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Les coulisses

©Nicolas Vadot

Diplomatiquement incorrect, mais sans langue de bois/Entre gens du Brabant wallon/Des noms décidément trop flamands pour nos amis français/Un patron très philosophe/Le sens de la famille/Maladresse ou erreur de communication?

Seul face à la horde des journalistes

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est un des personnages clés de la crise grecque. Et un des hommes politiques les plus traqués. La moindre de ses déclarations est passée à la moulinette par les observateurs politiques et les quelques centaines de journalistes en poste à Bruxelles. Ses faits et gestes sont interprétés, parfois à l’excès, comme un signal politique positif ou négatif sur la crise en cours. Mercredi, il donnait une conférence de presse en compagnie de l’ex-Premier ministre italien Mario Monti, ancien Commissaire à la concurrence. Le sujet? Le Groupe de haut niveau sur les ressources propres, une question budgétaire pointue qui passionne surtout les experts des finances européennes. Le duo, pourtant, s’est retrouvé face à une horde de journalistes inhabituellement nombreuse qui, après avoir écouté poliment l’allocution des intéressés, s’est empressée de ne poser des questions… que sur la Grèce. Le tout, dans la canicule et la chaleur oppressante des spots de télévision. Énervé par ces questions, le président Juncker, tout en s’épongeant le front, n’eut qu’une seule réponse: "Si à chaque fois que je me gratte, que je m’essuie les lèvres, vous me prenez en faute… je sais ce que je dois faire, désormais, pour être dans la presse tous les matins. Le jour où je voudrai faire une conférence de presse sur la Grèce, je ferai une conférence de presse sur la Grèce". Diplomatiquement incorrect. Mais, au moins, éloigné de la langue de bois habituelle de la Commission. Il va de soi que le passage a été soigneusement effacé de l’enregistrement vidéo de la conférence de presse, disponible sur le site internet de la Commission européenne.

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Quand Laurette Onkelinx cible le "spin doctor" de Charles Michel…

Au Parlement fédéral, on s’embête rarement, c’est bien connu. La séance plénière de jeudi a encore été l’occasion d’un échange de piques entre libéraux et socialistes, un échange pas piqué des vers… Tout commence alors que le Premier ministre Charles Michel a été pris sous le feu roulant des questions sur la situation de la Grèce et la position belge par rapport au gouvernement Tsipras. Socialistes, Ecolos, PTB et Cie montent au créneau pour défendre le gouvernement grec d’extrême-gauche et critiquer la position belge. Michel choisit alors une pirouette pour s’en sortir, il cite le député d’opposition Ecolo Jean-Marc Nollet en ciblant le Parti socialiste: "Comme l’a dit un député d’opposition il y a quelques jours, le PS quand il est au gouvernement, il se comporte comme le MR, quand il est en campagne électorale, il se comporte comme Ecolo et quand il est dans l’opposition, il se comporte comme le PTB, la preuve en a été faite cette après-midi" avec les questions des socialistes. Hilarité générale dans l’Assemblée où la pique de ce duo comique de circonstance Michel/Nollet fait des ravages. On voit ainsi la présidente de Groen Meyrem Almaci se plier en deux de rire aux côtés du VLD Patrick Dewael. Les seuls que la saillie politico-comique ne fait pas rire sont évidemment… les socialistes. Laurette Onkelinx prend la mouche et crie à l’intention du porte-parole de Charles Michel qui assiste aux débats depuis les tribunes: "Bravo Monsieur Cauderlier, bien joué! Bravo!". Car chacun (re)connaît la patte du "spin doctor" Cauderlier. "Les attaques de ce genre, on a l’habitude, c’est une tradition entre gens du Brabant wallon", sourit un libéral qui sait que Frédéric Cauderlier habite dans le Brabant wallon. Laurette-la-Schaerbeeko-Lasnoise appréciera…

Un nom impossible, malgré 44 ans de maison

Engie (ex-GDF Suez) a annoncé jeudi en fin de journée que le Belge Dirk Beeuwsaert, membre du comité de direction du groupe, avait quitté ses fonctions la veille, tout comme Jean-Marie Dauger, et qu’ils étaient remplacés par Pierre Chareyre et Didier Holleaux. Sauf que le communiqué parlait de "Dirk Beeuswaert"… Malgré 44 ans de maison et des fonctions au sommet du groupe, le nom de ce natif de Roulers sera donc resté impossible pour les Français, à l’oral comme à l’écrit. Il faut noter toutefois que dans la version anglaise du communiqué, le nom était correctement orthographié.

