La Belgique, moins violente mais aussi raciste que les États-Unis?
La mort de George Floyd à Minneapolis a créé une onde de choc mondiale. Au point de faire bouger les lignes en Belgique? Harcèlement, discrimination, violence policière, une série d’indicateurs sont dans le rouge, sans réelles remises en question. Petite séance d’introspection.
"En fait le truc qui fait peur, c’est pas qu’ils nous frappent. C’est qu’ils nous étouffent." La citation est extraite d’un rapport de 2018 du délégué général aux droits de l’enfant. À la demande du Collectif des Madre, Bernard De Vos s’était rendu à Saint-Gilles pour collecter des témoignages de mineurs se plaignant de violences policières. "La phrase de George Floyd "I can’t breathe" résonne dans une grande partie de la jeunesse bruxelloise. Ce n’est pas forcément avec un genou sur la nuque, mais la technique de l’étranglement est répandue, car elle ne laisse pas de trace", affirme Julia Galaski. Active au sein de ce collectif de mères, elle dit être tombée des nues devant la multiplicité et la concordance des témoignages. "Les contrôles d’identité peuvent sembler anecdotiques. Mais cela s’accompagne, plusieurs fois par semaine, d’insultes et de provocations avec le risque, au moindre mauvais geste, de finir dans un fourgon ou au commissariat pour une fouille à nu. En tant que blanc, on n’a pas conscience qu’un oubli de carte d’identité peut mener à l’hôpital."
"Les jeunes sortant des cachots avec des blessures se sont soi-disant frappé la tête contre le mur et les caméras sont toujours en panne. C’est dingue que cela passe encore! Les policiers dressent un P.-V. pour rébellion et l’emportent en justice parce qu’ils sont assermentés."
La fuite face à un contrôle d’identité n’est pas forcément révélatrice d’un méfait commis, insiste Joke Callewaert. Cette avocate du Progress Lawyers Network défend depuis vingt ans les jeunes victimes de violences policières, dont les récits restent cantonnés à la rubrique faits divers. On retrouve parmi eux Mehdi, tué à l’âge de 17 ans par une voiture de police roulant à 98 km/h sans sirène près de la Gare Centrale, et Sabrina, jeune femme de 21 ans ayant trouvé la mort avec son ami Ouassim après avoir percuté un véhicule de police dans le cadre d’une course-poursuite initiée pour conduite dangereuse. "Le problème des contrôles d’identité ne se pose pas pour les Belgo-Belges. C’est un constat de notre pratique quotidienne. Les jeunes sortant des cachots avec des blessures se sont soi-disant frappé la tête contre le mur et les caméras sont toujours en panne. C’est dingue que cela passe encore! Les policiers dressent un P-V. pour rébellion et l’emportent en justice parce qu’ils sont assermentés", déplore-t-elle.
"Des personnalités politiques comme Viktor Orban, Matteo Salvini et Theo Francken se sont fait élire en se posant en défenseurs d’une identité collective menacée par ceux qui sont différents. Les quidams qui portaient en eux une série de préjugés se sont alors davantage autorisés à s’exprimer de manière agressive par rapport aux minorités."
Les violences policières ne sont que l’une des facettes d’un racisme bien présent en Belgique. D’autres indicateurs sont dans le rouge. Ainsi, le Mouvement contre le Racisme et la Xénophobie (Mrax) enregistre une hausse constante des signalements ces dernières années, avec un bond de 26% en 2019. Les propos ou actes xénophobes apparaissent en premier lieu, le racisme anti-noir et l’islamophobie complétant le podium. "Cette augmentation des plaintes est concomitante avec la décennie populiste que nous venons de vivre, relève Carlos Crespo, président du Mrax. Des personnalités politiques comme Viktor Orban, Matteo Salvini et Theo Francken se sont fait élire en se posant en défenseurs d’une identité collective menacée par ceux qui sont différents. Les quidams qui portaient en eux une série de préjugés se sont alors davantage autorisés à s’exprimer de manière agressive par rapport aux minorités."
Fuite des talents
Au-delà du racisme pur et dur, exprimé frontalement, c’est l’invisibilisation qui guette les minorités en Belgique. La 4e édition du baromètre socioéconomique du Centre interfédéral pour l’Égalité des Chances (Unia) démontre qu’en fonction de leur origine, certains groupes sont systématiquement défavorisés sur le marché de l’emploi. À diplôme égal, l’écart en termes d’emploi entre les personnes d’origine belge et celles d’origine non européenne atteint 30% dans certains domaines d’études telles que les lettres, le droit ou les sciences vétérinaires. Pire élève de la classe selon Eurostat, la Belgique affiche le taux d’emploi des immigrés d’origine non européenne le plus faible des 28 États membres: 58% contre une moyenne de 73,4% au niveau de l’Union européenne.
