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analyse

Accord de gouvernement wallon: "On va avoir des surprises"

Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot ont marié leurs partis, le MR et Les Engagés, pour piloter l'avenir de la Région wallonne et de la Communauté française. ©BELGA

Les déclarations de politique pour la prochaine législature, délivrées par le MR et Les Engagés, sont scannées par deux économistes. Ils en pointent les silences et les lacunes.

À entendre Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot, les présidents des deux partis qui vont gérer la Wallonie durant la législature qui s'ouvre, une nouvelle ère s'annonce, marquée par une profonde transformation.

Mais s'ils pointent des éléments positifs, les observateurs ont rapidement relevé quelques lacunes dans les Déclarations de politique régionale et communautaire du nouveau gouvernement wallon.

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"Lorsque l'on va gratter, on risque de se rendre compte qu'il manque, dans ce programme, une analyse serrée de la réalité."

Philippe Defeyt
Économiste (IDD)

"Je me demande si, au MR et chez Les Engagés, ils avaient toutes les données pour achever les négociations et faire ce programme", s'étonne l'économiste Philippe Defeyt, de l'Institut du développement durable (IDD). "J'ai l'impression qu'il leur manquait quelques statistiques, notamment pour les droits de succession ou pour les chômeurs de longue durée. Savent-ils que 39% de ceux-ci ont travaillé au moins une fois depuis qu'ils ont franchi la barre des deux ans de chômage? Lorsqu'on va gratter, on risque de se rendre compte qu'il manque, dans ce programme, une analyse serrée de la réalité. Il n'y a pas de réflexion en matière d'équité."

Parle-t-on budget?

"J'ai des inquiétudes par rapport à la trajectoire budgétaire", pose le philosophe et économiste Philippe Van Parijs (UCL). "On annonce des réductions d'impôts. Mais la façon dont on va réduire les dépenses risque d'affronter des résistances. Cela va toucher certaines catégories de population et d'emplois. On risque de se heurter à certains obstacles."

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"Va-t-on vers une augmentation de la facture (d'eau) pour tout le monde?"

Philippe Defeyt
Économiste (IDD)

Il est évident que ces deux déclarations sont pauvres en données budgétaires. "Peu de détails vont filtrer avant le 13 octobre" (jour des élections communales, NDLR), glisse Philippe Defeyt. Inutile de crisper certains électeurs... "Sans doute reste-t-il des choses peu claires entre les deux partenaires", dont certaines restent difficiles à régler.

Le défi climatique, grand oublié

Autre préoccupation: la faiblesse du dossier environnemental. Philippe Defeyt s'étonne: "Concernant le lien entre environnement, emploi et social, on n'en est nulle part! La question de l'eau est peu abordée. On va devoir passer de plus en plus par une épuration très importante pour rendre l'eau potable, ce processus coûte très cher. Va-t-on vers une augmentation de la facture pour tout le monde? Il n'y a rien sur la tarification progressive de l'énergie."

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"Je pense que c'est la dernière fois qu'on a un accord de majorité en Wallonie qui fait l'impasse sur le coût de l'inaction en matière climatique et environnementale", ajoute l'économiste de l'IDD.

Philippe Defeyt reste aussi sur sa faim concernant les logements sociaux. Il se demande si l'ambition de lier l'octroi d'un logement social à l'occupation d'un emploi est réalisable. "Il y a de bonnes mesures, comme le loyer chaud, relatif aux performances énergétiques du bâtiment, qui permettra de rendre des moyens aux sociétés de logement public. Mais ont-ils bien compris que ce qui manque, ce sont de plus petits logements?"

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L'héritage et la propriété

Les nouvelles mesures de réduction des droits d'enregistrement suscitent de nombreux commentaires.

"L'argent reçu sans rien faire va être moins taxé que l'argent gagné en fonction du travail que l'on preste."

Philippe Van Parijs
Économiste et philosophe

"Ce n'est pas favorable aux petits emprunteurs, aux jeunes", constate Philippe Defeyt. "Au contraire, ce sera de plus en plus intéressant au fur et à mesure qu'on monte dans l'échelle des revenus. Il aurait fallu plafonner cette mesure. Il risque aussi d'y avoir un problème de transition budgétaire: la réduction des droits d'enregistrement, qui va se faire sentir pleinement dès 2025, s'accompagne de la suppression du chèque habitat, qui se fera progressivement."

La baisse des droits de succession inquiète, elle, Philippe Van Parijs, qui considère que "c'est une aberration en matière de justice sociale. L'argent reçu sans rien faire va être moins taxé que l'argent gagné en fonction du travail que l'on preste. Cela permettra à des gens déjà riches de s'enrichir encore plus". L'économiste de l'UCL pointe encore que "la concurrence fiscale entre les Régions est injustifiable".

"Je ne suis pas déçu, rien ne me choque", conclut l'économiste de l'IDD. "Mais il va falloir regarder les données de plus près. On va avoir des surprises!"

Le résumé
  • Deux économistes, Philippe Defeyt et Philippe Van Parijs, commentent les Déclarations de politique régionale et communautaire du MR et des Engagés.
  • Ils pointent des lacunes en matière de défi climatique, de justice sociale et d'équité.
  • Ils s'inquiètent du manque de réflexion à propos de l'impact réel de certaines mesures.
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