La loi des trois L

Depuis qu’il a fait l’acquisition du Standard de Liège, Bruno Venanzi est pris dans un tourbillon médiatique. Il est sollicité de toutes parts et l’opération lui ouvre plusieurs portes. Des responsables politiques lui ouvrent plus facilement leurs carnets de rendez-vous. Eh oui, le Standard de Liège est un symbole, être président et propriétaire d’un club de foot de première division vous apporte une certaine reconnaissance. Le cofondateur de Lampiris garde la tête sur les épaules et reste modeste. Il est d’ailleurs surpris par ce foisonnement de sollicitations et de l’intérêt médiatique dont il est l’objet. "Le rachat du Standard de Liège a été plus facile que la création de Lampiris. Cette dernière ne m’avait pas valu autant d’intérêt médiatique. Comme quoi…", commente-t-il dans un sourire. Devant la situation, il évoque un conseil que lui a donné un de ses bons amis. "Il m’a parlé de la loi des trois L: lécher, lâcher et lyncher. Il m’a dit que l’idéal est que la période de lèche soit la plus longue possible et les deux autres, les plus courtes possibles", a-t-il raconté lors d’une récente conférence au Cercle du Lac à Louvain-la-Neuve. En effet, un événement positif comme le rachat d’un club de foot vous met dans une situation où vous êtes l’objet de sollicitations (période de lèche), mais si les résultats ne suivent pas et que des problèmes surgissent, vous serez lâché par tous ceux qui vous ont adulé. Et si la spirale négative se poursuit, ils n’hésiteront pas à vous lyncher. "Je sais que pour l’instant, je suis dans la période de lèche.. ", sourit-il, philosophe. Espérons pour lui que cette période durera longtemps…

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"Je sais que pour l’instant, je suis dans la période de lèche."

Bruno Venanzi
Président du Standard

Des brasseurs qui ont le sens de la famille

Une des grandes familles belges actionnaires d’AB InBev vient de créer une fondation privée dédiée à la préservation du patrimoine historique et culturel familial: tableaux, argenterie, portraits, archives, chartes… Il s’agit de la famille du Comte Arnoud de Pret Roose de Calesberg. Dans l’organigramme des actionnaires du premier brasseur mondial, elle est représentée par la lettre "S" (pour "Sébastien") dans le holding EPS, qui réunit toutes leurs participations. Actuellement, cinq membres de la famille ont créé la Fondation Pret Roose, dont la présidence a été fort logiquement attribuée au "patriarche", le Comte Arnoud. L’objet social de la nouvelle structure comprend diverses choses, dont l’entretien de la chapelle familiale "Den Horst" à Schoten, mais aussi l’aide à tout membre ou descendant de la famille qui se trouverait en situation précaire. Il s’agira entre autres de (co) financer ses études. Une sorte d’assurance tous risques intrafamiliale, en somme. Comme quoi, on a le sens de la famille chez les de Pret. De quoi voir longtemps la vie en Roose…

Mauvais timing chinois?

Le gestionnaire d’infrastructure ferroviaire Infrabel a annoncé le 19 juin sa décision de renoncer à son projet de déploiement de la 4G en Belgique en collaboration avec le groupe chinois Datang. Cette issue négative était dans l’air depuis longtemps, mais le timing choisi pour l’officialiser était des plus maladroits, soit le week-end où le roi Philippe s’envolait pour sa première mission royale (avec un grand volet économique) en Chine. Plusieurs observateurs ont été interpellés par une communication venant téléscoper un événement de grande importance et qui risquait d’être un grain de sable dans les rencontres avec des acteurs économiques en Chine. Surtout que Datang est un acteur important dans l’empire du Milieu. De plus, le partenariat entre Infrabel (via sa filiale informatique Syntigo, héritée de la SNCB-Holding) et Datang avait fait l’objet de la signature d’une déclaration d’intention fin mars 2014 en présence notamment du président chinois, Xi Jinping, lors de sa visite d’État en Belgique. C’est ce bel édifice qu’Infrabel aurait fait voler en éclats, selon divers observateurs. Le projet 4G avait été mis sur les rails par Syntigo, mais a abouti chez Infrabel suite à la réforme de 2013 du groupe SNCB et qui a abouti à la fusion-absorption de la SNCB-Holding (dont dépendait Syntigo). Le projet renforçait l’investissement de Datang qui, via sa filiale belge BUCD, avait déboursé 22,5 millions d’euros pour racheter une licence 4G fin 2011. Mais le groupe chinois laissait entrevoir des possibilités de gros investissements en Belgique sur le long terme. Des sources proches du dossier avaient à un moment évoqué un montant d’un demi-milliard d’euros d’investissements chinois en Belgique et des emplois à la clé. Mais les dirigeants d’Infrabel n’avaient jamais adhéré au projet négocié à l’époque par Syntigo. Ils auraient même manifesté leur volonté de mettre fin au partenariat avec Datang quand ils ont récupéré Syntigo. Ils ont finalement obtenu gain de cause.

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