Le dernier monitoring d’Actiris corrobore cette réalité de la discrimination à l’embauche. Les personnes afro-descendantes et d’origine maghrébine affichent un taux de chômage trois à quatre fois plus élevé que les Belgo-Belges, selon l’office régional de l’emploi. Son service anti-discrimination recueille les témoignages de personnes psychologiquement brisées. "On sous-estime encore la violence d’être refusé pour un job à cause d’une différence", souligne Fatima Zibouh. La responsable d'Actiris Inclusive évoque le cas de personnes restant sur le carreau à l’issue d’un master, en biomédical par exemple, alors que tous les autres étudiants de leur promotion se voient offrir un emploi ou un stage. "Paradoxalement, ces personnes reçoivent des offres à l’étranger. Deux thèses de doctorat actuellement menées à la KUL objectivent la fuite des talents engendrée par la discrimination à l’embauche."
"Résumer l’extrême-droite au Vlaams Belang est réducteur. C’est un leurre de croire que les Flamands seraient plus racistes que les francophones."
Loin d’être neufs, ces constats n’ont pourtant pas conduit nos élus à compter le racisme parmi leurs priorités. En témoigne l’absence d’un plan interfédéral de lutte contre le racisme malgré l’engagement pris à Durban, en 2001. Face à l’indignation sincère exprimée vis-à-vis du sort des Afro-américains outre-Atlantique conjuguée à l’indifférence relative au vécu des Belges d’origine étrangère, une question se pose: la Belgique ferait-elle l’autruche?
Ce déni peut s’expliquer par l’absence, au sud du pays, d’une expression partisane des idées xénophobes. "Résumer l’extrême-droite au Vlaams Belang est réducteur. C’est un leurre de croire que les Flamands seraient plus racistes que les francophones", affirme Benjamin Biard. Ce chercheur du Crisp rappelle que les données collectées à travers l’enquête sociale européenne en janvier dernier sur les attitudes des électeurs ont démontré qu’il n’existe pas deux opinions publiques distinctes en Belgique, en ce sens que Wallons et Flamands ne s’opposent pas systématiquement sur toutes les questions. "Le cordon médiatique et un sentiment nationaliste moins fort qu’en Flandre expliquent les difficultés qu’ont les formations d’extrême-droite, par essence nationalistes, à se développer au sud. Mais les idées d’extrême-droite y sont bien présentes, notamment sur les réseaux sociaux."
Chronique | Déboulonner Léopold II dans les esprits
"Dans l’histoire belge, cette déshumanisation également très forte fut moins visible car cela se déroulait dans les colonies à des milliers de kilomètres. L’histoire est donc assez différente mais débouche sur un racisme structurel des deux côtés de l’Atlantique."
La différence objective avec les États-Unis, c’est le degré de violence, avance Carlos Crespo. "C’est le pays de la démesure avec un niveau de violence beaucoup plus élevé que chez nous en raison notamment de la législation sur les armes à feu. Il y a les mêmes racines de la xénophobie chez nous mais les conséquences sont heureusement moins dramatiques."
Les allers-retours entre différentes sociétés sont intéressants pour mieux se comprendre soi-même, considère Marco Martiniello. Le directeur du Centre d’études de l’ethnicité et des migrations (CEDEM) de l’ULiège souligne qu’il n’y a pas eu en Belgique de déshumanisation des populations issues de l’immigration comme ce fut le cas pour les esclaves afro-américains. "Dans l’histoire belge, cette déshumanisation également très forte fut moins visible, car cela se déroulait dans les colonies à des milliers de kilomètres. L’histoire est donc assez différente mais débouche sur un racisme structurel des deux côtés de l’Atlantique. Il y a encore chez nous un héritage de la mentalité coloniale qu’il est difficile de faire évoluer."
Renvoi à l’animalité
Ce n’est dès lors pas un hasard si, dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, une pétition réclamant le retrait des statues de Léopold II connaît un succès retentissant, crispant un autre pan de la population. Pour nos interlocuteurs, le lien entre le passé colonial de la Belgique et le racisme actuel envers les personnes noires est indubitable. Le racisme est protéiforme et ses singularités doivent être reconnues sans être hiérarchisées, estime le directeur d’Unia. "Par exemple, les personnes juives seront rarement confrontées à de la discrimination au niveau de l’emploi ou du logement mais feront face à des discours de haine les renvoyant à leur judéité tandis que le racisme à l’égard des personnes afro-descendantes a trait au passé colonial, avec un renvoi à l'animalité", explique Patrick Charlier qui cite les cris de singe poussés dans les stades à la vue de joueurs noirs. Ou encore les expressions du type: retourne dans ton arbre, dans ta jungle. Ce qui fait écho, dans l’actualité, à l’affaire du pompier bruxellois accusé d’avoir lancé une banane sur un patient d’origine africaine.
