-projet de décret est actuellement soumis à la concertation avec les représentants des enseignants et des directions. Une réunion à ce sujet doit se tenir ce jeudi. Mais depuis un an, les syndicats tentent de faire plier le politique sur le volet "sanctions", craignant qu'il n'accélère les départs du métier.

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"Nous ne voulons pas que ce texte serve à faire de la chasse et de la casse d'enseignant, il nous faut des garanties plus fortes que celles qui sont sur la table."

Roland Lahaye
Secrétaire général de la CSC-Enseignement

"Les enseignants souhaitent une évaluation qui les porte, pas qui les chasse et les casse, dit Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC-Enseignement. Les syndicats comptent le faire savoir à la table des négociations, mais également auprès des présidents de parti de la majorité. Ce mardi, ils débarqueront d'abord au siège carolo du PS pour y rencontrer Paul Magnette.

Tension sur fond de pénurie

Actuellement, le texte prévoit une procédure de recours à l'inspection pour l'enseignant qui se sentirait menacé. Mais ce n'est pas suffisant, dit Lahaye, qui craint des abus. "Imaginez, si cela se passe mal pour 5, voire 10% des enseignants, que fera-t-on alors qu'on manque déjà de profs?"

L'avant-projet de décret sur l'évaluation des enseignants fait partie du Pacte d'excellence, dont les subtils équilibres ont été approuvés par les syndicats. Il met fin à une situation particulière au sein de l'administration: les enseignants sont les derniers fonctionnaires à ne pas être évalués sur la base de leurs compétences.

Évaluer, former... et sanctionner

Le texte comporte deux grands volets. Un premier prévoit un entretien d'évaluation (tous les trois ans, tous les ans pour les jeunes dans les cinq premières années de leur carrière), mené par les directions d'école. "C'est une bonne chose, dit Roland Lahaye, pour autant qu'il serve aussi à mettre en évidence ce qui fonctionne bien, et qu'il permette une vraie reconnaissance." En cas de problème, l'enseignant serait invité à suivre un module de formation adapté à ses faiblesses. Jusque-là, les syndicats soutiennent le projet, même s'ils craignent un déficit de formation des directions face à cette procédure d'évaluation.

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"Pourquoi rajouter une couche à un système de sanction qui existe déjà?"

Joseph Thonon
Président de la CGSP-Enseignement

C'est donc face au second volet du projet que les syndicats coincent. Une fois le rapport d'évaluation rédigé, les directions seront invitées à le transmettre à leur pouvoir organisateur. En cas d'évaluation défavorable, une procédure plus poussée sera lancée, avec risque de licenciement à la clé. Ici aussi, les syndicats se demandent comment des PO, parfois très éloignés du pédagogique (notamment des échevins), peuvent statuer sur les compétences d'un enseignant.

"Pourquoi rajouter une deuxième arme à l'arsenal de sanction qui existe déjà?", se demande enfin Joseph Thonon, qui signale qu'une procédure existe déjà en cas de faute. Un enseignant peut en effet déjà se voir blâmé, voire être licencié, mais uniquement pour une faute professionnelle (faits de violence, faits de mœurs, non-respect du règlement de travail...). "Les cas de licenciement sont d'ailleurs très rares", nous dit-on au sein du réseau WBE (Wallonie-Bruxelles Enseignement). Mais le déficit pédagogique, lui, n'est jamais sanctionné. Et c'est bien ce vide-là que le projet entend combler.

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