Les transferts de Bruxelles vers la Wallonie vont s’intensifier

Les transferts de la Flandre vers la Wallonie vont s’atténuer tandis qu’ils vont s’intensifier à partir de Bruxelles vers le sud du pays. En cause, le vieillissement qui touche moins la capitale. C’est ce que montre une mise à jour de l’étude des professeurs Willem Sas (KU Leuven/University of Stirling) et Tom Truyts (KU Leuven/UCLouvain Saint-Louis Bruxelles).

Le rapport établit la somme par région des micro-transferts entre les personnes. L’exercice comprend les contributions individuelles à l’IPP ou la TVA par exemple, mais également les cotisations de sécurité sociale des employeurs et des employés, de même que les allocations de chômage, les allocations familiales et les pensions.

Celui qui paie plus que la moyenne est un contributeur, celui qui paie moins est un bénéficiaire. On ne peut donc pas poser que chaque habitant d’une région paie effectivement pour chaque habitant d’une autre région. Par contre, le total des contributions des habitants de Flandre et de Bruxelles dépasse le total de ce qu’ils reçoivent.

Les transferts interrégionaux se composent de trois piliers: les flux en provenance de la sécurité sociale, la redistribution opérée à partir de la sécurité sociale et les dotations. Les deux premiers piliers sont les plus importants. Depuis 2016, l’importance des dotations diminue d’année en année suite à la sixième réforme de l’État et la révision de la loi spéciale de financement. Les dotations sont des montants que les entités fédérées reçoivent pour gérer les compétences qui leur ont été transférées (marché du travail, allocations familiales, aide aux personnes âgées, etc.).

La Wallonie bénéficiaire

La Région flamande et la Région bruxelloise sont des contributeurs nets. Dans le cas de la Flandre, il s’agissait en 2023 de 8,5 milliards d’euros, soit 1.259 euros par habitant. Ce montant devrait encore augmenter légèrement jusque 8,8 milliards en 2028.

En ce qui concerne Bruxelles, on parle de 2,9 milliards d’euros, soit 2.100 euros par habitant. Cette somme va augmenter dans les années à venir pour atteindre 4,1 milliards en 2028, soit 3.316 euros par habitant.

La Wallonie par contre reste bénéficiaire nette des transferts, soit 11 milliards d’euros en 2023 ou 2.491 euros par habitant. En 2028, on passera à 12,8 milliards ou 3.450 euros par habitant.

Ces montants ne tiennent cependant pas compte de l’inflation ni de la croissance économique. "Pour pouvoir établir des comparaisons sur une plus longue période, il est plus pertinent d’exprimer les transferts en pourcentages du Produit intérieur brut", expliquent les auteurs de l’étude.

Ce qui donne des flux financiers en provenance de Flandre de 1,47% en 2023, qui ralentiront à 1,29% en 2028. Les flux financiers en provenance de Bruxelles augmenteront de 0,46% du PIB en 2023 à 0,60% en 2028. Côté wallon, les flux financiers rentrants se stabilisent autour de 1,85% du PIB.

Pensions et soins de santé pèsent plus lourd dans la balance

Le vieillissement de la population constitue la principale explication de la baisse des flux financiers venant de Flandre. "Les pensions et les soins de santé pèsent de plus en plus lourd côté flamand", expliquent Sas et Truyts.

La Flandre affiche un solde négatif de deux milliards d’euros pour les pensions en 2023 et de 590 millions d’euros pour les soins de santé. Même si, au total, la Flandre reste une contributrice nette à la sécurité sociale.

La situation est très différente à Bruxelles où la population est plus jeune. De plus, les recettes croissantes à l’impôt des sociétés contribuent à renforcer les flux financiers sortant de la capitale. Bruxelles héberge en effet bon nombre de sièges de sociétés.