"Aujourd’hui, la conscientisation de la population n’est pas assez profonde pour pointer la responsabilité de Léopold II et avoir un débat sur sa présence dans l’espace public. Beaucoup de Belges sont encore très attachés à ce souverain alors qu’il était déjà controversé à l’époque."
En 2018, ce sont des incidents survenus au festival Pukkelpop qui avaient marqué les esprits. Deux femmes noires y avaient été agressées et un groupe de jeunes avaient entonné des chants racistes: "couper les mains, le Congo est à nous". Pour le cofondateur du collectif Mémoire Coloniale, cela prouve que la déconstruction de la propagande coloniale est une urgence. "Comment ces jeunes ont pu apprendre une chanson du début du XXe siècle? Il y a encore une transmission familiale", assure Kalvin Soiresse. Désormais député régional sous la bannière Ecolo, il estime qu’il serait contre-productif de déboulonner les statues de Léopold II tant que l’on ne rend pas obligatoire l’enseignement de l’histoire coloniale, comme l’envisage désormais la ministre Caroline Désir (PS). "Aujourd’hui, la conscientisation de la population n’est pas assez profonde pour pointer la responsabilité de Léopold II et avoir un débat sur sa présence dans l’espace public. Beaucoup de Belges sont encore très attachés à ce souverain alors qu’il était déjà controversé à l’époque. Il faudra beaucoup de pédagogie pour déconstruire la propagande coloniale."
"Quelques années de militantisme ne suffisent pas pour extraire un siècle de mépris racial dans l’un des pays qui comptent le plus d’associations de coloniaux."
Enseigner une histoire dans laquelle les opprimés ont aussi voix au chapitre ne sera pas aisé, affirme Mireille-Tsheusi Robert. Pour engranger de vraies avancées, elle estime qu’il faut profiter du momentum créé par l’affaire George Floyd. "Quelques années de militantisme ne suffisent pas pour extraire un siècle de mépris racial dans l’un des pays qui comptent le plus d’associations de coloniaux", déclare la présidente de l’ASBL Bamko en référence à l’Union royale belge pour les pays d’outre-mer (Urome). Cette coupole réunissant une grosse vingtaine d’associations veille à assurer le souvenir et la défense de l’œuvre accomplie par les Belges en Afrique Centrale. "Nous avons en face de nous des gens inscrits dans les piliers belges et capables d’actionner les leviers. Nous n’avons pas le même réseau relationnel pour faire du lobbying."
Selon Mireille-Tsheusi Robert, les chercheurs qui décident de travailler sur les questions de colonisation et de racisme restent marginalisés. Ce n’est pas Sarah Demart qui dira le contraire. Coordinatrice d’une étude relative à la discrimination des Belges afro-descendants pour la Fondation Roi Baudouin en 2017, cette sociologue raconte n’avoir jamais reçu aucune invitation d’un parlement ou d’un parti politique à venir présenter cette recherche menée par l’ULiège, l’UCL et la VUB, à l’inverse de ses collègues ayant mené des études similaires concernant les communautés belgo-marocaine et belgo-turque. Les conclusions étaient pourtant préoccupantes, 80% de répondants déclarant avoir subi des discriminations ou des insultes en raison de leur couleur de peau ou de leur origine. Un chiffre nettement supérieur à celui recueilli pour les Belgo-Marocains (49,9%) et les Belgo-Turcs (37,1%).
Rôles sans prénom
Les réflexes coloniaux et autres stéréotypes n’épargnent pas le secteur culturel. Tant pour le théâtre que pour le cinéma, les commissions décidant l’octroi de subsides sont montrées du doigt. "La plupart ne sont pas représentatives de la population, cela se ressent au niveau des projets sélectionnés, en décalage avec la réalité. L’éventail des rôles des personnes racisées est réduit par ceux qui écrivent les scénarios en fonction de leur vision du monde. Ils connaissent le taximan arabe, la mère des quartiers qui prépare à manger… ", rapporte Mohamed Ouachen, comédien et fondateur de la plateforme Diversité sur Scènes.
"La narration des hommes blancs est très riche tandis qu’on raconte toujours les mêmes histoires pour les personnes non blanches. Immigrées et pauvres, ce ne sont jamais des artistes, des présidentes, des avocates. Le nombre de rôles d’infirmières que j’ai jouées!"
