Élections 2024: l'état-major de DéFi s'étripe à quatre mois du scrutin

Constituer une liste électorale n'est jamais simple et le résultat, souvent fruit de semaines de tractations et de luttes d'influence, fait toujours des mécontents. Chez DéFi, ce grand classique de la période préélectorale vire au drame (ou au vaudeville, c'est selon) et semble enfoncer le parti dans la crise.

Le président François De Smet en est arrivé à contester le résultat du vote qui, d'une courte voix dimanche en conseil général, a installé la liste régionale bruxelloise du parti amarante en vue des prochaines élections. Le chef de cabinet présidentiel a recompté les bulletins papier et constaté un problème invalidant le scrutin.

Une "tentative de tricherie"

L'information a été divulguée en interne, mais l'invalidation est jugée indigne par une partie des ténors amarantes, dont l'ex-président Olivier Maingain. Courroucé, ce dernier invitait la presse mardi matin, dans son fief de Woluwe-Saint-Lambert, afin de dénoncer une "tentative de tricherie".

Il ne réclame ni plus ni moins que la démission du chef de cabinet de François De Smet, "sans quoi le président du parti se met lui-même en péril", prévient le bourgmestre de Woluwe.

Lors d'une conférence de presse, François De Smet a sèchement remballé son prédécesseur en l'invitant à privilégier l'intérêt du parti. Il annonce la convocation d'un conseil général pour un nouveau vote sur la liste. DéFi se limitera-t-il à faire revoter ceux qui ont voté dimanche ou ouvrira le scrutin? La question n'est pas tranchée.

Le président de DéFi fait état d'erreurs "manifestes" dans le comptage de dimanche. En coulisse, on confirme qu'une dizaine de votes "contre" la liste a été comptabilisée comme "pour" la liste, tandis que la confiance des mandataires envers l'équipe d'assesseurs est pour le moins ébranlée.

Mais d'autres de s'interroger sur le caractère réglementaire de l'accès aux bulletins de vote par le chef de cabinet de De Smet.

Gosuin dézingue Maingain

Contacté, Didier Gosuin qui préside le processus électoral interne, confirme "une erreur matérielle comme il peut en arriver" dans le scrutin de dimanche, mais ne peut conclure à la tricherie.

"On n'accuse pas comme cela de tricherie sans preuve par voie de presse, c'est inadmissible, ajoute l'ex-ministre bruxellois. Je ne comprends pas l'attitude d'Olivier Maingain. Cela dessert le parti, cela dessert son fils pour lequel il souhaite pourtant le meilleur avenir."

Comment DéFi en est-il arrivé là? Dimanche, il a fallu trois propositions et plus de sept heures de débat pour trouver une très courte majorité qualifiée (60%) dans un jeu entre les grosses sections bruxelloises de DéFi: Schaerbeek, Woluwe-Saint-Lambert et le groupe de communes du Nord Ouest.

Le résultat? L'écartement de plusieurs députés régionaux sortants des dix premières places (les plus éligibles), dont le chef de groupe Emmanuel De Bock, relégué à la 25ᵉ place, Marc Loewenstein (13ᵉ) ou encore Jonathan De Patoul (11ᵉ).

Ces glissements se font notamment au profit du peu connu Michaël Loriaux (5ᵉ), collaborateur parlementaire et chef de file du parti à Woluwe-Saint-Lambert, de l'ex-secrétaire d'État Gisèle Mandaila (6ᵉ), ou encore de Michaël Vossaert (7ᵉ) chargé de séduire l'électeur à Molenbeek mais qui est loin de faire l'unanimité en interne.

Autre source d'étonnement, l'arrivée à la 9ᵉ place d'Emin Özkara, transfuge du PS, mais aussi conseiller communal indispensable à la majorité schaerbeekoise du bourgmestre en titre et tête de liste régionale Bernard Clerfayt. Si l'enjeu schaerbeekois pour les prochaines communales pèse dans la balance, la locale n'a pas spécialement appuyé la liste finale de dimanche, disent plusieurs sources.

Özkara incarne cependant le vote communautaire que DéFi prétend combattre, admettent plusieurs mandataires contactés par L'Echo. Ce mouvement passe d'autant plus mal que Cécile Jodogne, bourgmestre faisant-fonction de Schaerbeek doit pousser la liste.

Pour rappel, la liste régionale DéFi sera emmenée par Bernard Clerfayt, Joëlle Maison et de l'échevin bruxellois Fabian Maingain. Au Fédéral, est proposé un trio formé par le président François De Smet, la députée sortante Sophie Rohonyi et l'ex-juge d'instruction Michel Claise.