"La narration des hommes blancs est très riche tandis qu’on raconte toujours les mêmes histoires pour les personnes non blanches. Immigrées et pauvres, ce ne sont jamais des artistes, des présidentes, des avocates. Le nombre de rôles d’infirmières que j’ai jouées!", s’exclame Priscilla Adade. L’actrice-productrice explique que le secteur de la culture, réputé progressiste, n’est pas propice à la remise en question. "C’est censé être un milieu ouvert. Mais pour pouvoir vivre de son art, il faut disposer d’une certaine stabilité et donc venir d’un certain milieu. C’est pour cela que la culture ne représente que celle de l’homme blanc en Belgique."
"Combien de noirs à part moi dans les médias? Si je ne le fais pas, qui va le faire? Plusieurs parents m’ont dit que j’étais un exemple pour leur petite fille qui se disent qu’elles peuvent aussi devenir animatrice ou journaliste. Rien que pour ça, je ne lâcherai jamais rien."
Après ses études de théâtre, Cécile Djunga fut confrontée au racisme lors de castings où on lui demandait de prendre un accent. Certains scénarios ne prévoyaient aucun prénom pour des rôles estampillés "femme noire" ou "bamboula". Il y a deux ans, en dénonçant l’appel d’une téléspectatrice la jugeant trop noire, la présentatrice de la RTBF s’est retrouvée sous les feux des projecteurs, suscitant une vague de soutien ainsi qu’un torrent de boue. "Je me suis retrouvée sur des sites néonazis où l’on me comparait à une guenon et d’autres trucs atroces qui m’ont glacé le sang." Devenue militante par la force des choses, Cécile Djunga vient d’initier une pétition relative à l’éducation de l’antiracisme dans les écoles. "Combien de noirs à part moi dans les médias? Si je ne le fais pas, qui va le faire? Plusieurs parents m’ont dit que j’étais un exemple pour leur petite fille qui se disent qu’elles peuvent aussi devenir animatrice ou journaliste. Rien que pour ça, je ne lâcherai jamais rien. Porter la coupe afro à la télévision, ce n’est pas de la coquetterie, c’est un acte militant. Gamine, je ne voyais jamais de femmes aux cheveux crépus à la télévision."
Selon le baromètre de la diversité et de l’égalité du CSA, on recensait, en effet, à peine 3,78% d’animateurs/journalistes perçus comme issus de la diversité en 2017. Moins visible, la composition des rédactions de presse écrite, dont celle de L’Écho, demeure aussi assez homogène. Il ressort d’une étude menée l’an passé par l’ULB, l’UMons et l’UGent que le journaliste belge type est toujours un individu de sexe masculin, âgé d’une cinquantaine d’années et détenteur d’un diplôme universitaire.
"Il s’agit que chaque employeur questionne sa politique de ressources humaines et ses préjugés car on sait qu’il y a des biais inconscients et que l’on engage de préférence les personnes qui nous ressemblent."
Tenu par un devoir d’exemplarité, le monde politique a quant à lui fait de la place aux personnalités d’origine étrangère depuis des années. Sans pour autant que l’arrivée de celles-ci sur le devant de la scène se fasse sans encombre. Pas plus tard que fin mai, la nouvelle porte-parole de l’Open Vld, Zelfa Madhloum, s’est dite choquée par les réactions racistes suscitées par sa nomination sur les réseaux sociaux. La crise sanitaire a mis la focale sur les grands décideurs du pays et permis de constater un manque de diversité dans les plus hautes fonctions. "C’est un work in progress et la remise en question doit être permanente. Chez Ecolo, la double présidence permet d’imposer une femme, mais je répète à l’envi qu’il n’est pas question que je sois l’arabe qui cache la forêt", lâche Rajae Maouane. Sur les réseaux sociaux, la coprésidente des Verts est devenue une cible privilégiée. "Macaque" ou "pute": les injures racistes et sexistes se mêlent, chaque jour, aux remarques remettant en cause sa légitimité en tant que dirigeante de parti.
De l’indignation à l’action
Il ne suffit pas de ne pas être raciste: presque tous nos interlocuteurs le disent. "L’amélioration de la participation des personnes d’origine étrangère au marché de l’emploi est très légère. À ce rythme, il faudrait encore 70 ans pour atteindre l’égalité", relève Patrick Charlier (Unia). Raison pour laquelle il faut s’inscrire dans un paradigme antiraciste et proactif selon Fatima Zibouh. "Il s’agit que chaque employeur questionne sa politique de ressources humaines et ses préjugés, car on sait qu’il y a des biais inconscients et que l’on engage de préférence les personnes qui nous ressemblent." Priscilla Adade enfonce le clou: "Si la lutte passe du côté des blancs, cela ira beaucoup plus vite. Par exemple, si je décide de ne plus travailler dans des productions où je suis la seule noire, je risque de moins travailler. Mais si tous mes collègues le font, le problème sera vite réglé. On n’est pas assez nombreux à porter ce poids."
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